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EAN : 9782213721323
448 pages
Fayard (03/11/2021)
3.62/5   527 notes
Résumé :
Paris 1920. À son retour des tranchées, Victor
Dessange, ancien de la Mondaine, intègre la
brigade Criminelle. L’ambiance à la capitale est
électrique – entre grèves à répétition et affrontements
entre communistes et anarchistes d’un côté
et royalistes de l’Action française de l’autre. Des
clandestins de l’Internationale affluent de partout,
tandis que les empires coloniaux se fissurent.
Dans un tel contexte, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 527 notes

En tournant la dernière des 445 pages de ce roman, on comprend le choix des membres du jury qui ont décerné le Prix du Quai des Orfèvres 2022 à Véronique de Haas.
L'auteure a effectivement réussi un exploit, qui aurait pu aussi bien recevoir l'un ou l'autre prix littéraire prestigieux français.

Son ouvrage est, en effet, exceptionnellement ambitieux : nous raconter les péripéties d'un tueur à gages à Paris en 1920 et l'enquête de toute une équipe de policiers dans un contexte historique rigoureusement correct.

Le récit a respecté scrupuleusement le climat et la réalité politique, le fonctionnement des institutions judiciaires et policières, ainsi que les procédures d'interaction dans les limites de leurs compétences spécifiques, il y a tout juste un siècle.

Par ailleurs, le lecteur a droit à la confrontation entre d'une part syndicalistes, socialistes, anarchistes et communistes et d'autre part l'extrême droite de l'époque et les Camelots du roi dans une IIIe République douloureusement appauvrie et perturbée par 4 longues années de guerre.

"La Muse Rouge" soulève en plus la question du colonialisme, en l'occurrence d'importants investissements d'ordre infrastructurel au Congo Brazzaville, mais à spéculation purement capitaliste.

Sur l'après-guerre en l'Allemagne de Weimar (1918-1933) il existe une abondante littérature, sur la France pendant la même période nettement moins et un roman policier situé au tout début de ces années fatidiques fait figure d'oiseau rare.

Le récit démarre le 6 janvier 1920 avec le meurtre sauvage à coups de couteau de Gabrielle Arevaste, "Gabie", une insoumise ou fille publique non enregistrée officiellement.

Deux jours après c'est le tour du diplomate chinois Li à la maison close La Fleur Blanche et de la tapineuse Apolline qu'on retrouve nue et le corps affreusement tailladé de coups de couteau à l'instar de celui de Li.

Cinq autres victimes suivront, dont 2 en Bretagne et 2 au Havre, qui mettront les nerfs des responsables de la Brigade criminelle de la capitale à bout pour arrêter l'oeuvre d'un assassin particulièrement féroce et sadique.

La Brigade criminelle dispose heureusement d'un trio d'inspecteurs intelligents et imaginatifs qui font preuve d'audace et de courage exemplaires.

Le style du livre, écrit dans un Français et argot de l'époque, contribue incontestablement à l'authenticité du récit, mais ne rend pas la lecture plus simple pour autant. Je dois avouer que de tous les termes anciens, expliqués en note de bas de page, comme "camarder" (mourir), "chourineur" (assassin), "chevillard" (boucher en gros) par exemple, je n'en connaissais strictement aucun.

L'explication de ces termes et les nombreux renvois historiques ralentissement fatalement quelque peu le rythme du récit, mais le mettent assurément à un niveau de qualité supérieure.
Je ne peux qu'admirer le travail exceptionnel de recherches et d'écriture de Véronique de Haas.

Un passage me restera longtemps en mémoire : le 27 janvier 1920 au Père-Lachaise le double enterrement d'une pauvre victime du tueur et de celui du peintre Amedeo Modigliani.
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Véronique de Haas avec la muse rouge nous livre un polar historique cousu main. Un bel ouvrage !
Le roman se situe au lendemain de la première guerre mondiale, des hommes essaient de continuer à vivre ou revivre après les atrocités des tranchées.
C'est le cas de Victor, jeune inspecteur à la brigade criminelle qui va devoir élucider de multiples crimes. le roman nous plonge dans un Paris des années 20, dans la misère urbaine, à travers la prostitution. Que ce soit dans l'univers " ouaté" des maisons closes chics comme le Chabanais jusqu'aux infâmes claques de la Mujol.
C'est de là que la première prostituée : Gaby est assassinée. Et, nous faisons connaissance d'un enfant des rues: Pierrot qui a perdu ses parents pendant la guerre et survit grâce à l'affection d'une prostituée.
Le roman se complexifie très vite, et l'affaire que doit résoudre notre jeune inspecteur est délicate.
S'y mêle les pouvoirs et les intérêts de différents ministères comme celui de la Sûreté et celui des colonies.
On suit le déroulé de cette enquête minutieuse avec beaucoup de plaisir. S'y découvre aussi la Muse rouge, des chansonniers anarchistes révolutionnaires qui rêvent du grand soir et de liberté.
Au final, ce policier se dévore rapidement et l'on est un peu triste d'en avoir fini la lecture si vite.
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Revenu handicapé de la guerre de 14-18, l'inspecteur Dessange a trouvé un poste à la brigade Criminelle.
Au début des années 1920, il enquête sur le meurtre de deux prostituées et celui d'un diplomate chinois, mais il apparaît très vite que d'autres assassinats sont certainement imputables au même coupable.
Entre affairisme, extrême-droite et ultra gauche(s), il faudra beaucoup de perspicacité et d'humanité à l'inspecteur et à ses deux adjoints pour dénouer les fils de l'intrigue.

Je ne suis pas un grand fan des polars historiques, mais je dois reconnaître que celui-ci m'a autant ravi que Requiem pour une République de Thomas Cantaloube, qui lui se déroule juste après la deuxième guerre mondiale. La faute sans doute à l'autrice, professeur de lettres passionnée d'histoire du XXème siècle et notamment de l'entre-deux guerres.
L'intrigue est tordue à souhait, mélangeant tous les ingrédients explosifs de l'époque ; à ceux déjà cités (affairisme, ultra gauche et extrême-droite) il convient d'ajouter l'extrême pauvreté, le colonialisme et, déjà, l'aspiration de populations africaines à l'indépendance.
Les personnages sont hauts en couleur ; peut-être manquant parfois de nuances, trop entièrement bons ou trop exclusivement méchants... Mais leurs portraits dressent celui d'une époque qui fut dure, et qu'on n'a assurément pas envie de revivre.
L'écriture n'est pas si facile. L'utilisation d'un vocabulaire de l'époque, aujourd'hui oublié, ou de formulations populaires éloignées du "bon français" auraient pu dérouter. Ce n'est pas le cas, et ce n'est pas si fréquent. le livre se lit bien, ni trop facilement, ni avec prises de tête.
Quand on me l'a offert, ce livre avait a priori deux défauts : polar historique et prix du Quai des Orfèvres. J'ai souvent été déçu par ce prix ; le polar de Véronique de Haas me réconcilie un peu avec lui.

Un excellent polar historique !


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Une excellente surprise avec ce roman policier qui se déroule à Paris en 1920.

Une prostituée est retrouvée morte au petit matin par Pierrot, un orphelin , dans une rue mal famée de la capitale, ce meurtre passe inaperçue et la pauvre fille est vite enterrée .Par contre , lorsqu'un diplomate chinois est assassiné dans une maison de passe luxueuse et qu'on découvre également le corps d'une autre prostituée à coté , cela remue les services de la brigade criminelle...

L'enquête est confié à Victor Dessange, ancien officier blessé pendant la récente guerre , blessure dont il garde une boiterie . Il est secondé par Maximilien , jeune recrue plein d'enthousiasme.

L'intrigue est très bien menée avec de nombreux rebondissements, entrainant le lecteur dans de multiples lieux de Paris, maisons de passe de luxe ou bordels miteux, immeubles cossus ou taudis infâmes, et dans des milieux variés , politiques aux dents longues , aux pratiques douteuses et aux appétits colonialistes sans état d'âme, cercles anarchistes actifs accueillants les anarchistes chassés de leur pays et les syndicalistes avec une peinture haute en couleur de cette époque troublée de l'après-guerre , où tout semble possible, où tout se côtoie, la misère et l'argent facile , les milieux royalistes et les grévistes ...

Les personnages sont attachants, que se soit Victor ou Max, les femmes aussi ne sont pas en reste , prostituées au grand coeur ou cousette amoureuse, anarchistes traqués , sans oublier bien entendu Pierrot découvrant la vie .

J'ai apprécié à la fin de chaque chapitre le petit lexique bienvenu des mots d'argot. L'affaire criminelle est élucidée mais comme il reste encore beaucoup d'interrogations en suspend , on peut imaginer qu'il y aura une suite ...
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Pour faire baisser ma PAL j'ai lu La Muse Rouge de Véronique de Haas, qui a obtenu le Prix des Orfèvres 2022.
Paris 1920. À son retour des tranchées, Victor Dessange, ancien de la Mondaine, intègre la brigade Criminelle.
L'ambiance à la capitale est électrique – entre grèves à répétition et affrontements entre communistes et anarchistes d'un côté et royalistes de l'Action française de l'autre. Des clandestins de l'Internationale affluent de partout, tandis que les empires coloniaux se fissurent.
Dans un tel contexte, les meurtres successifs de plusieurs prostituées peinent à apparaître comme des affaires prioritaires. Jusqu'à ce que ce soit non plus une belle-de-nuit, mais un client, représentant officiel de la République de Chine, qui trouve la mort dans une maison close.
Chargé de l'enquête, Victor tente de démêler un écheveau qui le mènera d'une colonie pénitentiaire pour enfants en Bretagne à l'attaque d'un convoi d'or au Maroc, dont ni les coupables ni le butin n'ont jamais été retrouvés.
La Muse Rouge est un roman policier historique mettant en scène un tueur en série dans la France des années 1920.
Je félicite l'autrice pour tout le travail de recherche fait autour de ce roman car j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver cent ans en arrière, à une époque bien différente de la notre, juste après la première guerre mondiale. C'est très crédible autant au niveau du cadre que du franc parler. Petit plus : c'est très vivant car il y a même des chants d'époque. J'ai été bluffée.
L'histoire est bien ficelée. Nous suivons Victor, un policier qui revient des tranchées. Il va devoir trouver qui a bien pu assassiner un client d'une maison close, mais aussi certaines prostituées. Se pourrait t-il qu'il y ai un tueur en série ?
Les personnages sont très intéressants. Aussi bien Victor que Marie, son amie. Ou encore Louison, qui vit dans la misère. Sans oublier le jeune Pierrot, un gamin plein de ressources.
Tous les personnages ont de fortes personnalités et avec eux il est impossible de s'ennuyer car ils ne sont pas lisses.
Ce roman retranscrit bien la misère dans laquelle vivait une certaine population, notamment les enfants des rues ou les prostituées.
La fin est tout à fait cohérente et j'apprécie la façon dont un des personnage va évolué.
Je n'ai pas l'habitude de lire des romans policiers historiques mais j'y remédierais car la découverte m'a beaucoup plu.
La Muse Rouge est un bon roman dont la lecture fût agréable.
Pas de coup de coeur mais un joli quatre étoiles, bien méritées.
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critiques presse (1)
LeFigaro
09 janvier 2022
Ce roman policier historique est ambitieux et distrayant à la fois.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Je suis désolé de t'enlever tes belles illusions, Pierrot, mais la Russie des soviets, c'est une chape de plomb qui est tombée sur la révolution. Elle est en train de générer, à travers un réseau de mouchards et de séides, une classe bureaucratique usurpartice du pouvoir prolétarien. Ceux qui ont écrit l'Histoire avec leur sang pour marcher sur les sentiers de la liberté et de la justice, ceux-là même sont évincés, bafoués, outragés et assassinés par la Russie des soviets. Non, une vraie révolution ne peut être faite que par des hommes libres, lucides, généreux, qui soient capables de ne pas sombrer dans le culte d'un chef tout-puissant.
Commenter  J’apprécie          210
il essuya sa main pleine de sang sur sa culotte, jeta un dernier regard sur le corps sans vie et partit au pas de charge en direction de la place du Combat. Dans sa précipitation, il ne vit pas l’ombre menaçante émerger d’un obscur renfoncement se glisser furChapitre I
L’enfant rouge
Dans la soupente de l’hôtel des 56 Marches, à la Moujol, sur les hauteurs de Belleville, un froid humide déposait sur les murs craquelés, couverts de pustules et de lézardes, des bulles mousseuses au teint verdâtre qui se mêlaient aux moisissures et aux éclats de plâtre. Il faisait sombre en ce petit matin du 6 janvier 1920. Une unique chandelle diffusait une pâle lumière autour de la table et laissait dans l’ombre le reste de la pièce, dont le plafond pentu déclinait jusqu’au mur du fond et provoquait, malgré le froid, une sensation d’étouffement qu’aucune fenêtre ne venait atténuer. Sur une banquette aménagée contre le mur, deux filles dormaient tête-bêche. Assise à la table, sur un tabouret de fortune, Louison la Pierreuse sirotait un succédané de chicorée qu’elle eût, sans doute, préféré moins amer. Face à elle, un tas de haillons surmonté d’un méli-mélo de boucles brunes dévorait une miche de pain trempé. L’enfant se concentrait sur la nourriture qu’il avalait goulûment, la face rivée au bol de lait, les dents plantées dans le pain rassis, les doigts enfoncés dans la croûte ramollie. Ce serait assurément le seul repas de la journée. Il fallait impérativement en tirer profit.

Louison regardait l’enfant d’un air narquois.

– Eh ben, l’minot ! T’as la dalle en pente c’matin !… Eh ! Pierrot ! Respire, tu vas t’en étouffer, d’ta pitance ! Tu vas m’boulotter tout l’pain !

Pour toute réponse, l’enfant émit un grognement assourdi par la mie de pain qu’il avait enfournée dans sa bouche avide. Louison poussa un soupir. Des cernes violets soulignaient ses yeux sombres, enfoncés par la fatigue, tandis que des mèches de cheveux décolorés et filasses tentaient en vain d’adoucir la dureté des traits d’une figure sans âge au nez busqué, aux joues flasques, aux lèvres tristes malgré le fard criard que les passes de la nuit avaient étalé sans égards.

Ainsi, dans le petit matin, recroquevillée sur son tabouret, cramponnée à la table pour ne pas tomber de sommeil, mais simulant l’entrain et le sarcasme face au front blême de l’enfant, Louison la Pierreuse semblait avoir mille ans. Et c’est cette apparence qui rassurait l’enfant.

– Dis donc, Pierrot, faudrait songer à décaniller, mon bonhomme. Les gars d’usine, y vont pas tarder à se radiner. Tu sais comment ça fait quand ils descendent au tramway de Belleville. Ils passent tirer leur coup avant la journée d’turbin, et l’premier tram est à cinq heures. Faut qu’tu décampes avant que j’réveille les filles.

Pierrot enfourna une dernière bouchée de pain, lampa l’ultime goutte de lait dans le fond du bol, secoua sa tignasse ébouriffée et vint se loger dans les jupes de Louison, enfouissant sa frimousse crasseuse dans les plis de son corsage. Louison frictionna le crâne de l’enfant et le repoussa avec fermeté.

– Allez ! Fiche le camp ! Et ne viens pas la nuit prochaine, le taulier doit passer. J’veux pas qu’y te voie. Laisse passer que’ques jours et ramène des p’tits cadeaux aux filles, ça les empêchera d’cafarder.

– Ouais, d’accord, Louison, mais tu sais, que’ques jours, c’est long. J’n’ai qu’toi, moi !

Louison saisit le menton de Pierrot et souffla sur son visage pour dégager les mèches rebelles. Elle planta son regard ténébreux dans le sien et ménagea un silence oppressant.

– Moi aussi, Pierrot, j’n’ai plus qu’toi. Alors file ! Et gare à tes miches !

Pierrot se dégagea avec la vivacité de ses douze ans et s’enfonça dans la nuit noire.



Pierrot frissonna sous ses guenilles : un tas de vieux vêtements récupérés ici ou là et enfilés l’un sur l’autre pour se protéger du froid. Il avait le ventre plein et comptait rejoindre son repaire pour dormir quelques heures. La faim le tenait toujours éveillé, mais, lorsque la fringale s’apaisait, le sommeil l’assaillait. Il lui arrivait de somnoler sur un banc, dans la rue ou dans un jardin public. Mais, ce matin, il faisait trop froid et la nuit était trop noire. Il lui tardait de retrouver sa paillasse. Pierrot pressa le pas et entama la descente des escaliers de la rue Asselin. Son étrange silhouette déformée par les couches de vieilles hardes se profila en haut des marches. Le lieu était lugubre et, pour se donner du courage, Pierrot entonna la chanson de Madeleine1, celle qu’il avait apprise à la Muse rouge.

L’oiseau chantait encore sous le ciel assombri,

Sa voix claire et sonore jetait un large cri.

Il disait la souffrance des vaincus et des gueux

Et demandait vengeance pour tous les miséreux.

Pierrot reprit le refrain à tue-tête en abordant la rue des Chaufourniers. Rasséréné par le chant, il sautait d’un pied sur l’autre avec entrain. Son œil saisit, sans y prêter attention, une inquiétante silhouette qui se faufilait prestement, mais il ne vit pas la masse à ses pieds, dans laquelle il buta au point de perdre l’équilibre et de se retrouver cul par terre. Tout en se frottant le derrière, qui avait méchamment heurté les pavés disjoints de la chaussée, il se pencha sur l’obstacle. D’une main anxieuse, il tâta à l’aveuglette et sentit sur ses doigts une substance poisseuse qu’il testa du bout de la langue. C’était du sang ! Après un examen plus précis, Pierrot dut se rendre à l’évidence : à ses pieds s’étalait un cadavre de femme, un corps déchiqueté, criblé de coups de couteau. Le garçon, tremblant de peur et de dégoût, écarta les cheveux qui masquaient le visage de la malheureuse : Gabie ! L’insoumise2 et la rebelle. Pris d’un haut-le-cœur, il s’écarta pour vomir dans le caniveau. Que devait-il faire ? Remonter à la Moujol et prévenir Louison ? Appeler les secours ? Courir après l’ombre qu’il venait de voir disparaître ? Toutes ces hypothèses lui parurent peu satisfaisantes. Il passa en revue les conséquences de chacune d’elles. Louison ne serait pas disponible et serait furieuse de le voir revenir. Rodé aux déboires et aux dangers de la rue, Pierrot savait que, pour la poulaille, un témoin est d’abord un suspect. D’ailleurs, lui-même était un clandestin, un enfant de la rue sans tuteur officiel, totalement livré à lui-même. Un délit sévèrement sanctionné. Et Pierrot avait toujours été terrifié à l’idée d’être envoyé dans un bagne d’enfants. Quant à poursuivre l’assassin, il était désormais trop tard. Alors il essuya sa main pleine de sang sur sa culotte, jeta un dernier regard sur le corps sans vie et partit au pas de charge en direction de la place du Combat. Dans sa précipitation, il ne vit pas l’ombre menaçante émerger d’un obscur renfoncement, se glisser furtivement jusqu’aux marches de la rue Asselin et monter à la Moujol pour se mêler aux quelques ouvriers en passant pour un client ordinaire.
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_ Écoutez, messieurs ! La colère des indigènes, vous avez tout ce qu'il faut pour la mater. Celle des colons exploitants, je vous accorde que c'est plus difficile, mais bon sang ! Il va bien falloir qu'ils s'écrasent ! Ils ont déjà obtenu des centaines d'hectares de terre à un prix incroyablement bas, ils profitent sans vergogne de l'administration en place pour régler tous les problèmes avec les indigènes qu'ils ne payent quasiment pas, alors ils peuvent faire un effort tout de même !
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La peur, tapie au fond de la conscience, au fond du cœur et au fond du ventre, tyran grimaçant et sordide, la peur qui tord les boyaux, à toute heure de la nuit ou du jour, à chaque coup frappé à la porte,, à chaque missive déposée sur le seuil, cette peur, désormais impuissante...
Commenter  J’apprécie          220
.. Au cours de l'hiver 19, avant d'être démobilisé. Il lui avait fallu déterrer tous ces corps ensevelis sur les champs de bataille et tenter à tout prix de les identifier pour les rendre à leur famille. Un travail de croque-mort et de charlatan dont il n'était pas fier, mais il avait bien fallu obéir aux ordres et les ordres étaient formels: pas de corps sans identification. Alors on avait dû trafiquer les cadavres...
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