Avec,
Au soleil, on aborde un
Maupassant méconnu des manuels scolaires. le texte est intéressant car significatif de la mentalité d'une époque, à laquelle l'auteur adhère pleinement, presque sans distanciation.
Guy de Maupassant ne sait rester immobile dans
une vie trop routinière et bourgeoise. C'est ce qui motive son apologie du voyage, avec sans doute aussi un fond dépressif qu'il tente de tromper par le mouvement. Il a toujours rêvé de séjourner en Afrique. En 1881, son désir se concrétise. Il passe alors 7 ou 8 semaines en Algérie. Il rend compte de ses impressions dans son récit
Au soleil.
La traversée en paquebot, sur l'Abd-el-Kader, est assez brève.
Maupassant en traduit l'atmosphère expectative, et l'immensité de l'espace sous le ciel étoilé.
A l'arrivée, c'est la lumière qui impressionne l'auteur, ainsi que l'architecture de la ville. Il est assailli par les gamins et la population pauvres et sales. L'histoire de la colonisation du pays est présente dans l'urbanisme. Quartiers européens et arabes se distinguent de façon évidente.
Maupassant dénonce la façon dont les colons ont imposé un style qui n'est pas adapté au pays sans chercher à connaître et à comprendre la culture indigène.
Mais
lui-même, lorsqu'il aborde le sujet du Ramadan, tient des propos choquants. Il ne montre aucun respect pour les coutumes des autochtones, et ses descriptions sont même insultantes. Les ciels nocturnes et les danses des prostituées
lui inspirent plus d'admiration.
Maupassant découvre des terres arides et désertiques, il en évoque très bien l'air suffocant qu'il y respire. Les tensions y sont grandes, la violence semble prête à exploser.
Alors que les mouvements LGBT apportent une ouverture des esprits ou au moins une tolérance des moeurs homosexuelles aujourd'hui,
Maupassant, au XIX ème siècle, s'étonne de voir en Algérie ces pratiques totalement acceptées par la société. Il y consacre, gêné, tout un passage et là encore, les termes employés choqueront les lecteurs contemporains.
Maupassant décrit, exemples à l'appui, le peuple arabe comme menteur, fourbe, voleur et cruel.
L'auteur n'hésite pas à partir à l'aventure dans des territoires reculés à cheval. Il s'émerveille des teintes qui baignent les paysages. Il raconte la vie de nomade, détachée de tout. Il y a de la poésie et de l'humour dans son texte. Il goûte certains des mets qui
lui sont servis et va jusqu'à en donner la recette. Il fait aussi l'expérience épouvantable d'un ouragan dans le désert, celle du mirage dans la région des lacs de sel, et du son des sables qui volent sur les dunes. Il n'est étrangement pas impressionné par les scorpions, la vipère léfaa et autres bestioles.
Des ossements de chameaux ponctuent la traversée des dunes.
Maupassant mentionne une scène insoutenable pour le lecteur occidental contemporain, celle d'un chameau abandonné à son agonie en plein désert.
Lui succède une description détaillée d'une oasis et de son système d'irrigation.
Maupassant use du contraste pour souligner le caractère paradisiaque de l'endroit. Il effectue une sorte de travelling sur les toits plats de la ville et en dresse un très beau tableau. Mais toujours, au détour d'une phrase, le lecteur doit être prêt à se heurter à de bien malheureuses évocations, comme par exemple celle de la "femme arabe du peuple ", "ce paquet informe de linge sale ". Plus loin, c'est la race juive qui fait les frais de ses outrageux qualificatifs.
Maupassant explique comment les colons français sont envoyés sur des lots de terre déjà exploités par les indigènes. Ces derniers en sont expulsés ou alors deviennent les ouvriers des français. L'écrivain se révolte de l'administration française du pays.
Sa route le conduit ensuite vers le littoral. Il est alors confronté à un gigantesque incendie. On ne peut faire le rapprochement avec les feux maintenant récurrents en France, dûs au changement climatique. Mais dans le contexte d'alors, il semble qu'il s'agisse plutôt d'incendies volontaires, allumés par une population exaspérée.
Maupassant envisage l'avenir d'une Algérie entièrement colonisée, dont la population d'origine aura disparu! Tel était l'objectif de la colonisation française...
Le voyage se termine à Constantine, au charme oriental.
Trois textes sans aucun rapport suivent – tous des récits de voyage:
Il s'agit de Aux eaux, journal du marquis de Roseveyre. La destination est Loëche dans les Alpes. le marquis s'y rend pour un mois avec une jeune prostituée que tout le monde prend pour sa femme, mais qu'il abandonne comme convenu une fois le séjour terminé.
Le texte suivant est consacré à la Bretagne. Curieusement, l'auteur déplore n'avoir aucun guide qui puisse orienter sa déambulation en ces terres inconnues. Il prend le parti de suivre la côte. P
luie et légendes, le récit tient presque du stéréotype, avec le personnage du pêcheur alcoolique, et de la mer redoutable qui recrache ses noyés.
Le dernier texte est une visite au Creusot.