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Critique de EvlyneLeraut


Intense, habile, « Tout ce que tu devrais savoir avant de m'aimer » est le langage des corps qui se retournent à contre-sens.
Un huis-clos tragique, implacable. Lorsque les armures se fissurent et que règne l'amertume, les mots dépassent l'entendement du raisonnable. Mais ici, perce autre chose, le délitement du désir et de l'amour.
Les fantasmes se fragmentent. Ce texte appuyé, écrit dans cette profondeur lucide et intelligente renforce le roman qui est à mille mille d'une simple romance.
Le narrateur (Gérard) (comme l'auteur, Gérard Guix) ressent la chute et le vacillement des murs porteurs et fondateurs de son couple avec Anastasia.
Il faut dire qu'il a une grande responsabilité dans ce chaos qui va advenir subrepticement durant peu de jours. Il est froid et dédaigne Anastasia. Elle, soumise, angoissée, effacée et dominée. Il est côté ville, surmené, écrivain (qui sait en jouer), il faut dire qu'il met sa femme dehors en lui proposant des sorties improbables pour écrire tranquillement. Comme s'il faisait payer à Anastasia le prix fort des torpeurs intestines dans leur antre.
On ressent le propre malaise de Gérard. Entre rêve et réalité, mirage ou fait avéré, on est sur le fil à peine en équilibre. La musique constante qu'écoute ces deux blessés par la vie retient la trame avec délice et intuition. Caustique et triste mais immensément captivante parlante et humaine. Les drames traversés sont nos semblables. le récit comble de culture est un point d'appui fédérateur.
Moderne et contemporain, étrange voire fantastique parfois, le récit est un drame et dans un même tempo, une merveille de résilience. Dualité, les contraires assemblés, Anastasia et Gérard sont ressacs et ombres, nostalgies et douleurs infinies. Et pour cause.
Ce roman héroïque et sincère est le renversement de la mémoire. Sommes-nous ce que nous sommes ? Subir ou agir ? Être ou ne pas Être ?
Les tiroirs ouverts, un à un, au gré des pages qui somment les réalisations. Il faut lire le symbole et la sensation d'un changement d'orientation.
Ce roman fort, immensément maîtrisé est spéculatif. Sous ses faux-airs se cache la gravité des errances et des épreuves.C'est un livre qui peut se lire en front de mer, doucement, comme ça tout simplement. Mais aussi à flanc de montagne. Ici, c'est alors le summum qui remporte la palme. La lecture signifiante est cime.
Traduit du catalan avec brio par Carole Fillière. À noter une magnifique couverture de la renommée Elena Vieillard. Publié par les majeures éditions Aux forges de Vulcain.
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