Trois parties, trois femmes : Marcelle, Carmen, Jeanne.
Trois hantises : le désir d'enfant, la puberté, l'avortement et l'amour.
1939 : évacuation d'oeuvres du
Louvre avant l'invasion de la France par l'armée allemande.
1941/42 : occupation du
Louvre.
Un homme aimé : Jacques Jaujard, conservateur du
Louvre, organisateur du transfert des oeuvres.
Successivement époux de Marcelle, parrain de Carmen, amant puis époux de Jeanne.
Les peintures : tour à tour aimées, idéalisées, parlantes, confidentes.
Une mise en abyme.
L'une y contemple maternité, seins et ovulations imaginées.
L'autre y rêve son corps nubile et sa transformation en un corps de femme plein et sensuel.
La dernière plongée dans l'horreur de la guerre et l'engagement y guette leur avenir et son…amour
Plusieurs toiles racontent leur histoire et celle de l'artiste qui la fit naître.
L'auteur trouve les mots pour que montent les palpitations lorsque le transfert a lieu vers Chambord puis selon la menace.
Elles sont les principales héroïnes du livre, celles qui émeuvent lorsqu'elles n'existent plus sous le regard d'un public.
Chaque femme crie dans son journal le plus intime d'elle-même, crûment, sans tabou.
Leur chair se raconte, embellie, rêvée, enlaidie, saccagée… presque comme certaines oeuvres.
Le lecteur pénètre dans cette intimité la plus cachée de femmes qui osent dire.
Les propos heurtent, c'est le parti pris par l'auteur, ne rien cacher de ce qui palpite, vénéneux et pathologique parfois, émouvant ailleurs, pulsion de mort et de vie dans les toutes dernières pages : destin assumé, vie qui s'élève au-dessus de tout.
Un homme passe, aimé, aimant, droit dans son action, sauvant les oeuvres immortelles.
Les femmes, simples mortelles entrent dans une postérité grâce à la fiction concoctée par
Josselin Guillois.
Car fiction et délire il y a.
Car réalité et histoire (et non la moindre) il y a.
Un peu de curiosité et le lecteur tentera de faire la part des choses.
Premier roman percutant qui remue et séduit dans sa particularité.