AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de christinebeausson


Partir d'une belle idée "L'éducation mutuelle"
(L'École mutuelle, nom générique donné à la méthode d'enseignement qui se développa en France dès 1747. Ce modèle se diffusa au début du XIX ième en Europe : en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne. C'est une pédagogie active et coopérative qui fonctionne assez bien et permet d'apprendre à lire et à écrire en deux ans.)
Reprenons .... Partir d'une belle idée "L'éducation mutuelle",
Pour en arriver à une éducation de la violence.
Nous sommes bien loin dans ce livre de l'idée que l'on peut se faire d'une pédagogie utile au développement harmonieux d'un enfant.
Dans l'école de Guillou, les maîtres sont bien des intervenants dans leur matière, la discipline est cogérée par les élèves eux mêmes, c'est bien là que le bat blesse.
Nous rencontrons une discipline nazie, avec un respect exacerbé pour les plus grands .... le bizutage dans toute son horreur...
La violence, la merde, la terreur psychologique sont absolument vraies. En effet, l'école de Guillou a été mentionnée dans les journaux. Elle a été fermée et condamnée.
Dans ce récit, on affronte 400 pages avec comme thèmes principaux, la violence et des réflexions sur la capacité d'un individu à résister à la douleur, à rechercher le meilleur moyen de punir, d'avilir l'autre. Éprouvant !
La quatrième de couverture nous invite à découvrir "la dénonciation d'un système éducatif fondé sur la loi du plus fort" à réfléchir sur "l'inculcation de l'ordre moral et la destruction de toute révolte que portent en eux les programmes d'éducation de nos démocraties".
Il ne faut certainement pas aller aussi loin. Il est sûr que de telles écoles ont existé mais elles ne sont pas généralisées dans tous nos pays démocratiques, on peut simplement parler de dramatiques exemples.
Quelques épisodes marquants :
"....Ah ces escaliers, ces escaliers....."
L'image des lendemains de bagarres non avouées ....
"Mais ce sera la dernière fois, Hein ? Ensuite, plus jamais. Après cette fois, c'est terminé ; ensuite, plus jamais."...
Cela restera un rêve, un espoir parce qu'il faut toujours qu'il y ait une autre fois, il faut toujours recommencer ses éternelles punitions, ces éternelles menaces !
Alors soyons vigilants pour que l'histoire ne se réécrive pas.

Pour les curieux, qui souhaitent en savoir un peu plus sur la biographie de Jan Guillou, je retranscris une interview de Léna Lutaud parue dans libération en 1995 :
"Quand il évoque sa vie, digne d'un vrai roman, son calme suédois s'évanouit pour laisser la place à des bouffées d'enthousiasme: «Mon grand-père, ex-mousse breton était chef des bureaux de la France libre à Stockholm en 1941. A la fin de la guerre, de Gaulle l'éleva au rang d'ambassadeur. Entre-temps, son fils Charles avait fait un enfant à une Suédoise aussi belle que riche. L'avortement n'existait pas.» Enfant, Jan grandit dans l'hôtel particulier familial à Stockholm, entouré de domestiques et d'un chauffeur ganté de blanc pour aller à l'école. Jan a 6 ans lorsque ses parents divorcent. La mère se remarie avec un «ouvrier sadique» qui fouette régulièrement le petit Jan, un homme qu'il utilisera plus tard comme modèle dans son roman, la Fabrique de violence. Envoyé en pension, Jan perd de vue son père et son grand-père.
Ce n'est que par hasard, lors d'un reportage, en Finlande, en 1978 que Jan Guillou retrouvera son père. Au détour d'une conversation, il apprend qu'un autre journaliste «qui a un nom genre kill you ou gorillou est le correspondant du journal français L'Equipe». le lendemain, c'est son père que Guillou, alors âgé de 33 ans retrouve dans le hall d'un hôtel. «C'est bizarre, je ne l'avais pas vu depuis vingt-sept ans, mais je l'ai reconnu de dos.»
A cette époque, Jan Guillou est déjà un journaliste renommé. Son premier article, écrit à 22 ans, dénonçait la violence de l'internat suédois très chic où, adolescent, il avait été placé de force. Un an plus tard, l'école est fermée. Dans la foulée, Guillou révèle le racisme suédois envers les Lapons: «A l'époque, l'Etat suédois les refusait dans les maisons de retraite sous prétexte que les vieux Lapons supportent bien le froid.»
La gloire viendra en 1973. Guillou dénonce ce qui constitue en Suède, le plus grand scandale d'espionnage des temps modernes. «Dans le secret le plus absolu, l'IB, l'équivalent de la DGSE en France, menait sa propre politique extérieure. Au moment où le Premier ministre Olof Palme rencontrait les dirigeants de l'OLP et prenait la tête d'une manifestation contre la guerre du Viêt-nam, l'IB travaillait avec la CIA et le Mossad sans contrôle aucun des autorités suédoises.»
A la suite de cet article, la vie du reporter bascule. le 22 octobre 1973, il est condamné pour «espionnage et haute trahison», à six mois d'emprisonnement. Et puis, un beau jour, entre dans la cellule, un diplomate français: «Monsieur, la France vient parler à son citoyen prisonnier sur un territoire étranger». Guillou se souvient en riant: «J'avais oublié mon passeport français. le diplomate a sorti un questionnaire qui devait bien dater du XVIIIe siècle qui demandait, entre autres si j'étais questionné, ce qui pour l'époque signifiait bien évidemment torture et non pas interrogatoire, nuance que le traducteur n'avait pas saisie. J'ai répondu oui: tous les jours de une à quatre heures. le Français faisait une drôle de tête». Après cet épisode, Guillou est libéré et obtient la nationalité suédoise.
«J'ai alors décidé d'écrire pour raconter la vérité sur la Suède.» En 1986, il publie son premier roman d'espionnage: suite à un meurtre, la police enquête chez les partisans kurdes du PKK, installés en Suède. Quelques semaines plus tard, le Premier ministre Olof Palme est assassiné et l'enquête se dirige immédiatement vers le PKK. Guillou ne pouvait rêver mieux! Son livre obtient un succès foudroyant.
C'est un rite autant attendu que la nuit de la Saint-Jean. Chaque été, depuis dix ans, les Suédois dévalisent les libraires pour s'acheter le nouveau tome des aventures de leur espion préféré: le comte Carl Hamilton, un «007» version Grand Nord. Coincés entre les pays membres de l'Otan et l'ex-URSS, les Suédois, neutres et n'ayant pas connu de guerre depuis presque deux cents ans sont, à en juger les rayons des librairies de Stockholm, des passionnés de romans d'espionnage. Jan Guillou est «le père» de Carl Hamilton. "
Commenter  J’apprécie          00







{* *}