Connaissez-vous l'aviatrice Adrienne Bolland ? Elle est la première femme aviatrice à avoir passé la Cordillère des Andes en 1921. LuMM a rédigé un commentaire enthousiaste à la suite de la dernière masse critique jeunesse et c'est ainsi que j'ai fait la connaissance de cette jeune femme pilote.
J'ai donc immédiatement commandé ce livre pour mes petites filles de 13 ans et 11 ans. Je suis une grand-mère prudente. Je lis toujours les livres qui me sont inconnus avant de leur offrir.
Et quelle bonne surprise ! Je me suis retrouvée avec quarante ans de moins. Piloter un avion est un rêve que je n'ai pu réaliser mais le ciel m'a toujours attirée. Je me suis contentée du parapente.
L'auteure possède un style très fluide, très prenant, particulièrement vivant. Elle dresse le portrait de cette jeune femme au caractère affirmé et très moderne pour cette époque. Nous sommes en 1919, après la Grande Guerre. Pendant cette dernière, tous les hommes sont partis au front. Les femmes prennent leur existence en mains ; ce qui leur permet de prendre confiance en elles, de prendre conscience de leur valeur. Et cette jeunesse féminine d'après guerre n'envisage plus le retour sous la coupe d'un mari. Adrienne fait partie de cette génération. Elle est prête à tout pour voler mais encore faut-il en avoir les moyens financiers. Et pourtant, l'Univers l'a entendue.
Sophie Guillou dépeint très bien le contexte dans lequel, Adrienne va devoir faire ses preuves. La société l'attend au tournant. A vouloir s'émanciper, se confronter aux hommes, cela va lui valoir beaucoup de sourires ironiques, de sarcasmes et de blagues à deux sous. Il lui en faut plus pour la décourager. C'est une battante et elle n'a pas peur de donner des coups pour se faire respecter.
On suit Adrienne de sa formation jusqu'à son exploit. Bien sur, il y a quelques mots techniques avec un renvoi en bas de page mais à la portée de tous. La narration de la traversée est passionnante, c'est un excellent moment de lecture où l'imagination s'envole. Je me suis retrouvée embarquée avec Adrienne.
Il faut s'imaginer ce petit bout de femme piloter, en 1921, un Caudron G3. Que ce soit elle où tous les pilotes de cette époque, ils étaient complètement inconscients, mais quelle sensation, quelle adrénaline, quelle épopée ! Je conseillerai aux parents de montrer à leur jeune lectrice ou lecteur ce qu'était un avion G3, un monomoteur biplan.
C'est encore un beau portrait de femme. Elle fut plus tard, résistante avec son époux, bien sur féministe et elle s'est battue pour le droit de vote. Rien que pour tout cela, elle mérite de sortir de l'oubli. Merci Adrienne !