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Katherine Werchowski (Traducteur)
EAN : 9782070773848
512 pages
Gallimard (11/10/2007)
4.02/5   31 notes
Résumé :
La loi de la compression est une merveilleuse invention des parents d'Amir et d'Efi: elle permet de transformer en grand-père ou en oncle n'importe quel adulte de leur entourage.
Grands-pères Lolek, Heïnek, Yosef et Ménashé rejoignent ainsi grands-pères Shalom et Weil dans le cercle familial que la Shoah a failli anéantir. Mais ce sont surtout l'excentrique grand-père Lolek, ancien soldat de l'armée d'Anders, et son opposé Yosef, pétri de sagesse talmudique e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Amir Gutfreund « les gens indispensables ne meurent jamais », publié par Gallimard en 2007 (ISBN 978-2-07-077384-8)

L'auteur est né en 1963, en Israël, à Haïfa. le thème de son livre réside dans la vision de la Shoah qu'eurent les enfants des rescapés.

Il mélange habilement et constamment trois registres :
premièrement, les témoignages directs fournis par les rescapés âgés revenus des camps de concentration ainsi que par les fiches rédigées sur des criminels nazis,
deuxièmement la quête pour savoir la vérité de deux enfants israéliens qui voudraient savoir mais se heurtent à la barrière instaurée par les adultes sur le thème «tu n'as pas encore l'âge»,
dernièrement la vision qu'il a maintenant, à la fin des années 1990, en tant qu'adulte.

Le récit est prenant, il est indéniablement bien mené. La description de l'impact du passé des parents et grands-parents sur les enfants m'a fortement intéressé. Ces derniers tentent à tout prix d'extorquer des informations à leurs parents (exemple page 93) ; le rabbin Hirsch tente de trouver une justification de la Shoah (pages 298-299), le repositionnement nécessaire des enfants par rapport aux parents une fois qu'ils ont atteint l'âge adulte et qu'ils ont obtenu le récit de tel ou tel destin particulier pendant la Shoah (pages 362-363), une tentative de justification du sionisme (page 391).

Mais... peu à peu, le doute s'infiltre, et la question se pose dès la moitié environ du livre. Comment un auteur vivant en Israël aujourd'hui, ancien colonel de l'armée de l'air, peut-il mettre en scène des personnages vivants entre 1970 et 1990 sans jamais lâcher le moindre mot sur la guerre menée contre les palestiniens par l'Etat d'Israël ? Pendant que je lis ce livre (février 2009), Israël se livre une fois de plus à une démonstration de force dans la bande de Gaza : des bombardements aveugles contre les populations civiles engendrent plus de mille morts en quelques jours du côté palestinien contre tout au plus deux ou trois militaires tués côté israélien.

La fin de l'ouvrage réserve deux surprises de taille : l'irruption du personnage du juif ayant collaboré avec les nazis (oui, cela a réellement existé), doublée de celle du bon allemand lui aussi victime lointaine de l'idéologie nazie. Ces deux thèmes sont sans doute fortement originaux, voire tabous, pour un public israélien, ils le sont moins pour le public occidental ayant déjà quelque connaissance de la Shoa.

L'auteur peut donc, par ces artifices, détourner l'attention de ses compatriotes, mais cela ne marche pas avec les autres. On attend toujours l'auteur israélien qui osera expliquer de façon crédible le lien entre la Shoah, la création d'Israël et la persécution des palestiniens rejetés de leurs terres... La Shoah pourra-t-elle jamais justifier Sabra et Chatila ?
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Énorme coup de coeur pour ce roman sur la shoah qui lors de sa parution en 2000 en Israël a annoncé un tournant dans la façon d'aborder cette période qu'on ne peut qualifier.
*
Le narrateur, Amir, est un descendant de survivants. Enfant, il vit dans un quartier d'Haïfa où se sont installés des rescapés. Ses parents, pour compenser un peu les pertes familiales et offrir du lien, ont élargi leur famille : Amir et son amie Efi ont ainsi toute une série de grands-parents et d'oncles et tantes d'adoption. Lors des étés de leur enfance, ils n'ont de cesse d'élucider le mystère du big bang de 1939 qui a rendu les adultes autour d'eux un peu bizarres... Mais les adultes occultent parce qu'ils veulent les épargner. le passage à l'âge adulte sera une véritable rupture. Amir poursuivra son enquête et découvrira les destins tragiques de ces hommes et ces femmes.
*
C'est un roman émouvant et très riche qui aborde beaucoup d'aspects : la shoah bien sûr mais aussi la vie des survivants et celle de leurs descendants, le rapport aux Allemands, le statut de victime et celui de bourreau dans toute sa complexité entre victime allemande et bourreaux juifs.
Un roman magnifique mais dur aux personnages inoubliables.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation

Tu as survécu, car tu étais le premier.
Tu as survécu, car tu étais le dernier.
Car tu étais seul. Car il y avait des gens.
Car c’était à gauche. Car c’était à droite.
Car tombait la pluie. Car tombait l’ombre.
Car le temps était ensoleillé.

Par bonheur il y avait une forêt.
Par bonheur il n’y avait pas d’arbres.
Par bonheur un rail, un crochet, une poutre,
un frein,
un chambranle, un tournant, un millimètre,
une seconde.
Par bonheur, le rasoir flottait sur l’eau.

Parce que, car, pourtant, malgré.
Que se serait-il passé si la main, le pied,
A un pas, un cheveu
Du concours de circonstances.



WISLAVA SZYMBORSKA
« Tout hasard »
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"Frère de lui-même" allait enfin être élucidé.
"Frère de lui-même" - c'était si simple.
Lorsqu'il naquit, il avait un frère, un vrai jumeau. Seule leur mère savait distinguer ses deux perles de bonheur. Dans un abri, après une rafle à Gorlitsa, seize adultes et deux enfants étaient restés silencieux deux jours durant, sous terre. Gershon et Hatskel, âgés d'un an et demi avaient été drogués avec des somnifères pour qu'ils ne pleurent pas, qu'ils n'éveillent pas l'attention. Mais les Allemands n'avaient pas eu besoin de pleurs. Quelqu'un les avaient dénoncés.
.../...
Juste avant d'accéder à la lumière pour être fusillée, leur mère avait jeté les jumeaux dans une citerne vide.
Inanimés, ils y étaient restés un temps infini.
.../...
Lorsque l'un d'eux se mit à pleurer, quelqu'un entendit les sanglots et se faufila jusqu'à la cachette. Il trouva un jumeau en larmes mais en vie, et un autre mort.
Personne ne sut lequel des deux était resté vivant. Gershon ou Hatskel.
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Chacun dans le quartier avait deux passés : "Pendant la guerre" et "Avant la guerre." Le présent et l'avenir étaient relégués au second plan. Chacun connaissait les histoires de tout le monde. Éclaircies peu à peu élucidées en profondeur. Les gens vivaient avec. Rien n'avait été perdu, rien n'avait vieilli. Lorsque mourait le dépositaire d'une histoire, elle se perpétuait sans lui, et s'appuyait sur d'autres, à droite, à gauche, poursuivant son chemin, en rangs. Comme dans les camps - cinq par cinq, les faibles soutenus par les forts, en avant marche !
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.../...
Dans les livres défilaient Auschwitz et Buchenwald, Treblinka et Maidanek. Gravés pour l'éternité dans un système solaire dont la carte se dessinait peu à peu. Les questions brûlantes partaient désormais dans deux directions. Non plus seulement : "Papa, que t'est-il arrivé lors de la rafle de Bochnia ? ", mais aussi que faisait le commandant du camp de Magdeburg avec son chien aux prisonniers ? ". Non plus seulement : "Pourquoi le mari d'Adalé Gronner est-il allé se plaindre à un général nazi du trop entreprenant commandant du ghetto ? ", mais encore "quelle différence y avait-il entre le camp proprement dit de Bergen-Belsen et le camp de transit ? ". A notre âge toutes ces questions nous dépassaient. Nous collections les étoiles, les comètes ; plus tard nous en comprendrions l'ordonnancement.
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