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Critique de Education_Litteraire


« There is no society »... No society : La société, ça n'existe pas. Plus de 30 ans se sont écoulés, et l'écho du géographe Christophe Guilluy à la déclaration de la Dame de fer, Margaret Thatcher, semble porter le constat que le message a déjà été entendu de tous, ou peu s'en faut. Trente ans plus tard, le tableau que peignait la libérale et conservatrice anglaise est accroché au mur, comme un chef d'oeuvre que tout le monde peut à présent contempler, avec plus ou moins d'admiration ou de dégoût.

Au premier plan, on y voit la sécession du monde d'en haut et de celui d'en bas ; du premier de cordée et de ceux sur la corde raide ; des élites mondialisées et des « gens de quelque part » ; autrement dit, des winners et des « déplorables », pour reprendre l'expression d'Hilary Clinton. La scène ne manque pas de tragique, car on y voit périr un bel idéal, le bien commun, consumé par l'abandon après avoir été vermoulu par l'individualisme. Les revendications catégorielles forment aujourd'hui la mosaïque des contestations généralisées d'autrefois.

La classe supérieure, concentrée au coeur des métropoles a, semble-t-il, verrouillé un système où la novlangue du politiquement correct et l'influence médiatique ont entre autre relégué l'opinion d'une majorité qui se laisse pourtant de moins en moins prendre à ce jeu. Les injonctions de l'idéologie dominante restent désormais sans réponse. le marronnage des classes populaires est croissant. En attaquant les derniers protégés, retraités et fonctionnaires, les réformes les plus récentes s'attaquent à la branche sur laquelle Emmanuel Macron s'était assis pour se faire élire, et que Trump – car cette branche est là-bas sciée depuis longtemps – a cueillie sur le chemin de la Maison Blanche. le mépris de la bourgeoisie, que dénonçait déjà le sociologue Christopher Lasch il y a bien longtemps, procède au dernier élagage ; le tronc de l'arbre est nu, la partition annoncée par François Hollande peut se finaliser.

Car en arrière plan, l'enjeu n'est pas plus économique que sociétal ; le sujet n'est pas moins la dette globale que l'insécurité culturelle ; pas moins les dépenses publiques que l'accueil des immigrés ; pas moins les services publics que l'intégration de masses qui partout, à intensité variable, provoque par l'impossibilité de la tâche un durcissement de la politique d'accueil et une fermeture de frontière, comme en Suède. Même l'Algérie, face à l'immigration subsaharienne, prend ses propres mesures.

En Occident, on taxe, le plus souvent de racisme, cette fermeture d'esprit. Georges Marchais n'oserait plus demander l'arrêt de l'immigration.

Aujourd'hui, la classe dominante ouvre unanimement les bras au monde entier. le problème, c'est qu'elle ne les referme jamais. Paris, leur capitale, ne propose que 2 % des places d'hébergement pour demandeurs d'asile. C'est la périphérie, les départements, qui en toute responsabilité, tentent d'assumer le vivre ensemble largement prôné. Mais voilà, cantonner des étrangers dans des territoires où ne se créent pas les emplois, les faire évoluer aux côtés des pseudos « sans dents », ce n'est pas fournir un modèle qui permet autre chose que la communautarisation et ses travers.

Trente ans se sont écoulés. le tableau de Thatcher devient ringard, suranné. Certes, il n'est pas forcément prêt à être décroché, rangé aux oubliettes. Mais un vent nouveau tend à le faire vaciller, rien qu'un peu. Un vent désigné populiste qui souffle et déplace les ordres établis partout dans le monde. États-Unis, Brésil, Italie, Royaume-Uni, Autriche, … les exemples s'accumulent. Un mouvement de réel balaie les dénis. Christophe Guilluy poursuit son diagnostic et son analyse de la France périphérique. À mesure des années, le temps lui donne raison, mais n'éclaire pas sur les suites à donner. La société devra décider par elle-même.
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