En décembre 1954, dans le pacifique nord, l'île de San Piedro était le théâtre d'une tempête sans précédent.
David Guterson élabore sur ce territoire âpre et difficile, un roman exemplaire sur cette forme de confinement propre aux îles, où le délicat problème des minorités surgit et propage ses conflits comme inspiré d'un racisme ordinaire.
La mort mystérieuse du pêcheur Carl Heine va envenimer les relations entre les deux communautés car Kabuo Miyamoto est le coupable tout désigné. Ce jeune américain, d'origine japonaise est traduit devant le tribunal de la petite communauté de pêcheurs et de fermiers. le jeune journaliste Ishmael Cambers va couvrir le procès. L'affaire a pour lui une signification toute personnelle, puisque la femme de Kabuo Miyamoto, Hatsue, a été son premier amour avant qu'elle ne connaisse la déportation au camp de Manzanar.
Les Américains de souche tolèrent les Japonais naturalisés qui y vivent, mais le souvenir de Pearl Harbor est encore tenace dans les esprits.
Roman sur l'isolement et des désillusions, l'auteur nous invite à nous déterminer face aux comportements ouvertement méprisants des américains de souche. L'histoire est loin d'être un fait divers, un acte isolé, une bavure.
L'attaque de Pearl Harbor, en 1941, qui fit entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, a renforcé le sentiment anti-japonais dans la population américaine même à l'encontre des nippo-américains bien intégrés. Entre le 7 et le 11 décembre 1941, le FBI a procédé à l'arrestation de 1 370 nippo-américains.
Un roman de
James Ellroy met lui aussi en scène, cette forme d'extrême intolérance.
"Insensibles et blasés, d'un point de vue professionnel, ils étaient sans doute trop snobs pour se soucier des bienséances qu'exigeait San Piedro." Lui Ishmael Cambers, il connaissait Kabuo personnellement, puisqu'ils avaient été ensemble au lycée, et lui Cambes n'aurait pas pu se résoudre à ôter sa veste au procès de Kabuo.
Le livre a reçu une prestigieuse distinction le Pen Faulkner Award. C'est en même temps l'évocation douloureuse de cette guerre où Cambers a perdu un bras et ses dernières illusions. C'est par ses différentes facettes un beau et puissant roman, qui frôle parfois l'espoir. On reste ébranlé par les préjugés, mais aussi subjugué et conquis par un récit littéraire limpide et intrépide.
Superbe roman historique qui fut l'objet d'une mise en image cinématographique.
Titre magnifique.