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EAN : 9782228889452
219 pages
Payot et Rivages (06/09/1995)
3.65/5   40 notes
Résumé :

Qui étaient les Celtes ? Des barbares grossiers que Rome a convertis, par le glaive d'abord, par la persuasion ensuite, à la civilisation ? Ou bien une aristocratie militaire brillante, conduite par des chefs spirituels, les druides, détenteurs de la plus haute initiation, et que Rome a délibérément détruite ?

Les Celtes apparaissent enfin ici pour ce qu'ils furent réellement : des peuples différents, ayant sur la religion, la société, l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ouvrage ardu, toujours de référence même s'il date de 1990.
Voilà des auteurs qui n'ont pas la langue dans la poche. Il suffit de lire les premières pages pour comprendre qu'ils n'apprécient pas du tout les analyses de leurs contemporains sur les Celtes. Ils envoient aussi une volée de bois vert sur les commentateurs de l'époque gauloise qui poussaient les outrances le plus loin possible pour dénigrer les vaincus d'Alésia.
Alesia, symbole du déclin continental des Celtes, même s'il a fallu un siècle et demi pour les assujettir militairement et politiquement.
Aujourd'hui, le problème majeur de l'histoire des Celtes est qu'il n'y a pas d'écrits de Celtes et que ce sont leurs ennemis qui l'ont écrite, cette histoire.

Toutefois, les auteurs attachent une grande importance au "De bello gallico" de César qui a su décrire, même sommairement, une civilisation, même s'il ne la comprenait pas.
Une source d'informations importantes vient des écrits d'Irlande, où une communauté celte, résistante à la romanisation et préservée des barbares jusqu'au VIII ème siècle a conservé des mythes celtes, très difficile à traduire, mais ils ont le mérite d'exister grâce, paradoxalement, à la christianisation qui a introduit au relais de l'oral, l'écriture. Ce sont des moines irlandais puis gallois qui nous ont transmis ces mythes.

J'ai appris que le breton, parlé encore aujourd'hui en Armorique, n'était pas du gaulois mais une langue apportée par des immigrants du Devon à partir des IVème et Vème siècle. Pour preuve, le cornique et le breton sont paraît-il très proches. le breton fait partie des langues celtiques tout comme l'irlandais, le gaélique d'Ecosse, le manx et le gallois.

Nous sommes loin d'une balade tranquille à travers les âges avec un récit linéaire justifié, croisé par des sources différentes. Toutefois, l'auteur est persuadé de l'importance de la civilisation celte grâce à la toponymie. Les noms des grandes villes (Lug devenu Lyon) et de quelques fleuves, en France aussi, sont d'origines celtes. Des mots gaulois sont restés: jambe, charrue, gouge et des noms liés aux techniques de l'agriculture et de l'artisanat.
Les auteurs insistent sur la non infériorité de cette civilisation par rapport aux autres. Ce fut une société organisée et solide basée sur une classe guerrière, une classe sacerdotale et une classe productrice non soumise, dont les artisans étaient honorés.
Peut-on parler d'égalité des sexes? Peut-être: pas de polygamie ou de polyandrie chez les Celtes.
La femme peut hériter, jouir de ses biens, exercer une profession, avoir sa propre domesticité et a même accès au sacerdoce pour y exercer l'art de la prophétie. Et, comme les hommes, les femmes propriétaires de biens doivent un service ...militaire.
Les druides étaient les personnages les plus importants; ils incarnaient la primauté de l'autorité spirituelle sur le pouvoir temporel représenté par les rois celtes.
Cette conception les a fait rejeter l'écrit, trace temporelle trop restrictive, pour transmettre oralement leurs mythes immuables et donc intemporels.
Et C.J. Guyonvarc'h et F. le Roux de conclure que "Le Celte ne craignait ni la mort ni l'écrasement historique de l'Histoire."
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Cet ouvrage tente de rétablir des vérités sur la civilisation celtique et évite tout "folklorisme" et autre attachement au "néo-druidisme". Amateurs des livres de Jean Markale par exemple, soyez prévenus qu'ici le propos est autrement plus ardu à suivre (Christian-J. Guyonvarc'h a par ailleurs vivement critiqué "L'épopée celtique" de celui-ci).
Les auteurs rappellent avant tout sur quelles sources ils bâtissent leur livre, montrant que finalement on sait peu de chose de cette civilisation qui n'a rien à envier à leurs yeux aux civilisations grecques ou romaines puisqu'elle n'est pas plus ou moins intéressante, développée... mais tout simplement autre.
Tout est passé en revue depuis l'ère géographique occupées par les Celtes, leurs origines, l'organisation de la société, l'importance du pouvoir religieux...
La linguistique occupe une part importante et j'avoue ne pas avoir suivi les différentes démonstrations des auteurs. Toutefois l'ensemble, même si d'aucuns trouveront certainement à redire quant à certaines thèses, force le respect: nous avons incontestablement à faire à deux spécialistes, internationalement reconnus, qui veillent à recouper différentes disciplines et connaissances du moins en partie les langues celtes, pour ce que l'on en connaît aujourd'hui.
Ce que l'on appelle un ouvrage de référence.
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Pour une fois, c'est un livre simple que nous ont concocté les auteurs. C'était d'ailleurs le but, réaliser une courte introduction au monde celtique dans son entendement le plus large, de la civilisation de la Tène en terminant par le néo-druidisme, en passant par leur organisation sociétale et religieuse. On ne s'étant pas, on présente, on donne faim pour permettre de rentrer dans des livres plus complexes avec les bonnes bases.
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Les préjugés sur le monde celtique étant bien ancrés en chacun de nous, ce livre est susceptible de dérouter le lecteur au premier abord.
Ce qu'il n'est pas : un recueil de légendes et de rites que l'on associerait naïvement au druidisme. Ce qu'il est : un état de l'art des connaissances scientifiques sur une civilisation aussi importante pour la protohistoire indo-européenne que méconnue des modernes.
Avec rigueur et précision, les deux auteurs cherchent à démêler le vrai du faux, et essayent de dessiner les traits essentiels de cette civilisation à la culture fondamentalement orale, tristement engloutie après plusieurs siècles de dominantion romaine, l'expansion du christianisme, et enfin les grandes invasions qui ont façonné l'Europe du Moyen Âge. Si beaucoup de questions demeurent non résolues à propos des Celtes, c'est tout simplement parce que nous ne sommes pour l'instant pas en mesure d'en savoir plus sur ce monde lointain.
Peut-être est-il possible de reprocher un style d'écriture complexe, rendant certains passages plus ou moins obscurs pour tout non-spécialiste. Néanmoins, le travail reste remarquable et d'intérêt, avec à la clé quelques anecdotes. Comme le fait que les menhirs et dolmens n'ont rien de celtes. Ou que les Bretons de France ne sont pas des descendants des Gaulois, mais un peuple originaire de Grande-Bretagne, ayant traversé la Manche après l'invasion de l'île par les Anglo-Saxons.
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Civilisation celtique : tout un programme dans un titre ! Qu'allons-nous apprendre au cours de cette lecture ? Allons-nous rencontrer de fiers guerriers ? Qu'en étaient-ils des druides à la serpe d'or ? Enfin bref, quel était le quotidien de cette civilisation celte ?

Premier constat, ce livre est écrit à quatre mains mais les ¾ de l'essai donnent l'impression d'être le fait d'une seule personne. J'aurais par conséquent tendance à parler de l'auteur.

Donc, l'auteur part du constat qu'un peuple se définit par la langue. La langue celtique d'origine (avant l'ère chrétienne) a disparu sans laisser de support écrit. Jusque là, tout va bien. Mais est-il utile de considérer que seule sa discipline est importante ? Est-il utile de critiquer tous les autres avis ?

Et tout le problème est là. A la fin du livre, je n'ai presque rien retenu de ce peuple dont j'attendais quelques réponses aux questions que je me pose. Je n'ai l'impression d'avoir surtout lu une longue critique envers ses collègues. Plus qu'un livre instructif, c'est un règlement de compte ! Et personnellement, ce n'est pas ce que j'attends d'un livre. Donc je ne le conseillerai pas !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le sort des Celtes continentaux a été scellé à Alesia. Mais nos éléments d’appréciation sur la portée et les conséquences de cet événement sont des plus variables. La Gaule a-t-elle perdu sa liberté pour gagner en compensation la civilisation qu’elle méritait ? S’est-elle soumise à bout de forces et de sang ou, au contraire, s’est-elle laissée romaniser volontairement ? Ce serait calomnier, assurément, les équités gaulois que de penser qu’ils auraient volontiers accepté de perdre leur liberté en échange du confort de la fortune et des titres. Et si la Gaule s’est laissée romaniser volontairement, c’est qu’elle avait perdu ou qu’on lui avait aussi volé jusqu’à son âme, sort le plus indigne qu’on puisse faire subir à un vaincu. Sans trop lire entre les lignes du De Bello Gallico, ce que nous pouvons supposer de plus probable est que César s’est débarrassé de la majeure partie de la classe militaire gauloise et qu’il a domestiqué le peu qui en restait. Le douloureux dénouement d’Alesia, s’il a marqué l’histoire, est cependant plus une étape qu’un aboutissement et plus une conséquence qu’une cause.
Car c’est au moment où il atteignait sa plus grande extension que le monde celtique commençait sa décadence. Les Grecs n’y sont pour rien, si ce n’est en Galatie, encore que les Galates aient survécu à la conquête des rois de Pergame au IIIe siècle avant notre ère. Sans qu’on sache très bien pourquoi (est-ce à force d’exporter des mercenaires dans toutes les directions ?), l’infériorité militaire de la Gaule est manifeste dès le IIe siècle avant notre ère et, pour protéger son indépendance politique, religieuse et économique, il lui aurait fallu une insularité aussi lointaine que celle de l’Irlande. Les guerres orientales et les troubles qui agitent la république romaine valent aux Celtes un répit de quelques dizaines d’années. Mais Rome est devenue assez puissante pour arrêter net à Verceil les Cimbres et les Teutons et, pendant ce temps, les turbulentes tribus germaniques à la recherche de nouvelles terres affaiblissent la Gaule. César fait le reste et, en six ou sept ans, tout est terminé.
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La géographie du monde celtique est ainsi facile à décrire, du moins tant que l’on s’en tient aux généralités. Un premier centre d’expansion, après le stade des invasions indo-européennes théoriques, a été l’Europe centrale, et plus particulièrement la Bohême, à la jonction des époques de Hallstatt et de La Tène. Les ultimes mouvements dans cette région ont dû être contemporains de la conquête romaine du Norique (en Autriche) et de la Pannonie (en Hongrie). On trouve en tout cas des traces indiscutables de la présence des Celtes dans tout l’ouest et le sud de la Pologne, en Hongrie et dans les Balkans où la progression s’est faite suivant l’axe du Danube. Il est inutile d’insister ici sur l’invasion de la Grèce en 289 avant J-C. ou la prise de Rome un siècle auparavant.
Mais le principal habitat celtique, de la période de Hallstatt à la fin de celle de La Tène, a été la Gaule proprement dite, de la Manche à la Méditerranée, de l’Atlantique aux Alpes et au Rhin, et c’est de ce pays que Tite-Live, transposant en histoire le mythe du ver sacrum d’Ambigatus au VIe siècle avant notre ère, fait partir les vagues d’invasion qui recouvrirent la Forêt-Noire et l’Italie du Nord.
Quoi qu’il en soit l’invasion celtique a très vite touché la péninsule Ibérique, l’Italie du Nord, le sud de la France, toutes les régions rhénanes, de la Suisse aux Pays-Bas et, à partir de la Belgique probablement, les îles Britanniques qui devaient devenir ultérieurement l’ultime refuge de la présence celtique.
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L’apogée de la civilisation celtique se situe aux époques de Hallstatt et de La Tène (du nom des stations éponymes, respectivement en Autriche, dans le Salzkammergut, et en Suisse, au bord du lac de Neuchâtel). Elle fait suite à la civilisation des Champs d’Urnes (anciennement dite civilisation de la Lusace) qui est dans toute l’Europe l’épanouissement de l’âge du bronze et que quelques archéologues ont tendance à rattacher à la première phase de la période suivante (civilisation de Hallstatt). Mais dans quelle mesure les Champs d’Urnes ne sont-ils pas déjà celtiques ?
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Les Celtes ont été la vague occidentale des nouveaux arrivants et ils ont repoussé, détruit ou assimilé tout ce qui leur était antérieur. Nous ne dirons pas qu'il n'a rien existé avant eux et qu'il n'a rien subsisté après eux, mais nous n'en trouvons plus aucune trace sensible ou discernable autrement que dans l'outillage lithique des temps préhistoriques et dans les mégalithes qui sont bien plus anciens que la présence celtique. Les Celtes participent à part entière au phénomène indo-européen, lequel est, aux origines, le mur extrême contre lequel bute l'histoire, mur qu'on ne franchit pas sans verser dans le hasard des hypothèses et des reconstructions approximatives ou imaginaires. Après, nous savons quelque chose, avant, nous ne savons rien, hormis la vie matérielle rudimentaire ou végétative.



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Les celtes occupent cependant une place immense dans l'histoire de l'Europe ancienne (et même médiévale) : il est permis de penser qu'ils sont les principaux acteurs de la protohistoire de toute l'Europe occidental et centrale et qu'ils sont au nombre des peuples qui ont le plus préoccupé les historiens antiques. Une telle affirmation peut sembler paradoxale à une époque où les Celtes sont réduits à de petites entités historiques ou linguistique de l'extrême occident européen. Cependant, dans la Gaule antérieure à la conquête de César, l'implantation celtique ne s'explique pas indépendamment de celle des pays voisins, Espagne, Grande-Bretagne, Italie du Nord, Suisse, Belgique, Allemagne, Europe centrale et danubienne. Et a-t-on toujours exactement évalué ou reconnu la part des Bretons, insulaires ou non, dans la politique mérovingienne, celle de l'Ecosse face aux ois d'Angleterre, celle des ducs de Bretagne alliés à la Bourgogne et au Saint-Empire à la fin du XVe siècle ? L'oubli du rôle des Celtes est une constante de l'historiographie européenne, comme si l'on avait peine à croire que cs "barbares", tardivement christianisés, ont sauvé la culture classique de la nuits des temps mérovingiens, ou bien encore comme si les survivances celtiques postmédiévales étaient une fausse note de l'histoire.
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>Histoire du monde ancien>Pays d'Europe au nord et à l'ouest de l'Italie, (jusqu'à 499).>Gaule, régions celtiques (47)
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