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Critique de gruz


En 2016 surgissait un diamant brut dans le monde du roman noir : Johana Gustawsson, avec son étonnant thriller Block 46. On l'avait traitée d'inconsciente à vouloir mélanger la thématique du tueur en série et celle des camps de concentration. Mais quelle belle et respectueuse réussite ce fût.

La marche du deuxième roman est souvent annoncée comme compliquée, surtout quand on décide de mettre en scène des personnages récurrents. Cette fois-ci, elle se lance dans un autre grand écart, faire le lien entre le Londres de Jack l'éventreur et un récit contemporain. Décidément, soit l'auteure française est totalement inconsciente, soit c'est une gymnaste de haute volée !

Ceux qui ont connu les personnages du premier roman seront enchantés de les retrouver ici. Les autres peuvent y aller sans hésiter, ce roman se lisant individuellement sans difficulté.

Pas la peine de tourner autour du pot. En tant que lecteur assidu de thrillers de très longue date (pas aussi loin que le Londres du XIXème siècle, mais pas loin), j'ai de quoi jouer au blasé. Et pourtant : Mör est un thriller absolument enthousiasmant de la première à la dernière ligne ! Une réussite magistrale. Je pèse mes mots.

La barre était haute pour l'athlète Gustawsson après Block 46, elle vient de la franchir avec une aisance et une grâce qui me laisse coi. Tout y est sublimé et on sent que l'obstacle du deuxième bébé l'a davantage stimulée que freinée.

C'est quoi un bon thriller, au juste ? Une histoire prenante, surprenante. Des personnages forts. Un rythme soutenu. Un style enlevé. Mör c'est tout ça, et plus encore.

L'auteure a clairement pris confiance en elle, je l'ai senti dès les premières pages. J'ai trouvé la caractérisation des personnages plus marquée, l'histoire admirablement construite et le style totalement maîtrisé (avec des pointes d'humour aussi étonnantes qu'irrésistibles comme cette scène où elle parle de l'accent du français qui parle en anglais !).

Je n'ai pas lu Mör, je l'ai dévoré. J'y ai planté mes crocs pour ne plus le lâcher, le mors aux dents. Une expérience de lecture aussi monstrueuse que jouissive.

Le récit est dur, éprouvant, sombre. Un vrai thriller qui marque.

Mais il est lumineux aussi, souvent même, par la bénédiction d'une plume qui donne littéralement vie aux protagonistes (y compris les nouveaux, tout aussi formidables que les « anciens »).

Il serait criminel d'en dire davantage, sauf à vous dire que le voyage vous emmènera à nouveau en Suède et en Angleterre. Parce que lire les romans de Gustawsson, c'est également se dépayser. Elle parle de ce qu'elle connaît, ça en rajoute dans l'authenticité. Tout comme son remarquable travail de recherches historiques, qui fait que les scènes sonnent juste.

Avec son premier roman, elle avait créé la surprise. Avec Mör, j'ose dire que Johana Gustawsson entre directement dans le cercle fermé des incontournables du genre. Sa série en cours possède à la fois la froideur des meilleurs romans scandinaves, un flegme parfois tout britannique et l'immense chaleur des gens du sud. Un mélange assez inédit qui fait d'elle une écrivaine vraiment singulière dans le paysage du thriller international.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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