Quel chemin Hélène avait-elle suivi, sur le plan religieux, depuis ce jour de mai 1971 où questionnée à ce sujet, elle m'avait répondu, comme un défi:"Moi ? Je suis complètement athée. La Bible me semble une histoire dégoûtante. Les quatre évangiles, oui. Mais ce qu'on a fait !", propos que Morand avait ainsi corrigés:"Complètement athée, mais elle a baigné dans l'orthodoxie, seule chose à laquelle pouvaient se raccrocher les peuples dépossédés de sa jeunesse. "Bien vu. Le caractère sacré des sacrements demeure intangible pour Hélène. Baptisée orthodoxe, elle le reste? réceptacle d'une foi latente.
Comme Paul, elle réprouve le mouvement qui scoue l'Eglise romaine, depuis Vatican II, tous deux conscients qu'il y a là un reniement de longs siècles de foi inscrite dans une tradition respectable."Qu'était Rome, et la religion de mon enfance, sinon un immense édifice de style composite, bâti sur des rites ? Ce qui me rattachait à la religion, c'étaient les rites. Il n'en reste rien. Je mourrai fils de l'Eglise orthodoxe; là tout est immobile."Morand aperçoit la justesse du mot de Montesquieu:"Les catholiques détruiront les protestants, à la suite de quoi Rome deviendra protestante", c'est-à-dire se penchera de plus en plus vers le côté social de l'homme, ce qui, à mon avis, confiait-il Stéphane Sarkanydès 19564, n'est absolument son rôle...C'est pourquoi toutes mes sympathies vont à l'orthodoxie; elle est une religion pure et primitive."Dès 1964, dis-je. Bien avant. seize avant, en conclusion de l'Europe russe annoncée par Dostoïevsky, il nous a livré la même réflexion:"C'est justement son ignorance du concret qui a préservé l'orthodoxie, lui a gardé sa fraîcheur; alors que le catholicisme, empêtré dans ses efforts de d'adaptation sociale ( qui, sous l'influence du protestantisme, ne feront que croître si, demain, le pape réside en Amérique) s'éloignera du Saint-Esprit, l'orthodoxie saura s'élever jusqu'à lui