Au pied des quatre tours résidentielles d'une cité du nord de Londres, trois ados se retrouvent pour jouer au foot. Il y a Selvon, d'origine antillaise, qui croit que le sport est la seule voie pour s'extraire de ce quartier défavorisé et multi-ethnique. Il y a Yusuf, d'origine pakistanaise, fils de l'ancien imam de la mosquée de la cité, et Ardan, d'origine irlandaise, graine de rappeur qui ose à peine s'exprimer.
Au lendemain de l'assassinat à Londres d'un jeune soldat britannique par un jeune Noir islamiste, le quartier, où la violence est pourtant banalisée, est sous tension. Des manifestations se préparent, d'un côté des skinheads racistes, de l'autre des jeunes musulmans harangués par un imam radical. Dans cette ambiance de fureur encore contenue, la mère d'Ardan et le père de Selvon se remémorent leurs passés respectifs. Caroline se souvient de sa jeunesse à Belfast dans une famille membre de l'IRA et des affrontements quotidiens et violents avec les loyalistes. Nelson, lui, se rappelle de son arrivée en Angleterre, en provenance des Antilles, et de la montée progressive du racisme à la fin des années 50.
Dans ce roman choral à cinq voix, l'Histoire repasse les plats et c'est toujours le même refrain : l'intolérance dégénère en colère et en fureur ; quand on n'a pas la bonne couleur ou la bonne croyance il faut littéralement se battre pour survivre, parfois malgré soi.
Il faut s'habituer au style d'écriture, très oral et argotique, et passer outre la syntaxe volontairement massacrée, qui illustre bien la façon de parler de certains personnages, immigrés de première génération maîtrisant mal la langue du pays d' "accueil". Parce que pour le reste, "Au rythme de notre colère" est un roman intense et puissant, difficile à lâcher. Dans ces 48 heures de la vie d'une cité qui s'embrase, la pression monte progressivement, et on observe avec inquiétude ces cinq personnages terriblement attachants, coincés dans une ville laide et malade, s'en aller vers un destin ou une désillusion. "Toujours j'ai refusé la ville elle s'empare de mon esprit comme elle a fait avec les autres. Et maintenant je sais. Je sais la nuit de la révolte, quand c'est la fureur elle rendait aveugle à la route, je m'ai enfui pas par lâcheté mais par amour. Et faire quoi que ce soit par amour dans une ville qu'elle le nie, c'est une rébellion".
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
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