Le deuxième tome de la trilogie d'Arn évoque les vingt années de pénitence imposées par l'Église à Arn et à sa bien-aimée, Cecilia.
Arn les passe en Palestine, parmi les Templiers, chez lesquels ses capacités lui permettent d'avoir des responsabilités, de fréquenter les grands-maîtres et les puissants de ce monde. D'être en quelque sorte aux premières loges pour suivre l'actualité, ce qui nous permet de suivre les événements politiques et vivre les guerres et batailles en première ligne. Même si peu de dates sont données, nous sautons pas mal d'années et l'auteur condense pas mal d'événements qui se sont passé sur plus de temps que ne semble le laisser à penser le roman. Les deux faits les plus saillants, les batailles de Montgisard et celle de Hattîn, distantes de 10 ans paraissent beaucoup plus proches l'une de l'autre qu'elles ne le sont en réalité. Peu importe,
Jan Guillou veut nous montrer la fin de la domination franque sur Jérusalem, et vu la complexité, emprunte quelques raccourcis. La fin des vingt ans de la pénitence d'Arn prend symboliquement fin le jour de la bataille de Hattîn, et deux pages se tournent en même temps.
Pendant ce temps, Cecilia, cloîtrée sous la férule d'une abbesse cruelle et perverse, subira bien des avanies, mais connaître l'amitié de certaines des autres pensionnaires du couvent, dont celle d'une autre Cecilia, qui deviendra reine, et va aussi acquérir de nombreuses compétences pratiques, et deviendra une gestionnaires avisée et compétente. Cette partie est un peu plus courte, même si le nombre des chapitres est presque le même : la longueur de ceux consacrés à Cecilia est moins importante. Cela nous permet, en plus de suivre ce personnage, de connaître la situation politique dans ce que deviendra la Suède. Cecilia Rosa devenue reine revient voir son amie, et une fois les vingt années de punition achevées, notre héroïne peut sortir. Ces chapitres font un contrepoint à la guerre en Palestine, et d'une certaine façon permettent d'entretenir le suspens.
C'est vraiment très bien fait et d'une terrible efficacité sur le plan narratif, même si on ne se fait jamais vraiment trop de soucis pour nos deux héros, même dans les situations les plus difficiles. C'est sans doute un peu simplifié voire caricatural sur le plan historique, même si je suis loin d'être une spécialiste. La question de la vraisemblance se pose aussi évidemment : Arn a beau participer à tous les combats périlleux au premier rang, il s'en sort toujours quasiment sans dommages. Sans oublier sa grande amitié avec Saladin, et la façon dont Cecilia, pauvre fille cloîtrée arrive à savoir tout sur la situation politique de son pays. Les personnages positifs sont de toutes les façons complètement idéalisés, alors que les négatifs le sont vraiment à 100 %.
Mais cela n'empêche pas le livre d'être une lecture très plaisante, les pages semblent se tourner toutes seules, tellement le récit est bien fait.
Jan Guillou est avant tout un conteur, un faiseur d'histoires, et sur ce plan, il est vraiment excellent. Un très bon dérivatif pour temps troublés.