- (...) Cet amour, ça déborde de moi, je ne suis pas assez grand pour tout contenir.
Inodore, incolore et sans saveur… je suis en train de me dissoudre dans le néant, et personne ne s'en aperçoit. Je ne crie pas, je ne fais pas de vagues, je me noie en silence.
Des gouttes d'eau de mer scintillent sur ses joues, au bout de ses cils, sur ses lèvres... timidement je l'embrasse. Juste un chaste baiser, mes lèvres sur les siennes, je les frôle, les goûte...C'est mon premier baiser. Notre premier baiser.
Du bout de la langue, j'attrape au coin de sa bouche une gouttelette salée. Je caresse ses lèvres, lentement. Il les entrouvre, sa langue vient goûter la mienne. Elles se touchent, se découvrent, s'apprivoisent...c'est frais, doux, mouillé, salé, c'est merveilleux. Bouleversant
Je décide de sortir ce fichu cahier, que j'ai du mal à appeler journal intime. Intime, il l'est pourtant (...)
- (...) Je suis pas homo, moi. J'aime pas les garçons, c'est toi que j'aime.
(...) je suis un handicapé de la verbalisation.
Ces pages blanches, vides, lisses, me donnent comme un vertige. Trop vides, comme mon avenir... ou trop pleines de possibles.
-Non, ça veut rien dire. Je ne suis pas homo, moi. J’aime pas les garçons, c’est toi que j’aime.
Tout me prédisposait à être le souffre-douleur et la tête de Turc de mes condisciples à l'école, sauf peut-être mon physique de jeune premier, qui semblait adoucir même malgré elles toutes les petites brutes de l'école
primaire et plus tard, du collège. Pas cette beauté trop féminine qui suscite le meilleur comme le pire, juste ce quelque chose qui attirait les autres, sans les choquer pour autant ni leur serrer le cœur sur des sentiments troubles,juste comme une belle icône.
La grossièreté, la vulgarité m'insupportaient, c'était pour moicomme une agression.