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Marcelle Auclair (Traducteur)
EAN : 9782264020581
235 pages
10-18 (16/03/1998)
3.59/5   17 notes
Résumé :

En dépit d'une mort prématurée, Ricardo Güiraldes (1886-1927) s'est imposé comme l'une des figures majeures des lettres hispano-américaines, ainsi que le pressentait son ami Valery Larbaud, introducteur de ses textes en France. Écrivain, poète et créateur de la revue Proa avec Borges, il est surtout connu pour être l'auteur de Don Segundo Sombra. Ce troisième et ultime roman, chaudement accueilli lo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce roman qui a été un succès immédiat à sa parution s'impose comme l'emblème littéraire de toute une génération d'intellectuels latino-américains. Ce livre emprunte sa langue et ses métaphores audacieuses à l'ultraïsme et clôt en même temps la tradition gauchesca : l'auteur, constamment en équilibre entre la campagne argentine comme espace authentique et originel, national et spirituel et la sophistication, l'esprit urbain et cosmopolite de l'Europe, réalise un oeuvre qui illustre la tension permanente entre ces deux pôles.
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un excellent moment avec ce jeune gaucho relégué par ses parents mais dont le caractère entier lui permet de créer une vie qui lui plaît et une récompense suivra sans doute ...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Pendant que les deux hommes se saluaient avec les courtoisies d'usage, j'examinais le nouveau venu. Il n'était pas tellement grand, à la vérité ; mais s'il paraissait tel que je l'avais vu, il le devait purement à l'expression de force qui émanait de sa personne.
La poitrine était vaste, les jointures, osseuses comme celle d'un poulain, les pieds courts, avec une empeigne renflé en brioche, les mains épaisses et rageuses comme un râble de tatou. Sa peau rappelait celle des Indiens, ses yeux s'étiraient légèrement vers les tempes, petits. Pour mieux causer, il avait rejeté en arrière son chapeau à aile courte, découvrant une frange coupée comme du crin à la hauteur de ses sourcils.
Ses vêtements étaient ceux d'un gaucho pauvre. Une ceinture simple lui serrait la taille. La blouse courte se relevait un peu sur le manche de son couteau d'où pendait une cravache grossière et noircie par l'usage. Le long chiripa lui tombait jusqu'aux talons, et un simple mouchoir noir se nouait autour de son cou, les pointes séparées sur l'épaule. L'empeigne de ses espadrilles était fendue pour mieux contenir le pied charnu.
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En silence, Valerio franchit le seuil ; il se dirigea vers un coin, où, à croupetons, il chaussa une paire de brillants éperons d'argent. Nous entourâmes ensuite le foyer, et le maté commença ses visites.
Chacun vivait pour soi, et ma joie, promptement, se fit grave, contenue. Un étranger nous aurait crus assombris par un malheur.
Ne pouvant parler, j'observais.
Tous mes semblaient plus grands, plus robustes ; on pressentait dans leurs yeux les routes du lendemain. De péons d'estancias, ils étaient passés hommes de la pampa. Ils avaient une âme de ressors, c'est-à-dire une âme d'horizons.
Leurs vêtements n'étaient pas ceux de la veille ; plus rustique, plus pratique, chaque objet de leur costume disait les mouvements à venir.
La rudesse de ces types silencieux me dominait et, soit timidité, soit respect, je laissai tomber mon menton sur ma poitrine, renfermant ainsi mon émotion.
Dehors, les chevaux hennissaient.
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Aux abords du bourg, à quelques centaines de mètres de la grand-place, le vieux pont tend son arche sur la rivière et unit les enclos à la campagne tranquille.
Ce jour-là, comme d'habitude, j'étais venu me cacher à l'ombre fraîche de la pierre, pour y pêcher quelques petits goujons que le patron de "La Blanqueada" m'échangerait contre des gourmandises, des cigarettes, ou quelques sous.
Je n'étais pas de mon humeur ordinaire ; taciturne, sauvage, je n'avais pas voulu me joindre à mes compagnons habituels de jeux et de baignade ; je préférais ne devoir sourire à personne, ni répéter les plaisanteries accoutumées.
La pêche même me semblait un geste superflu : je laissais le bouchon de ma ligne, emmené par le courant, s'échouer contre la berge.
Je pensais. Je pensais à mes quatorze ans de gosse abandonné, de "bâtard", comme on m'appelait sans doute par ici.
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J'aurais bien voulu être comme lui ! Je souffrais de tout, comme une eau sensible à la pente, au vent, au soleil et à la petite feuille de saule pleureur qui lui creuse le dos. Et j'avais aussi dans la tête des poissons, qui remuaient la queue et faisaient parfois clapoter légèrement les bords de mon âme.
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Je crois que le goût de mon parrain pour la solitude me gagnait ; en tout cas, en me remémorant les épisodes de ma vie errante, ces moments de liberté dans la pampa me semblaient ce qu'il y avait de meilleur. Peu importait que ma pensée fût endolorie, trempée de pessimisme, comme reste trempée de sang la couverture qui a sucé la douleur d'une plaie de cheval.
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