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Critique de lorenlo


Une économie globalisée avec de prospères cités marchandes, des empires florissants et des civilisations - mycénienne, hittite, égyptienne, assyrienne, babylonienne, cananéenne, etc. - qui se côtoient, commercent, s'enrichissent - ou se font la guerre - mais dans une interconnexion croissante. «L'âge du bronze récent», comme l'appellent les historiens, cette longue période allant de 1700 à 1100 avant J.-C. fut en Méditerranée orientale un véritable âge d'or de l'histoire mondiale. Toutes ces civilisations se sont effondrées au même moment, entre le XIIe et le XIe siècle avant J.-C., et les historiens comme les archéologues ont multiplié les hypothèses.

«Il n'existe dans l'histoire que quelques cas de tels systèmes mondiaux globalisés», note l'historien et anthropologue américain Eric H. Cline, soulignant que «la magnitude de la catastrophe fut gigantesque et que le monde ne connaîtra pas de pertes d'une telle ampleur avant la chute de l'empire romain 1 500 ans plus tard». Certes, ce monde de l'âge du bronze récent tout comme l'empire romain n'a pas disparu en un jour et le processus a pris quelques décennies. Cline n'en a pas moins choisi l'année 1177 avant J.-C., huitième année du règne de Ramsès III, «comme la plus représentative de cette période d'effondrement». Date aussi symbolique que l'est celle de 476 pour la chute de l'empire romain d'Occident.

«Nous avons avons beaucoup à apprendre des vestiges de civilisations pareillement interconnectées qui se sont effondrées il y a trois mille ans», écrit Eric H. Cline. Sa recherche, qui s'appuie sur de nombreuses sources historiques et archéologiques, est fascinante d'abord de par son approche globale, étudiant ces civilisations de la Grèce, de l'Asie mineure ou du Nil dans leur interdépendance, qui fut l'une des principales causes de leur effondrement, après avoir été la source de leur richesse. Longtemps les historiens avaient privilégié l'hypothèse d'invasions dévastatrices de pillards et prédateurs encore aujourd'hui mal identifiés, des «peuples de la mer», explicitement évoqués comme tels dans les inscriptions égyptiennes. L'explication paraît néanmoins un peu courte pour un tel cataclysme. «Il est bien plus probable qu'une concaténation d'événements à la fois humains et naturels, notamment un changement climatique, la sécheresse, des catastrophes sismiques en série, des révoltes intérieures et un effondrement systémique, se sont cumulés», souligne l'historien qui reconstitue tous les éléments ayant conduit cet âge à sa perte.

La concomitance des catastrophes sur quelques décennies est impressionnante. Mais les guerres civiles ou les invasions, qui par le feu et les combats ont dévasté en quelques années Hattusa, la capitale hittite, la riche cité d'Ougarit ou la ville de Troie, semblent avoir été les contrecoups d'une catastrophe économique préalable avec un effet domino. «Etant donné le caractère globalisé de leur monde, l'effet de l'effondrement d'une seule société sur les routes commerciales et les économies, écrit Eric H. Cline, pouvait avoir des effets dévastateurs suffisants pour conduire à la disparition des autres.»
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