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EAN : 9782757810583
Points (15/09/2008)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Une journée particulière dans la vie d'un lycéen d'Istanbul, fraîchement débarqué d'Anatolie : en proie à la "solitude musulmane de ses seize ans", il se rend pour la première fois au bordel, tandis qu'à son insu sa mère meurt dans une lointaine bourgade de la steppe.

Avec en contre-chant les interventions du narrateur, qui n'est autre que cet adolescent, quelques années plus tard à Paris, quatre figures féminines vont peu à peu se superposer : la put... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
" "Deux choses ne s'oublient qu'avec la mort : le visage de notre mère et celui de notre ville", a dit un grand poète d'Istanbul à qui échurent en abondance séparations et nostalgies."

C'est sur cette double douleur que l'écrivain, Nedim Gürsel - exilé à l'époque où il rédige La première femme - livre son récit.

Ce court roman s'ouvre sur des images d'Istanbul, une ville bruyante où sont superposées plusieurs couches de beaucoup de choses : des époques historiques, des ethnies, des couleurs et des plats. Ces motifs sont d'ailleurs répétés plusieurs fois dans le roman.
Le personnage mis en scène est un adolescent de 16 ans, originaire d'un petit village d'Anatolie qui vient de perdre sa mère alors qu'il était loin d'elle. Pour se consoler il erre aux hasards des rues du quartier des bordels. Mais il est pris d'une forte fièvre, et ses visions se troublent, se mêlant ainsi à ses souvenirs, ses regrets et ses fantasmes.

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre à cause du changement constant de point de vue : de celui du personnage on passe à celui de l'écrivain exilé qui, de sa chambre d'hôtel parisienne, se souvient de sa ville.
Plusieurs figures féminines apparaissent dans ce roman : la mère du personnage, Nilufer la fille du Roi des Pirates dans une légende et la ville d'Istanbul. En réalité, ce livre est un hommage brûlant à cette ville, ce qui donne parfois lieu à des pages magnifiques, voir même assez virtuoses parfois.
La ville d'Istanbul est d'abord le point de départ d'une réflexion sur le temps qui passe : l'auteur/narrateur se désole de voir que les vieux quartiers qui sont les témoins de l'histoire très riche de cette cille soient détruits pour laisser place à la modernité matérialiste impersonnelle avec des hôtels de luxe et des tours de grandes entreprises. Puis Istanbul est vue à travers les mots des poètes classiques et contemporains qui en ont fait l'éloge.
La première femme c'est donc ni plus ni moins qu'une déclaration d'amour de Nedim Gürsel à la ville qu'il a dû fuir après que son oeuvre ait été censurée. Istanbul est le corps de l'amante perdue dont il explore les moindres recoins à travers l'errance de son personnage dans ses rues.

Malgré ces très belles descriptions qui feraient honte aux meilleurs publicistes des agences de voyages (raison pour laquelle j'ai mis la 2ème étoile), j'ai été soulagée de refermer ce livre pourtant très court qui ne mène nulle part et traine en longueur.
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Pour ceux et celles qui aiment Istanbul ou ont envie de découvrir la capitale turque, ce roman permet de s'évader dans cette ville fondée à la jonction de trois mers. Nedim Gürsel réussit même à nous faire sentir les odeurs, surtout celles qui émanent des plats locaux, savoureux ou écoeurants.
C'est le point fort de "La première femme", un livre à la construction surprenante qui n'aide pas toujours à suivre le fil de la pensée de l'auteur.
Le narrateur est à Paris et se souvient des rues d'Istanbul, du quartier de la Corne d'or et de ses angoisses adolescentes quand il est allé pour la première fois chez les prostituées à seize ans. Interne au lycée, ce sont des années de souffrance loin de sa mère idolâtrée restée en Anatolie, qu'il ne reverra jamais.
Ses souvenirs vont se superposer, sur le lit de la putain lui revient l'image de Nilufer séquestrée par son père le Roi des Pirates, le conte que sa mère lui racontait petit. D'ailleurs, il perd cette dernière dans ses cauchemars et ses peurs.

L'intérêt mais aussi la difficulté du texte sont les références à la poésie ottomane et les métaphores auxquelles elle a recours. J'avoue que cela m'a échappé par moment.
Il n'en reste pas moins que "La première femme" est un roman qui raconte des premières fois, pas seulement la première expérience sexuelle. Il y a surtout la première ville que le narrateur découvre, Istanbul lieu de la névrose d'un pensionnaire de seize ans.


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L'Istanbul musulman est si loin ! Pourtant il suffirait de franchir le pont d'Ounkapani pour se retrouver là-bas avant la nuit noire, déambulant entre les maisons de bois à un étage du quartier de Suleymaniyé. Istanbul y serait pareil à n'importe quelle bourgade anatolienne, avec ses rues poussiéreuses où des enfants joueraient à cache-cache, ses terrains vagues, ses épiceries aux murs couverts de toiles d'araignée, ses chiffonniers, ses porteurs d'eau, ses marchands de yogourt.
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L'écrasement des petits par les grands, le mépris du puissant pour le faible, du natif d'Istanbul pour le provincial formaient les piliers du système.
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Mais Istanbul, qui, depuis sa fondation à la jonction de trois mers, s'étend, s'agrandit et pourrit au gré de sa croissance, ne comporte pas que des ruelles ! De larges avenues furent tracées, les jardins des vieux palais en bois devinrent des places. Plus tard, on bétonna les rives, de hauts buildings s'élevèrent au-dessus des dômes en plomb et des minarets graciles. Oui, tant qu'Istanbul fut la capitale de deux empires, elle resta un village grandiose.
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C'est moi qui ai lu Pierre Loti. Bien plus tard, à Paris, j'ai imaginé son Istanbul qui ne ressemblait en rien à l'Istanbul d'un adolescent turc de seize ans.
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Un livre pouvait receler tout un monde. [...] Il suffisait de tendre la main et de prendre un livre pour oublier. Pour oublier et se souvenir.
[...]
Lire, ce n'était pas faire main basse sur l'univers, mais s'abandonner au flot d'une voix connue. S'éloigner des objets, du monde, se fondre dans la chaleur d'un corps familier et s'y anéantir.
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Vidéo de Nedim Gürsel
« le temps est torride, le ciel d'un bleu infini. Je suis entouré de milliers de turquoises. La terre regorge de ces pierres précieuses qu'on retaille à grands éclats bleutés et qui viendront orner le doigt d'une femme, une gorge blanche et délicate ou une poitrine fanée où poser sa tête et s'éplorer. le bleu s'est tout entier emparé de moi, à quelques pas de ce jardin, au bord d'un désert safrané sous un soleil semblable à un turban de feu. Nous sommes en août. » Nedim Gürsel, **Voyage en Iran. En attendant l'imam caché**
Plus d'informations sur ce récit traduit du turc par Pierre Pandelé : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-etrangere/voyage-en-iran
#Rentreedhiver #RL2022 #litteratureetrangere #poesieiranienne
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