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Citations sur Réveiller les lions (69)

Emigrer, c'est passer d'un endroit à un autre, avec, attaché à ta cheville comme un boulet d'acier, le lieu que tu as quitté. Voilà pourquoi il est si difficile d'émigrer: marcher à travers le monde en ayant les pieds entravés par un pays tout entier, c'est quelque chose qu'il faut être capable de supporter.
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Il sait parfaitement qu’on ne peut rien voir dans ce garage tant l’obscurité est épaisse, pourtant il se retourne sur son matelas pour lui faire face et relève les paupières. Noir total. Des yeux qui ne voient rien voient tout, justement. La preuve : surgit aussitôt l’epaule ronde qui lance des éclairs chaque fois qu’elle se penche pour ramasser quelque chose et que sa manche tombe un peu sur le côté. Surgissent ses seins, enfin libérés de l’entrave des robes en coton, gonflés et fièrement dressés. Surgissent ses lèvres, ses joues, ses hanches. Et ses mouvements félins, sa démarche, toute de désir contenu, endormi et sauvage. La distance qu’elle veille à garder, la force qu’elle dégage et la certitude que jamais il ne pourra entrer en elle - même s’il la pénétrait - voilà qui met son sang tellement en ébullition que c’en est presque douloureux.
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Ressentir un léger malaise ne signifie pas souffrir. On peut passer une vie entière plus ou moins mal à l'aise.
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Ceux qui payent le plus sont le mieux soignés. N'est-ce pas le principe économique de base qui régit le monde ?
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Il le sait pourtant, lui qui a décidé, bien avant son mariage, de ne jamais tromper celle qui deviendrait sa femme. Fantasmer, oui, mater à droite et à gauche, pas de problème, mais ne jamais mettre en péril par un passage à l'acte ce qu'il a construit. Il a vu ses amis de fac ou des collègues à l'hôpital. Il sait reconnaître une infidélité aussi bien qu'une pneumonie, dès les premiers symptômes. Un visage rayonnant drapé de mystère. Un éclat nouveau de la peau. Une démarche rêveuse. De la nonchalance dans la posture... et, quelques semaines plus tard, un regard fuyant. Une crispation entre les omoplates. Un herpès qui fleurit sur la lèvre. Aucune partie de jambes en l'air n'en vaut la peine. Aucune excitation fugace ne justifie cet instant où tu devras faire asseoir tes enfants sur le canapé du salon et leur dire : Tout d'abord, sachez que votre mère et moi, nous vous aimons.
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(Elle) prend une grande inspiration. Se regarde dans le rétroviseur et se remet du rouge à lèvres. C'est peut-être ridicule de se maquiller pour une visite si brève, mais elle a besoin de se sentir prête. Ne pas être surprise lèvres nues par l'infidélité de son mari. Comme sa grand-mère qui s'épilait toujours les sourcils avant d'aller aux impôts. Liath en riait, non sans une pointe d'irritation tout de même. Tu crois vraiment que ça compte pour le percepteur, un coup de blush sur tes joues ? Mais la vieille dame ne se lançait jamais dans la bataille du jour sans revêtir son armure cosmétique. Passait sur ses paupières un fard bleu. Parce que, lorsqu'une petite femme se trouve face à quelque chose qui la dépasse, elle doit se tenir le plus droit possible. D'ailleurs, la veille de sa dernière opération, elle avait demandé à Liath de lui teindre les cheveux.
"Mais pourquoi, mamie ? Tes mèches blanches, c'est la plus belle chose au monde !
_ Je ne veux pas que les médecins me prennent pour une vieille croulante. Ils verront des cheveux roux et redoubleront d'efforts, lui avait-elle alors expliqué. Et avec la mort, c'est pareil : si elle voit du roux ça lui fera peur, si elle voit du blanc elle prendra sans hésiter."
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On vit tous en supposant que ce qui a été sera. Qu'aujourd'hui, comme hier, comme avant-hier, la Terre tournera toujours autour de son axe avec la même indolence, celle qui berce présentement Ethan comme s'il était un bébé. Parce que si la Terre se mettait soudain à ne plus tourner rond, il trébucherait. Et tomberait.
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Assis sur le sable devant la baraque, ils sont deux à boire en silence le premier café du matin et à contempler leur hameau, posé en plein désert. Au milieu de nulle part. Déconnecté de tout, y compris de lui-même. Constitué de dix cahutes de tôle et de deux abris pour les chèvres, avec une citerne d'eau, des générateurs, quelques recoins tranquilles et ombragés, comme celui où le père et le fils boivent à présent un café au goût amer et revigorant. Autour d'eux l'air est frais et, en cet instant précis, ils savourent leur harmonie sereine. C'est comme ça tous les matins. Le père met le café sous le nez du fils et le fils se réveille en humant la chaude odeur de la cardamone qui s'en dégage. Ils apprécient tellement ce rituel que les rares fois où l'adolescent se réveille avant son père, il reste allongé dans son lit et attend les yeux fermés, même s'il crève d'envie d'aller pisser.
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N'accorde jamais trop d'importance à ce que les gens te disent avec la bouche. Regarde les corps, eux te révéleront toujours ce que tu dois savoir.
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Le soir où il l'avait surprise à regarder la lune rouge se lever par la porte du garage, tout aussi fascinée que lui, il s'était alors dit : Elle est comme moi (jamais : je suis comme elle); ou encore la fois où il avait découvert les roses dont elle s'occupe avec soin devant sa caravane : il était revenu bouleversé. Sauf que ce jour-là justement, se rappelle-t-il, tu as découvert, en rapportant la casserole de riz, combien elle n'est pas comme toi. Elle aurait renvoyé la petite Bédouine sans sourciller. L'Afrique est un continent cruel, et un continent cruel façonne des gens cruels. Des sauvages. Elle était prête à laisser l'adolescente se vider de son sang. L'avait considérée avec les yeux les plus froids qu'il eût jamais vus. Et toi, proteste soudain une petite voix dans sa tête, toi, tu n'as pas laissé quelqu'un se vider de son sang ? Qui te dit qu'il n'y a pas un lourd contentieux entre elle et les Bédouins ? A nouveau la fragile affinité qu'il fantasmait se dissipe pour, à nouveau, laisser place à tout ce qui les sépare. La distance entre l'homme affamé et l'homme rassasié est bien plus grande que celle de la Terre à la Lune.
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