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Gérard Delaisement (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070374502
352 pages
Gallimard (14/03/1983)
4.03/5   366 notes
Résumé :
Un autre Maupassant que celui des contes normands et de "La Maison Tellier". Un Maupassant qui, à travers l'histoire du peintre Olivier Bertin, projette son obsession du déclin, tente de se libérer de l'angoisse qui saisit tout créateur lorsque s'approche l'heure du bilan. Histoire d'un homme qui cherche à retrouver dans la fille de sa maîtresse sa jeunesse perdue, Fort comme la mort est aussi un grand roman social qui analyse les mécanismes et les rites de ce mond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 366 notes
Comme vous peut-être, j'apprécie énormément les nouvelles De Maupassant, mais mon plaisir est encore plus grand lorsque je me plonge dans l'un des trop rares romans de ce grand écrivain.

"Fort comme la mort" aborde quelques uns de mes thèmes favoris : la vieillesse, la peur du déclin et de la mort, et surtout la fidélité amoureuse à l'épreuve du temps.

"Fort comme la mort" est un concentré de psychologie humaine qui entrecroise deux triangles amoureux : celui plutôt classique d'un adultère, un second plus rare d'un homme qui s'éprend de la fille pour perpétuer l'amour qu'il porte à la mère.

Dans le cadre bourgeois et demi-mondain déjà exploré avec brio dans "Bel-Ami", Maupassant brosse les scènes de la vie quotidienne des nantis parisiens tout en apportant son analyse fine du sentiment amoureux, lui donnant ici un esthétisme tout pictural puisque son personnage principal est peintre.

Comme Irène Némirovski le traitera plus tard en profondeur dans son superbe "Jézabel", le thème du vieillissement de la femme - lié à celui de la crainte obsédante de perdre sa beauté - met en perspective la force ou la faiblesse des liens sentimentaux qu'elle entretient avec ses proches. Les émotions très humaines ressenties et exprimées par Annie sont légitimes, poignantes et accessibles à la compréhension de tous. Maupassant cherche la femme dans plusieurs de ses nuances et par là même trouve son lecteur attentif et empathique. Conquis.


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Olivier Bertin est un peintre mondain du 19ème siècle. Il évolue dans les milieux aristocratiques parisiens et entretient depuis longue date une liaison avec la comtesse Any de Guilleroy.
Au fil des années, leur passion se transforme peu à peu en amitié amoureuse, d'autant plus que le peintre à succès n'est pas insensible au charme de la fille de la comtesse, Anna, qui ressemble étrangement à sa mère au moment où Bertin l'a rencontrée.
D'où un lent glissement de leur relation. La comtesse supporte mal d'être mise en concurrence avec sa propre fille.
Quant à Olivier Bertin, celui-ci tente de surmonter son obsession du déclin et de se libérer de l'angoisse de l'artiste face au bilan qu'il doit faire tôt ou tard sur son oeuvre.
C'est un roman très subtil sur l'usure des sentiments, c'est aussi un roman social qui analyse les rouages de cette société privilégiée de l'époque.
Un roman avec ses touches d'humour, comme l'évocation des peintres dissidents de l'époque que l'on appelait les "Intempérants" et d'autres détails savoureux comme la complainte des grandes dames face à leurs problèmes d'embonpoint (déjà à l'époque!!) et leurs recettes pour perdre du poids.
La dimension politique n'est pas absente puisque on y voit même les visées de Bismarck en Europe...
Un très beau roman, fort et profond, qui mérite bien son titre, et injustement moins connu que certaines autres oeuvres De Maupassant.
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« Cet amour est devenu quelque chose d'irrésistible, de destructeur, de plus fort que la mort. » ● Olivier Bertin est un peintre célèbre, portraitiste des femmes de la bonne société parisienne. Un jour, il reçoit la comtesse Anne de Guilleroy pour faire son portrait et tombe éperdument amoureux d'elle, qui est mariée à un député de la noblesse normande et a une petite fille de six ans, Annette. Ils deviennent amants… ● Quand on connaît et apprécie la vivacité De Maupassant nouvelliste, on ne peut qu'être déçu par ce roman d'analyse psychologique qui n'en finit pas, même si l'étude du vieillissement nécessitait une certaine étendue, et même s'il peut à certains égards préfigurer Proust (dans ce qu'il a de moins bon). ● On peut même citer ce passage qui donne un avant-goût de la madeleine : « Que de fois une robe de femme lui avait jeté au passage, avec le souffle évaporé d'une essence, tout un rappel d'événements effacés ! Au fond des vieux flacons de toilette, il avait retrouvé souvent aussi des parcelles de son existence ; et toutes les odeurs errantes, celles des rues, des champs, des maisons, des meubles, les douces et les mauvaises, les odeurs chaudes des soirs d'été, les odeurs froides des soirs d'hiver, ranimaient toujours chez lui de lointaines réminiscences, comme si les senteurs gardaient en elles les choses mortes embaumées, à la façon des aromates qui conservent les momies. » ● Sans doute cette histoire aurait-elle pu donner une excellente nouvelle, mais tout est trop étiré pour en faire un bon roman, malgré la beauté formelle de son style, et je me suis ennuyé.
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"Jamais deux sans trois". Après deux déceptions, "l'Appel de l'ange" et "Maintenant qu' il fait tout le temps nuit sur toi", telle une femme volage je reviens à mes premières amours. Guy de Maupassant. Et là, Je ne m'ennuie pas, je m'abîme dans l'ennui. Entre une comtesse qui scrute à la loupe la moindre ride, et son amant vieillissant qui ne trouve rien de mieux à faire que de s'énamourer de sa fille, jeune fille dont il pourrait être le père, sinon le grand-père, c'est tout simplement grotesque et pathétique. Loin d'y voir un amour "fort comme la mort ", puisque tel est le titre de ce roman, et tel est le sentiment que ce monsieur est censé concevoir
pour cette adolescente , j'y ai plutôt vu le démon de midi.
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Récit de l'amour d'un homme pour sa maîtresse, femme mariée, puis du report insidieux de cet amour pour la fille de cette femme. Femme qui voit sa beauté décliner, et d'autant plus décliner qu'elle vit dans la torture de ce nouvel amour qu'elle devine chez son amant bien avant que celui-ci ne s'en aperçoive.
Il est très peu question de désir charnel, tout semble relever de la douceur d'aimer et éventuellement de se savoir aimé. Tout est dit en délicatesse. Aussi bien l'amour partagé de nombreuses années entre les deux amants, que le glissement des sentiments depuis une femme mûre (selon les critères de l'époque) et toujours aimée vers une jeune fille qui ressemble tant à sa mère.
Les protagonistes évoluent dans le monde des aristocrates, mais je crois que le drame de cet homme qui veut retrouver sa jeunesse grâce à une jeune fille qui lui rappelle son grand amour tout en étant différente, et de cette femme qui voit son unique amant s'éloigner d'elle à mesure que le temps passe et la laisse un peu moins séduisante aurait pu naître dans un autre milieu. C'est le mal partagé par tous avec plus ou moins de souffrance.

Challenge 19ème siècle
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Citations et extraits (134) Voir plus Ajouter une citation
– Quelle drôle d’idée vous avez là ?
– Quelle idée ?
– De me demander cinq mille francs.
– Rien de plus naturel. Nous sommes étrangers l’un à l’autre, n’est-ce pas ? Or vous me désirez. Vous ne pouvez pas m’épouser puisque nous sommes mariés. Alors vous m’achetez, un peu moins peut-être qu’une autre.
Or, réfléchissez. Cet argent, au lieu d’aller chez une gueuse qui en ferait je ne sais quoi, restera dans votre maison, dans votre ménage. Et puis, pour un homme intelligent, est-il quelque chose de plus amusant, de plus original que de se payer sa propre femme. On n’aime bien, en amour illégitime, que ce qui coûte cher, très cher. Vous donnez à notre amour... légitime, un prix nouveau, une saveur de débauche, un ragoût de... polissonnerie en le... tarifant comme un amour coté. Est-ce pas vrai ?
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Votre lettre m’aurait fait du bien, mon ami, si quelque chose pouvait me faire du bien en ce malheur horrible où je suis tombée. Nous l’avons enterrée hier, et depuis que son pauvre corps inanimé est sorti de cette maison, il me semble que je suis seule sur la terre. On aime sa mère presque sans le savoir, sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre ; et on ne s’aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu’au moment de la séparation dernière. Aucune autre affection n’est comparable à celle-là, car toutes les autres sont de rencontre, et celle-là est de naissance ; toutes les autres nous sont apportées plus tard par les hasards de l’existence, et celle-là vit depuis notre premier jour dans notre sang même. Et puis, et puis, ce n’est pas seulement une mère qu’on a perdue, c’est toute notre enfance elle-même qui disparaît à moitié, car notre petite vie de fillette était à elle autant qu’à nous. Seule elle la connaissait comme nous, elle savait un tas de choses lointaines insignifiantes et chères qui sont, qui étaient les douces premières émotions de notre cœur.
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MADAME DE SALLUS : Mon cher, vous rêvez !... S’il était amoureux de la Santelli, il ne me dirait pas qu’il m’aime... S’il était éperdument préoccupé de cette cabotine, il ne me ferait pas la cour, à moi. S’il la convoitait violemment, enfin, il ne me désirerait pas, en même temps.

JACQUES DE RANDOL : Ah ! comme vous connaissez peu certains hommes ! Ceux de la race de votre mari, quand une femme a jeté en leur coeur ce poison, l’amour, qui n’est pour eux que du désir brutal, quand cette femme leur échappe, ou leur résiste, ils ressemblent à des chiens devenus enragés. Ils vont devant eux comme des fous, comme des possédés, les bras ouverts, les lèvres tendues. Il faut qu’ils aiment n’importe qui, comme le chien ouvre la gueule et mord n’importe qui, n’importe quoi. La Santelli a déchaîné la bête et vous vous trouvez à portée de sa dent, prenez garde. Ça de l’amour ? non ; si vous voulez, c’est de la rage.
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On suivait à présent l’avenue du Bois de Boulogne, au milieu du bruit et de l’agitation des roues. Les équipages, un peu moins serrés qu’avant l’Arc de Triomphe, semblaient lutter dans une course sans fin. Les fiacres, les landaus lourds, les huit-ressorts solennels se dépassaient tour à tour, distancés soudain par une victoria rapide, attelée d’un seul trotteur, emportant avec une vitesse folle, à travers toute cette foule roulante, bourgeoise ou aristocrate, à travers tous les mondes, toutes les classes, toutes les hiérarchies, une femme jeune, indolente, dont la toilette claire et hardie jetait aux voitures qu’elle frôlait un étrange parfum de fleur inconnue.
- Cette dame-là, qui est-ce ? demandait Annette.
- Je ne sais pas, répondait Bertin, tandis que la duchesse et la comtesse échangeaient un sourire.
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Ainsi il adorait les bêtes, les chats surtout, et ne pouvait apercevoir leur fourrure soyeuse sans être saisi d'une envie irrésistible, sensuelle, de caresser leur dos onduleux et doux, de baiser leur poil électrique.
L'attraction qui le poussait vers la jeune fille ressemblait un peu à ces désirs obscurs et innocents qui font partie de toutes les vibrations incessantes et inapaisables des nerfs humains.
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