Ce roman mérite tous les qualificatifs. Insoutenable, magnifique, désespéré, romantique, implacable… C'est un formidable conte, comme on en lit peu. L'écrivain Turc
Hakan Günday, qualifié d'enfant terrible de la littérature turque contemporaine, n'est pas seulement terrible. Il est aussi extrêmement doué. Son roman est d'abord un hommage appuyé à Oguz Atay, pionnier disparu du roman moderne en Turquie. C'est aussi une prodigieuse histoire d'amour, de violence et de rédemption.
Derdâ, fille d'une mère misérable, est vendue et mariée de force à onze ans à un islamiste borné, dont le père a fait fortune à Londres dans l'immobilier. Son parcours croise à Istambul, le jour de son transfert pour Londres, celui de Derda, jeune garçon de son âge, qui survit en nettoyant les tombes d'un cimetière. Dès lors, ces deux innocentes victimes de ce que l'humain recèle de pire, vont suivre séparément leurs destins douloureux, dans un monde de cupidité et de cruauté, où tout sens moral semble avoir disparu. Derdâ et Derda, de Londres à Istambul, parviendront-ils à échapper aux prisons auxquelles leurs origines les condamnent ?
Hakan Gunday, qui manie avec une égale jubilation la dérision, la poésie et l'humour, entraîne avec une grande virtuosité son lecteur dans la noirceur de son intrigue. D'une beauté vénéneuse et inoubliable.