On doit plutôt considérer (sous réserve d'inventaire) que tout un temps, jusque dans les écrits d'immédiat après-guerre, a fortiori dans ces textes à teneur surtout « éducative » de l'époque, le terme et la notion de désir n'apparaissent pas. Ce n'est donc pas une référence alors présente dans le discours de F. Dolto; et puis tout à coup, si l'on suit la chronologie de ses écrits, on va trouver référence explicite à ce terme qui en vient même à occuper une place centrale et faire figure de concept majeur - une évolution qui n'est évidemment pas que terminologique et à laquelle il faut donner tout son relief. Car en venir à parler « désir », et non plus seulement « libido » par exemple, ce n'est certes pas un mince remaniement.
On peut dire que c'est même ce qui oriente toute la perspective doltoïenne à cet égard, et c'est d'ailleurs ce qui permet de comprendre que l'intervention adulte puisse être jugée plutôt négativement, si elle va comme il est si fréquent, à rebours, à l'encontre de ce qu'il conviendrait d'apporter comme réponse à l'enfant, de sorte que cette réponse adulte est souvent ce qui va venir fausser, déformer, altérer ce vers quoi était censée déboucher la vitalité expressive et signifiante de l'enfant, dans sa spontanéité véridique.
Si la psychanalyse est en jeu, c'est précisément dans la mesure où l'on ne saurait contourner l'être dont il s'agit dans son exercice, ni éviter de considérer en l'occurrence la psychanalyste qu'elle fut, dans et par son désir personnel à elle. Ce qui nous amène d'ailleurs à une difficulté supplémentaire, ultime.
Il est au moins possible de trouver un commencement, un point de départ à ce que nous entendons retracer ici de son itinéraire conceptuel. Il est en effet possible (et requis) d'en situer le temps premier au niveau de la thèse que F. Dolto soutient, on l'a dit – et elle-même a décrit en quelles circonstances « bousculées » – en juillet 1939. Ce travail de thèse – thèse de médecine – constitue bien le tout premier jalon d'élaboration (écrite) de pensée qu'ait produit F. Dolto (alors encore Marette !).
L'enfant est spontanément pris pour F. Dolto, dans ce mouvement identificatoire où s'ajuste la dynamique de son désir et qui le meut vers le grandissement où se joue pour de bon l'assomption salutaire de son devenir humain.