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EAN : 9782864326687
406 pages
Verdier (19/01/2012)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Schubert à Kiev aborde un thème qui, dans les lettres russes contemporaines, est toujours frappé de tabou : la collaboration avec l’occupant nazi d’une partie de la population soviétique.
L’action débute au printemps 1942. Les espoirs que les nationalistes ukrainiens avaient placés dans le Reich ont fait long feu. L’éphémère indépendance de leur pays a laissé place à un régime de terreur. Tous les Juifs de la ville ont été massacrés à Babi Yar, à l’exce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"-Vous êtes cantatrice? À vos services !
.......L'Opera, ca vous conférait un statut et, par-dessus le marché, ca vous permettait de jouir de protections personnelles à tous les niveaux."...., " protections personnelles", hum, hum.....
La cantatrice c'est Valia, en faite elle est pianiste, Pania est sa fille. La mère travaille à l'Opera, la fille dans un journal. Le sujet d'un livre de Nikolai Févr, découvert par la fille sur le bureau de son patron, qui la fascine, va se révèler prémonitoire pour elle et sa mère. Lozinine le metteur en scène de l'Opera de Kiev, "une personnalité hautement paranoïaque présentant des pathologies sexuelles bien prononcées " découvrant leur secret au sujet de son père va leur entamer un chantage pervers........

Nous sommes à Kiev, au printemps 1942.
L'Ukraine indépendante, voit en Hitler l'homme qui délivrerait la Russie du bolchevisme, mais les boches s'avèrent être à la hauteur des russes.......Staline ou Hitler, le même enfer. L'éphémère griserie de l'indépendance va laisser sa place à un régime de terreur, arrestation, pendaisons,......massacre de Babi Yar.
Une histoire où la Musique est l'épicentre, Kiev et son opera les principaux lieux de l'action et Schubert, - le symbole de l'ère romantique, d'une époque qui incarne la liberté et qui prend fin avec les nazies et leur conception de " musique dégénérée " -, l'explication de sa présence arrive tout à la fin.

L'auteur Leonid Guirchovitch, premier violon à l'Opera de Hanovre à l'intelligence, la verve et l'humour sans égal , nous immerse dans un monde riche de sensations, foisonnant de références musicales, historiques, littéraires* avec un langage ironique et imaginatif, qui donne un récit trés coloré mais aussi dense. Bien que souvent déroutant avec les différents points de vue des protagonistes, où le nationalisme ukrainien, le bolchevisme, l'antisémitisme, le national-socialisme allemand s'affrontent sur tous les domaines, musical, littéraire, historique, politique....sur fond de connaissance érudite. - même les protagonistes eux-mêmes peinent à s'y retrouver :) -, l'orchestration géniale des personnages et des événements, relance constamment notre curiosité. L'auteur est un coquin, non seulement il accélère le rythme les cent dernières pages, mais il nous réserve aussi une surprise à la fin.
Un livre puissant, une lecture exigeante, parfois un tout petit peu trop.

".....avec Schubert je n'ai pas peur de mourir....avec Schubert je n'ai pas peur de vivre.
Même quand la vie est plus noire que la mort."


*Pour qui est curieux , les bas de pages vous donnent de multitudes d'info sur l'histoire en général, l'histoire de la musique,de la littérature, de l'art...., passionnant, pour qui ce genre de lecture ne rebute pas.
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Bookycooky attendait ma critique...
La livrer immédiatement m'était impossible, mes impressions devaient décanter ...

L'action se passe à Kiev durant la seconde guerre mondiale et plus précisément dans le petit monde de l'opéra de cette ville, monde où les bruits de l'extérieur ont peu de place, du moins lors des premières pages.
Nous découvrons le chef d'orchestre allemand Münster et le metteur en scène Lizinine qui est sous ces ordres. Lizinine exerce un chantage odieux sur Valia, très belle pianiste, afin d'obtenir ses faveurs ainsi que celles de sa fille Pania, il a en effet découvert que le père de celle-ci était juif.

Ces événements se déroulent alors qu'au dehors, d'autres, plus importants, ont lieu sans que les protagonistes s'en préoccupent particulièrement : les nationalistes ukrainiens avaient accueilli avec ferveur leur indépendance octroyée par l'Allemagne, ils se révèlent collaborateurs mais doivent rapidement déchanter : l'indépendance se révèle factice, Kiev est occupée, la terreur règne, les juifs ont été massacrés á Babi Yar .
D'un côté donc le monde de l'opéra avec ses préoccupations individuelles (qui va pouvoir partir à Odessa ?, l'amour de Pania pour un Allemand...) et de l'autre, L Histoire, en filigrane tout d'abord mais qui va au fil du livre prendre plus de place, la frontière entre ces deux mondes s'estompe.
Schubert à Kiev est parsemé, lors de la relation des événements qui se déroulent à l'opéra, de nombreuses références à la musique bien entendu mais également à la littérature et à la peinture. L'autre monde n'est qu'esquissé, il se livre à travers les lignes.
Très belle construction de ce roman qui évoque les mouvements d'une sonate, et sa complexité.
L'ironie perce à de nombreuses reprises.
C'est un livre important, ne vous attendez pas toutefois à y trouver de l'espoir : qu'est devenu le romantisme de Schubert ?



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Lire Schubert à Kiev c'est pénétrer dans un univers de musique classique et d'opéra et c'est bien sous les airs de Schubert , Beethoven et tant d'autres que l'auteur évoque la fin du romantisme sous le nazisme au travers de personnages collaborant avec les Allemands.
La toile de fond est un opéra autour duquel un metteur en scène fait preuve de persécution à l'égard d'une pianiste après avoir découvert ses origines juives. Les idéologies, parfois pas très claires et à double tranchant des personnages présents sont évoquées.
Ce livre est un trésor pour les férus de classique , en effet, Guirchovitch construit la trame de son roman autour de lieds, de références aux textes d'opéras ou événements liés à ce monde. D'autre part , la littérature russe et allemande n'est pas en berne non plus. Heureusement, beaucoup d'annotations en bas de pages sont nécessaires afin de comprendre où l'auteur veut en venir…
Je dirais que c'est une lecture assez éprouvante pour les lecteurs qui ne sont pas connaisseurs d'opéras (j'en fais partie) d'autant qu'il faut également avoir un minimum de bagages en allemand puisque certains passages ne sont pas traduits et ça ne s'arrête pas là... pourquoi ne pas rajouter une difficulté supplémentaire ! Il faut aussi être à la page concernant le conflit russe/allemand de 1942 ainsi que la collaboration ukrainienne.
Alors faut-il pour autant s'y atteler ?
Si je pars du principe que ce livre m'a légèrement ennuyée du fait de la rhétorique très spéciale et déclamatoire de l'auteur en plus de tout ce que j'ai évoqué plus haut , alors non. Cela dit ce qui est déplaisant à mes yeux pourrait se révéler comme une lecture impérative pour d'autres en vue de la singularité du style Guirchovitch et de son érudition. Certes, certains auteurs abordent ce sujet tout en revêtant leur plume d'une stylistique plus accessible sans transformer leur lectorat en nomade recherchant la lumière mais ne serait-ce pas un atout pour Guirchovitch de se distinguer dans ce genre de littérature propre aux auteurs russes ?
Un livre qui sûrement mérite une lecture et qui pourrait devenir fétiche pour certains.
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"Schubert à Kiev", la tragédie fantastique de Léonid Guirchovitch:


La vie est un vaste théâtre où chacun joue son propre rôle et puis s'en va
(William Shakespeare, « Comme il vous plaira » Acte II, scène 7)

À l'opposé de Platon qui considérait les artistes comme de dangereux illusionnistes et désirait les faire bannir de la Cité grecque, Aristote mettait en avant leur utilité sociale. Léonid Guirchovitch, premier violon à l'Opéra de Hanovre et écrivain, porte à merveille sa mission en affirmant dans son dernier roman Schubert à Kiev, paru aux éditions Verdier, que « Lorsque les canons parlent, les muses ne font pas que se taire : elles écoutent. Et elles retiennent. »

C'est en effet à une véritable catharsis que ce texte nous invite en situant sa narration dans la Kiev de la Seconde Guerre mondiale, cette Kiev écartelée entre ses velléités nationalistes ukrainiennes, son ambivalence face aux soviétiques, et son occupation par les nazis.
L'originalité du propos tient en ce que Guirchovitch s'éloigne d'un sujet qui aurait pu lorgner vers Guerre et Paix de Tolstoï, telle l'oeuvre inoubliable de Vassili Grossman ( Pour une juste cause et Vie et Destin ), pour se concentrer sur l'Opéra de Kiev et la survie de ses artistes.
Le chef-d'orchestre Münster est un allemand autoritaire mais incompétent qui dirige au pistolet, le metteur en scène Lozinine, loin de la politique, louvoie selon ses ambitions : la terreur règne même pour Valia, pianiste dont la beauté la met au service des puissants.

la suite sur mon blog:

http://johaylex.wordpress.com/2012/03/15/schubert-a-kiev-la-tragedie-fantastique-de-leonid-guirchovitch/
Lien : http://johaylex.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
12 mars 2012
Un livre puissant et dérangeant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La première partie du poème de Gogol Les Âmes Mortes,se termine sur l'image d'une troïka symbolisant la Russie, devant laquelle s'écartent les autres peuples. Cette scène, érigée en expression suprême du patriotisme , fut commentée, sous la houlette de professeurs bien pensants, par de très nombreuses générations de lycéens.Les compositions scolaires passaient sous silence le fait que la troïka , qui transporte l'escroc Tchitchikov, acheteur d'âmes mortes, file tout droit dans le vide.
(p.197 note de bas de page)
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"Je suis contre la sacralisation de l'instinct. Svetlana.Vous pouvez tempêter et vous indigner tant que vous voulez, mais la vie dans les vallées basses du corps et la vie dans les hauteurs de l'esprit se déroulent chacun selon ses propres lois. Je peux aimer votre maman d'un amour pur et sublime et, en même temps, désirer à la folie une jeune fille de seize ans...."
(Nikolai Fevr, Le Soleil se lève à l'ouest, roman )
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Il sortit, muni d'une canne et coiffé d'un melon: ses pieds foulaient des dalles rongées qui se souvenaient encore d'autres piétons comme lui, munis de cannes et coiffés de melons. Cette mémoire ( cannes, melons) peut être de deux sortes : la proustienne et celle du commis. À vous de décider quelle littérature, quels écrivains, qu'elles villes privilégient l'une ou l'autre.
p.109
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Le ghetto de Lwów. Mon voyage d'hiver. Kiev la meurtrière. Je ne me souviens pas bien des derniers jours : le sous-sol, les fenêtres cachées par des briques. Tout tremblait, tout allait s'écrouler d'un instant à l'autre. Des explosions juste au-dessus de ma tête. Cela dura cinq jours et cinq nuits. Soudain, le silence. Long, très long. Je passai la tête au-dehors et compris que les Allemands étaient partis. Un militaire... Au début, je ne compris rien : il avait des épaulettes en or, comme au temps du Tsar. Je n'avais rien mangé depuis plusieurs jours. Je voulus me mettre debout: impossible. Je voulus l'appeler. C'est alors qu'il me dit : "Tu es juif?" En yiddish ukrainien : "Die bits a yid ?"
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Les actions des autorités d'occupation étaient dictées par une impatience du cœur, une sorte de volupté : elles étaient déraisonnables. C'est comme lorsqu'on s'acharne à crever ses boutons. Pour le bref plaisir de voir sortir le pus, l'impatient paie le prix fort : le bouton gonfle encore plus, devient purulent. Les autorités suivaient cette même logique lorsqu'elles écrasaient les marchés avec leurs ongles de fer de manière à faire remonter à la surface les impuretés. Elles le paieraient plus tard : tant pis, un luxurieux ne connaît pas de "plus tard". Les marchés étaient la première cible de ces actions, ils pourvoyaient inlassablement en chair humaine les convois en partance pour l'Allemagne, et il y restait encore largement de quoi offrir des sacrifices au temple de l'Air (nom populaire des chambres à gaz mobiles).
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