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EAN : 9782070141371
320 pages
Gallimard (15/05/2013)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Accorder est en quelque sorte la suite de Relier, le précédent recueil de l?auteur, paru en 2007. Comme ce dernier, il reprend des textes publiés à tirage limité dans des livres d?artistes, la plupart confidentiels, souvent devenus introuvables.
Ce n?est pas ici le Guillevic de Terraqué ni de Carnac, c?est un Guillevic en chantier, au jour le jour, répondant aux amis et aux revues qui le sollicitent. C?est plus de soixante ans du quotidien d?un poète attentif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1396– Octobre 2019.
Accorder - Guillevic - Gallimard.
Ce recueil, publié en 2013, c'est à dire 16 ans après le mort du poète, est la suite de "Relier" paru en 2007. Il a été établi par sa veuve, Lucie Albertini-Guillevic qui présente ces textes écrits entre 1933 et 1996 et qui sont ici publiés mais évoque surtout de leur auteur, explique sa sensibilité et sa démarche d'écriture,rappelle que pour lui, la poésie était une "aventure colossale" à laquelle il avait consacré sa vie et donc assurément pas "une chose rassurante mais au contraire une sorte d'obligation à ce point contraignante à laquelle il ne pouvait ni ne voulait se dérober. L'écriture pour lui n'a donc pas été un simple passe-temps, comme ce qu'elle a pu être le cas pour d'autres écrivains, mais quelque chose de vital pour lui. En outre il s'est toujours situé dans l'instant présent, c'est à dire ce qu'il voit et ce qu'il entend, et n'a pas célébré le passé, pourtant inéluctable qui est souvent le moteur de la créativité. le présent dépend certes du passé mais le temps actuel, celui qui est le sien, implique aussi le futur et nous mène inexorablement à la mort face à laquelle l'art ne peut rien. Il est quand même permis de penser que si l'homme est effectivement mortel, la trace qu'il peut éventuellement laisser à travers l'art est susceptible de lui survivre. Ce recueil peut en être la preuve.
Il a lui-même nommé "l'expérience Guillevic" ce qui a été un long combat contre lui-même, inscrit dans le présent, avec le constant désir de communiquer avec les autres et ce tout au long de ces soixante-six années de création. Pour cela sa seule arme était les mots, mais des mots secrets, ce qui ne correspondaient pas à son "état social" de fonctionnaire, parce que ce qu'il portait en lui l'obligeait à écrire, que c'était vital pour lui et qu'il n'était vraiment lui-même que devant la page blanche solitaire. Cela tenait plus de l'obligation que du désir et il est possible de penser que l'écriture pour lui était une sorte de thérapie qui lui permettait de supporter le quotidien. Cette sécurité d'emploi était certes pour lui une garantie de sérénité et de détachement au service de sa liberté d'écrire mais, dans le même temps, son état de poète supposait qu'ils se mît à la disposition de cette force étrange que le contraignait à tracer des mots sur la feuille vierge, à la fois aimant et défi. S'y dérober eût été pour lui une perte définitive de créativité parce que ce qui naît sous la plume dans ces moments d'exception ne revient pas si on néglige de le transcrire, même si pour cela il faut bousculer un peu sa vie, ses habitudes, son confort passager. Cela tient de l'intime et suppose évidemment un certain secret face à une vie sociale incontournable, un "périscope" comme il le disait lui-même qui lui permettait de faire semblant de sortir de ses "labyrinthes" créatifs, d'être un fonctionnaire et un citoyen comme les autres alors que, lorsqu'il était au centre de son jardin secret, il était tout autre. Ces "labyrinthes" étaient, comme il le dit lui-même, le domaine de ces eaux souterraines, de cette mer intérieure dans lesquelles il nageait et qui lui conféraient un rapport passionnel aux choses. le concept du secret s'appliquait non seulement à l'image qu'il donnait de lui, puisque je ne suis pas sûr que la caractéristique de poète ait été véritablement prisée dans le contexte administratif dans lequel il exerçait son activité professionnelle, mais aussi aux poèmes qu'il écrivait. Il devait se protéger lui-même, non seulement en gardant le secret sur sa qualité de poète, pour mieux continuer à vivre "cette épopée" personnelle de créateur, mais ce secret s'exerçait également contre lui dans la mesure où, sous l'emprise de l'inspiration, celui qui tient la plume et se laisse porter par cet élan ne sait pas forcément où il va. En outre, ce concept du secret s'appliquait aussi sans doute à ses poèmes, cette partie de la littérature, pour être un intéressant reflet de son auteur et du monde, n'a que très rarement passionné le grand public en dehors de son illustration dans la chanson et ce d'autant plus que Guillevic a écrit ses textes au plus fort du mouvement surréaliste avec lequel il n'avait rien de commun.
Ce recueil est dans le droit fil d'autres publication parues depuis la mort du poète et qui lui ont rendu hommage. Elles ont parfois associé gravures et peintures aux poèmes dont certains étaient inédits. Les précisions de Lucie Albertini Guillevic me paraissent importantes et éclairent la démarche du poète et de son écriture. ©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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A l'écoute des choses et des êtres.


Chez Guillevic, le monde et la vie intérieure sont indissociables ; chacun est à la fois le reflet de l'autre et un vecteur pour le penser. Les deux univers se conjuguent et fusionnent parfois dans des moments d'apaisement mais le plus souvent ils s'animent pour manifester agitation et bouleversement. Amitié et enfance occupent une place importante dans les textes réunis ici.

Lucie Albertinini-Guillevic, compagne du poète, a choisi, pour établir ce recueil posthume, des textes publiés à tirages limités souvent devenus introuvables. Chaque poème est suivi de la date à laquelle il a été écrit car le classement n'en est pas chronologique.

« Accorder » parcoure soixante années d'écriture, depuis les débuts jusqu'à la maturité, révélant une poésie mue par un amour du langage qui se révèle tout particulièrement dans « Lexiquer » et qui s'exprime dans une langue à la fois simple et dense.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
J'ai vu le menuisier
Tirer parti du bois .

J'ai vu le menuisier
Comparer plusieurs planches .

J'ai vu le menuisier
Caresser la plus belle .

J'ai vu le menuisier
Approcher le rabot .

J'ai vu le menuisier
Donner la juste forme .

Tu chantais menuisier ,
En assemblant l'armoire .

je garde ton image
Avec l'odeur du bois .

Moi j'assemble des mots
Et c'est un peu pareil .
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À la base, Le minéral



À la base,
Le minéral.

Toutes ces lignes, ces courbes,
Ces circonvolutions

Qui sur la terre prennent du corps,
Deviennent des formes,

Traquées par les tensions
Qui traversent l’espace
Et le régissent, tensions

Entre le soleil proche
Et les milliards
D’astres à la recherche
De quelque chose à faire
De mieux.

La douceur, la tiédeur
La rondeur du sein
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RONSARD ET LES ROSES


Que serait Ronsard
Sans les roses ?

Mais que seraient les roses
Sans Ronsard ?

Seraient-elles
Ce qu'elles sont
Maintenant pour nous ?

Probablement
Elles provoqueraient moins.

S'il n'y avait pas eu Ronsard,
Autres seraient nos douleurs,

Nous dirions moins bien
La joie.

o2 février 1986
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Que tant de choses
L'habitent,

Il n'en revient pas.

Il se croyait
Beaucoup plus simple.
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Ceux que tu crois
Tes ennemis,

Ceux que tu n'entends pas,
Que tu refoules

Sont peut-être ce qui te manque.
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Videos de Eugène Guillevic (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugène Guillevic
VICTOR POUCHET - LA GRANDE AVENTURE - 18 questions sur la vie et la poésie
« le fil c'est peut-être une histoire très simple : tragi-comédie en cinq actes et deux personnages. L'un régulièrement menace de partir. L'autre se contente d'écrire des poèmes, dans l'espoir absurde de l'en empêcher. » Dans le roman-poème La Grande aventure, Victor Pouchet déroule une histoire à la fois bouleversante et légère en vers : une rencontre, des micro-aventures qui prennent des proportions de l'univers, des angoisses cosmiques, chansons tristes et verres de vin. Cette conférence-performance est l'occasion de traverser le livre et l'aventure de son écriture à travers une série de questionnements poétiques (ou presque) qui concerneront entre autres choses l'hypnose, Georges Perros, les récits épiques, Eugène Guillevic, les imprimantes laser avec option wifi, le doute et les chips au vinaigre.
À lire – Victor Pouchet, La grande aventure, Grasset, 2021.
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