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Un jeune Américain paumé a ingurgité une plante appelée ayahuasca en compagnie d'un chaman en Amérique du Sud et se retrouve ensuite sans aucune ressource dans un petit village. Une analepse nous permettra de comprendre d'où il vient. ● Je me suis beaucoup ennuyé à cette lecture qui ressasse, en moins bien, du déjà lu, relu et rerelu.
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Borderline niveau – 2 est le premier tome d'une saga qui grandit vite, et si j'ignore encore où elle va, force est de constater qu'elle commence pour le mieux. Ce qui retient d'abord l'attention c'est la qualité d'écriture. Peu de coquilles, un style à la fois cash et poétique qui m'a rappelé le Renaud de la grande époque. Il y a un ton, une personnalité, et alors que l'autrice aurait pu être facilement tentée de céder au trash ou au glauque, et bien elle évite ce piège et il en ressort une oeuvre finalement rageuse et mélancolique.
Le récit est fluide malgré des ruptures qui auraient pu aisément perdre le lecteur. Cette fluidité tient bien sûr au fait que l'on ne perd jamais le héros de vue, ce qui a le mérite de bien clarifier la narration mais également de donner une vraie consistance au protagoniste principal. Il en ressort un personnage typé, solide, qui malgré ses errances physiques ou mentales sait retenir l'attention et ne pas être l'antihéros badass un peu cliché que l'on aurait pu craindre. A noter que globalement tous les personnages ont vraiment du relief, et évitent plutôt très bien l'écueil des clichés. Pourtant c'était pas gagné !

L'histoire en elle-même tient tout entière dans les faits et gestes du héros et de sa relation avec sa soeur. L'ouvrage traverse les genres avec une étonnante facilité (on peut tantôt être dans La Forêt d'émeraude, tantôt dans un film réaliste ambiance suburbs londoniens). C'est rythmé et introspectif à la fois, tout cela nourri bien sûr par le style véloce de l'écriture. Il y a de la narration, des dialogues dans un juste équilibre, même si à mon sens on perd un peu, dans le creux du livre, du travail solide sur l'atmosphère et le décor qui apparaît au début de l'ouvrage. Cela étant, Borderline se laisse lire avec un plaisir certain, à condition d'accepter le ton un peu cru ou vulgaire qui transparaît mais toujours de manière justifiée, et jamais de façon forcée. Il y a ce côté « bagout de la rue » à la Renaud, et l'autrice respecte ses personnages.

En conclusion, je dirai que cette saga commence de belle manière et en dépit de son caractère initiateur, ce livre ne laisse pas transparaître les errances communes des premiers romans. On sent que l'autrice sait où elle veut aller, que c'est bâti, qu'elle a un propos, et il en ressort un volume consistant qui fait honneur à l'autoédition.
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Je suis venu à ce livre par la lecture du blog de l'autrice et par sa communication attirante. Elle sait nous fasciner dans les situations hors du commun et son style direct et cash. Son vécu est passionnant et sa manière d'écrire percutante nous secoue et nous réveille. Elle est certes parfois un peu énervée et le dit fort, mais qui ne l'est pas ?

Ce livre est d'un très haut niveau littéraire et serait digne d'un prix. Nul doute que les suivants - déjà parus - sont de la même veine. L'autrice finira par percer, c'est évident.

Son livre est rédigé à la première personne - dans la peau d'un homme - qui n'hésite pas avec les vulgarités et les phrases raccourcies. Cela n'est en rien choquant et colle parfaitement au réalisme de l'histoire qui, glauque au premier abord, nous propulse dans des situations parfois irréelles et bien senties.

La lecture est très fluide et les pages tournent, tournent, comme les têtes, les actions, les réflexions et les envolées philosophiques. Là où on aurait trouvé un mauvais réquisitoire contre le conformisme de notre société et ses carcans, c'est un travail de recherche sur la liberté, la personnalité qui nous bouleverse et nous donne des pistes pour "trouver la voie". Hélas, comme pour le fou de Lao Tseu qui voulait couper la tête de Tintin, la voie passe par la fuite, la mort, les paradis (ou non) artificiels et d'immenses souffrances pour dénicher la vérité. le pour et le contre sont mis dans la balance, à la poursuite d'une vérité et d'une maturité.

Superbe final sur Nietzsche qui donne envie d'en savoir plus sur sa philosophie (oui je dormais un peu en cours en Terminale).

L'histoire est forte et les relations plus que fusionnelles entre le frère et la soeur rappellent "Canada" de Richard Ford, où le rôle des parents est immense. La fuite et l'errance, la recherche de soi, sont d'une grande force. Ici l'autrice tend vers des références déjantées que je n'ai pas lues, souvent américaines et hippies ou post-hippies. D'autres idées de lecture en tête, à moins qu'elle nous gratifie, au fil des tomes de son immense roman, d'un florilège de réflexions, magnifique synthèse de cette science humaine parallèle ?

On regrette que ce tome ne dévoile pas suffisamment d'initiation au chamanisme, mais cela va venir. Lire le tome 2 est indispensable tant ce tome 1 positionne le décor, l'appelle, comme un cri dans notre esprit secoué par tant de vie, dure, horrible et belle à la fois.

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Je suis la première surprise d'avoir été « autant » captivée par ce roman. Il ne fait absolument pas partie de mon genre de prédilection, on en est loin d'ailleurs. C'est pourquoi je ne m'attendais pas à passer un aussi bon moment dans un univers qui interpelle quand on débute notre lecture. Et je pense que ce commencement fait en quelque sorte la force du roman, car de cette façon on est curieux de savoir de quoi il en retourne.

J'ai trouvé les événements et le décor très bien décrits. le tout nous plonge dans une aventure dont on ne veut pas forcément sortir. L'écriture relativement fluide de l'auteure a surement dû aider.

Je ne peux pas dire que je me suis vraiment attachée au personnage principal ou aux autres personnages qui se trouvent dans cette histoire, mais je dois dire que j'ai pris plaisir à les rencontrer et à voir ce qu'ils pouvaient apporter de plus.

J'ai particulièrement aimé la manière dont se développent les choses, dont la découverte de soi. On pourrait presque voir les aventures/évènements comme un rite initiatique. Un rite qui va amener tout le monde à se découvrir, à se poser des questions … On entre dans la tête du protagoniste, et cela nous fait découvrir une tout autre réalité. Il y a un travail en profondeur. On peut aussi y ressentir la passion de l'auteure.

En somme, ce n'est pas un roman banal, bien au contraire. Il faut être prêt à s'aventurer dans les profondeurs de l'âme avant de se lancer dans cette lecture. Je pense que tout le monde aura un regard final différent face à cet écrit et ce n'est pas plus mal. Un voyage initiatique n'est jamais le même pour tout le monde.
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Ouh la la ! Comment commencer? Imaginez un cocktail en fait. Un de ceux que Bryan Brown nous servait en faisant voler les bouteilles autour de lui comme un jongleur. Secouez tout ça avec un soupçon de Bukowski, une dose de Palahniuk, quelques grammes de Nietzsche et ce qu'il faut de plantes et de chamanisme sud-américain, vous aurez la recette de Borderline. Attention, la recette mais pas le mode d'emploi.

Bon je me suis offert un plaisir coupable, celui de relire le début aussitôt le mot fin arrivé, d'autant plus que la fin ici n'est qu'une porte ouverte pour enchaîner sur la suite. Mais ce livre est de ceux qu'il faut digérer et prendre le temps de décanter, un peu comme un roman de Fred Soulier. On en prend d'entrée de jeu plein la tronche et ça cadre assez bien avec l'état du narrateur au départ de l'histoire, véritable balise humaine, à vif, très – trop ? – réceptif à l'humanité dans ce qu'elle a de plus crasse, une omniscience écrasante dans laquelle je dois dire on patauge, comme après cette dose bien chargée, celle qui remet en question notre sens de l'équilibre et où tout peut paraître d'un coup euphorisant ou profondément triste.

Le style choque de prime abord, la négation est court-circuitée, le récit à fleur de peau et le débit de paroles très dense, le contenu intense. Puis les yeux s'habituent, la route apparaît et on peut enfin suivre les origines du parcours, avec des cassures indéniables et nébuleuses qui nous rappellent qu'on est loin d'avoir toutes les pièces du puzzle mais qui nourrissent intelligemment l'intérêt que le récit gagne au fur et à mesure. C'est exigeant, violent, profond et ça décrasse les dendrites par moments.

Zoë a produit une histoire originale, même si on sent un besoin de rendre hommages à ses maîtres, du moins à ceux qui ont donné ses couleurs à sa plume, comme un Indien nous expliquant le sens des atours qu'il porte et qui le définissent. Je vais laisser passer un peu de temps avant de me lancer dans la suite de l'aventure, le temps que tout se mette bien en place, même si on est condamné à rouler pied au plancher le long d'un vide sans fin, avec pour seule certitude que le sol peut se dérober sous les roues à tout instant…
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I. La relation entre Tyler et Travis

Franchement, je savais pas trop par quelle partie commencer ma chronique. Il y a pas vraiment un point meilleur qu'un autre dans ce bouquin, l'auteure maitrise super bien plusieurs aspects et c'est dingue. Mais j'ai choisi de te parler d'abord de la relation entre Travis et sa soeur jumelle Tyler. Pourquoi ? Bah, parce que c'est ce qui m'a le + retournée, je pense.

Leur relation est vraiment intense et puissante. On ressent très vite ce lien qui existe entre eux aussi destructeur que libérateur. En fait, c'est ce lien qui leur permet de s'évader de leur quotidien moisi jusqu'au trognon, c'est lui qui les pousse à se battre pour sortir du chemin tout tracé qu'on leur présage. Mais c'est aussi ce lien qui les guide sur des sentiers sombres.

Les deux ont une fascination morbide pour la mort et se poussent mutuellement à dépasser les limites de leur esprit et de leur corps pour l'atteindre. En fait, on peut dire qu'ils entretiennent le démon de l'autre. Et voir leur relation, c'est comme assister à une explosion nucléaire : c'est beau et tu ne peux pas détourner les yeux, mais bordel, tu sais que ça va mal finir cette histoire !

Travis et Tyler, ce sont une et même personne divisée en deux corps. Et comme toute âme qui serait divisée, chaque bout a sa personnalité, son identité, mais assemble les deux et tu auras un être complet.

II. Ça te retourne le cerveau

Alors, OK, rien qu'en lisant le résumé ou en connaissant le titre, tu te doutes que l'histoire va être atypique, que tu vas être face à une vision du monde que tu ne connais pas forcément ou dont tu entends peu parler parce que… Bah, parce qu'elle est marginale !

C'est gagné ! Clairement, Zoë Hababou te décrit la société sous un nouveau prisme et d'un point de vue que tu ne connaissais pas, mais plus encore : Elle te fait réfléchir. Je trouve qu'il y a une vraie intelligence dans son écriture car, même si je n'ai pas toujours été convaincue par les propos de Travis, il m'aura au moins fait réfléchir sur ma propre vision des choses.

Je suis le genre de personne à adorer connaitre des avis contraires aux miens. Pas pour faire le mouton et me rallier à mon interlocuteur, mais juste pour me rappeler qu'il y a d'autres visions. Ça me permet de ne jamais prendre pour acquis ce que je crois et de toujours me remettre en question. Pour moi, Borderline est le check-up parfait : Il y a tellement de points abordés et débattus, qu'au final, j'ai pu faire un tour d'horizon de mes convictions. Et j'ai peut-être changé d'avis sur certains points !

Bref, c'est un roman qui te retourne le cerveau, parce que sous ses airs de narration « orale », de cash, de cru, il y a une vraie profondeur. Alors, la comparaison vaut ce qu'elle vaut, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à L'attrape-coeur de Salinger. Tu as un anti-héro, jeune, paumé, qui te raconte son histoire avec son langage fleuri et ça paie pas de mine comme ça, mais en vrai c'est ultra poussé. Bon, je dis que la comparaison vaut ce qu'elle vaut, parce que, personnellement j'ai eu un peu de mal avec L'attrape-coeur alors que j'ai adoré Borderline !

III. La construction de l'intrigue te donne envie d'en savoir +

Tu sais, les auteurs ont souvent un point qu'ils maitrisent énormément et pour le reste, c'est un peu + hésitant. Par exemple, ils peuvent être super doués pour faire passer l'émotion, mais pour ce qui est de la description, ça pèche un peu… Bon, on a vu + haut dans l'article que Zoë Hababou était douée pour décrire les relations entre ses perso, pour te faire réfléchir, on va peut-être s'arrêter là ? C'est déjà pas mal, non ? Ouais, mais non ! Parce qu'en +, elle maîtrise le suspens…

Si, si ! Ça aussi, elle gère vraiment ! La construction de Borderline joue énormément sur l'installation de l'ambiance. Déjà, tu n'es pas sur un récit chronologique. Finalement, il y a pas tant de passages que cela dans le présent, c'est plutôt pas mal de flash-back qui te permettent de comprendre la personnalité de Travis. Dès le début, tu sais qu'un drame s'est produit il y a longtemps. Tu sais que quelque chose l'a détruit, mais tu sais pas exactement quoi. Et même quand tu comprends quel est cet élément, tu ne connais pas les circonstances.

Du coup, tu fais défiler les pages comme un malade, parce que tu veux savoir, bordel ! L'auteure a vraiment su poser des petits éléments ça et là, te nourrir juste assez pour que ta curiosité ne s'éteigne pas, mais la quantité est si faible que tu crèves encore la dalle. T'en veux + !

IV. L'après-lecture

J'ai l'impression d'avoir évolué. Je mentirais en disant que ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ce sentiment en tournant la dernière page d'un livre, parce que j'ai eu la chance de lire A la Recherche de Mary Easterway de Kristof Mishel récemment, mais je dois bien avouer que c'est pas tous les jours qu'on tombe sur un bouquin qui nous fait remettre en question.

Très honnêtement, je ne suis pas le genre de personne à lire tous les tomes d'une même saga d'un coup, j'aime bien sortir un peu de l'univers avant de m'y replonger. Bah, là, j'aurais bien enchainé sur le tome 2 ! Franchement, j'en demandais encore, et puis, on n'a pas toutes nos réponses, donc ma curiosité veut être assouvie !

V. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?

Tu as pas suivi, ou quoi ? Franchement, si tu as bien lu ma chronique, j'ai même pas besoin de répondre à cette question. Bien sûr que c'est une pépite ! C'est vraiment un bouquin viscéral et tu sens que l'auteure y a mis toute son âme. C'est clairement une dose pure de sentiments et quand je te parle de sentiments, on n'est pas sur du « trop-mignon-doudou-et-papillon » ! Non, moi je te parle de rage, de révolte, de peine, de tristesse.

Mais OK, tu as quand même une grosse dose d'amour avec la relation Travis/Tyler, mais c'est pas de l'amour comme tu l'entends. Encore une fois, c'est quelque chose de sombre, de destructeur, de dépendant…

En fait, Borderline, c'est la vie, la vraie, mais sous ses aspects les plus moches et les plus dark.
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Belle découverte que ce roman de Zoë Hababou, qui vous prend aux tripes du début à la fin.
Écrit à la première personne pour être en pleine immersion dans l'histoire, le lecteur se retrouve dans la peau et les pensées confuses de Travis, un jeune marginal occidental, et suit son errance à travers une amérique latine que l'autrice connaît bien et qui donne une authenticité à ce récit par ses descriptions détaillées des lieux que le héros traverse.
On ne sait pas grand-chose de Travis lorsque démarre l'histoire, son esprit baignant dans une confusion permanente entre réalité et hallucinations. Mais par le biais de nombreux flashbacks, il va nous livrer peu à peu les tragiques événements de sa vie qui l'ont amenés jusque-là.
Dotée d'une écriture addictive, certes parfois un peu crue pour être en phase avec le personnage, l'autrice a su me transporter dans son univers nourri au chamanisme amazonien et aux influences philosophiques dont Nietzche est le pilier central.
La fin laisse sans aucun doute deviner une suite que j'attends déjà avec une grande impatience.
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« J'essaye de me souvenir des étoiles… celles qui me racontaient ma propre histoire… Pourquoi est-ce que c'est si dur pour moi de faire le lien entre les choses ? Quelque chose s'est brisé. Je peux presque l'entendre. Un bruit de ferraille qui s'entrechoque quand je secoue la tête. »

On ne lit pas ce livre, on rentre dedans. C'est un puzzle, on sait tout, et on ne sait rien. Petit à petit, ces fragments de vie forment un ensemble, et ce n'est pas un fil que nous suivons dans ce livre, mais plusieurs fils, qui s'entremêlent sans jamais nous perdre. Car ils concernent la même personne, le même homme. Lui, et sa soeur.
Autant dire que j'ai rapidement été prise dans la toile.
Le style est excellent. le genre de bouquin qu'on recommande, et qu'on offre à ses potes. le genre de bouquin pour lequel on se contente de dire : « lis-le, c'est à lire », en refusant catégoriquement de l'expliquer.
Parce qu'il ne s'explique pas, il se vit.

Alors n'hésitez pas !
(bon, moi je vous laisse, je vais lire le tome 2).
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Borderline, c'est quoi ?

J'sais pas comment en parler. Parce que Borderline, c'est pas un livre, c'est une conscience. Une conscience à vif, brute et sans masque. Borderline, c'est un voyage, un trip, à travers l'âme de Travis Montiano. Son trip à lui. Mais pas le genre de bad trip de défoncé non, un trip pur, qui remue, qui fait réfléchir, qui trace le film de sa vie, des raisons qui l'ont poussé à se retrouver quelque part en Amérique latine, sur un trottoir avec Son jaguar à ses côtés.

J'peux malheureusement pas trop en dire, parce que Borderline, c'est le genre de livre que vous êtes obligé de lire pour savoir. Tout. Donc ça se résume à ça : c'est l'histoire de l'histoire de Travis.

*** *** *** *** ***

Alors, ça donne quoi ?

“Suivez le truc, comme je l'ai fait, c'est tout ce qu'on vous demande”

Cette phrase, extraite du livre, m'a fait quelque chose, c'est à partir de là que je me suis dit : ça y est, il me parle, à moi. C'était un moment dingue, parce que jusque-là déjà, c'était assez intense, et ça a commencé. le trip.

Parce que c'est Travis lui-même qui nous parle, et il le fait sans manière, brutalement, avec des mots et des images qui ne laissent pas indifférents. Il nous fait entrer dans son intimité, et plus on le fait, plus on en veut. Travis se parle aussi à lui-même. C'est un huis clos avec sa tête. Ses souvenirs, ses pensées, son parcours, ses démons, ses désirs… Travis a le don de vous parler comme si vous vous connaissiez depuis toujours. C'est un mec attachant, et plus d'une fois j'ai eu envie de le prendre dans mes bras, parce qu'il m'apparaissait d'abord comme une boule de souffrance. Puis ensuite parce qu'il était sincère. Les émotions que Zoë a su lui faire dire sont dingues, réelles. Pour un peu on pourrait entendre Travis, le sentir, le toucher, toucher sa conscience et lui répondre.

Ensuite, parce que le langage, parlons-en ! Super familier, super agréable à lire (pour quelqu'un comme moi du moins), Travis, il te parle comme s'il s'en foutait royal que tu sois là ou pas, il s'en moque de ce que tu peux penser, c'est d'ailleurs un des sujets de ce livre (plus ou moins) Les mots choisis sont parfois crus, authentiques même, parce que j'vois pas comment Zoë aurait pu faire autrement de toute façon, la nature même du livre aurait été totalement faussée. J'vois franchement pas Travis vous parler des gens et de lui avec un air pincé, le p'tit doigt en l'air et assis dans un salon de thé.

Travis nous parle de sa vie, de ce qui l'a amené à faire cette diète à l'ayahuasca dans la jungle avec l'homme qui a été mis sur son chemin, Wish. Travis est un Homme brisé, en quête de la paix si on veut simplifier, en attendant son heure avec un grand H. Au travers ce livre, on découvre comment il en est arrivé là, pourquoi (enfin pas tout grrrr). On découvre aussi quelques bribes de cultures américo-latine, chamanique aussi, ce qui rend le tout magique, limite.

Parce que dans cette conscience, dans ce livre, y'a pleins de leçons de vie, de mort, d'existence carrément, telle que nous devrions tous la voir. Ce livre n'est pas à la portée des gens trop carrés, trop pointilleux, trop dans le rangement, les cases… (ou justement si, peut-être même qu'il devrait être une bible) En tout cas, pour ma part, j'ai beaucoup été d'accord avec lui, Travis exprime des choses (au travers de ses souvenirs, sa façon de voir la vie et la mort) que moi-même je pense, à plus petite échelle. Des choses dont nous parlons tellement souvent avec mon compagnon, surtout depuis qu'on a des enfants qui ne rentrent pas dans le système…

J'aimerais citer quelques phrases qui m'ont beaucoup plues.

“Refouler, renier, tuer dans l'oeuf chaque embryon de pensée. Et c'était nous les malades mentaux ?”

“Mais à la vérité, c'est que je suis reconnaissant à ma mère d'avoir été une telle saloperie de garce, si c'est à elle que je dois ce que je suis devenu” -

“Si ton esprit est assez fort, ils pourront jamais t'atteindre”

Ya tout un paragraphe que j'aurais aimé mettre, mais j'ai peur de trop spoiler, en gros il parle de la routine des gens. Métro boulot, dodo, déprime, métro, boulot, dodo, déprime et que personne cherche à changer cet état de fait. Tellement de sens, tellement réel.

Et tellement d'autres sur la mort, le but de la vie, la souffrance, les expériences auxquelles il se livre avec son âme soeur, la drogue, les défis…

Travis il nous parle de nous, de vous, de lui, d'eux… du monde et de son cerveau malade, embourbé dans la complaisance, dans son inconfort, son inexploitation. Et Travis, ben il a raison sur beaucoup de choses. Il parle de la société, des ambitions, des lobotomies induites par l'éducation et la culture, de tout, et jamais de rien.

A chaque fois, j'disais à mon compagnon (je lis toujours à côté de lui, on a pas de place à la baraque hein) “"DIANTRE" ! t'as vu c'est écrit ça, et ça, et ça encore !”... il souriait, et je replongeais dans ma lecture.

Je pourrais citer le livre entier en fait. Mais faut que vous le lisiez. C'est le genre de livre que tu peux pas découper, il faut que le lecteur le lise en entier pour comprendre, pour juger, pour acquiescer.

Ensuite, parlons des flash-backs qui sont ma bête noire dans la littérature. le livre en est truffé, c'est l'essence même de l'ouvrage en fait. Forcément. le cerveau de Travis est déglingué par sa diète (son “traitement aux plantes”), sa souffrance, ses souvenirs, ses pensées, donc logiquement, il pouvait décemment pas nous livrer, dans l'état où il est, un récit linéaire. Impossible. Au début j'ai eu un peu de mal à suivre, puis en fait, si on l'écoute bien ce bougre-là, ça coule tout seul. On finit par comprendre à quel moment de sa vie on est dans chaque passage. Finalement, c'était même une super découverte que ce genre de lecture explosée comme l'est l'âme de cet hombre. (rappelons qu'il est en Amérique Latine au moment où il commence son dialogue avec nous)

Le livre se termine sur un suspens insoutenable. J'vous dis pas que j'ai hâte de lire la suite.

J'pourrais parler pendant des heures de ce livre, de Travis, essayer de comprendre certaines choses et tout (surtout ce jaguar nourri aux rêves), mais j'vais d'abord lire la suite. Il faut que je la lise !

Voilà. Pas besoin de le dire je présume, mais j'ai ADORE ce bouquin. Pas déçue du voyage ! Une vraie bombe dans ma bibliothèque !
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Vous pouvez être surs que la quatrième de couverture ne ment pas, "Bordelines" est une vertigineuse plongée dans un univers âpre, plein d'embuches et de rebondissements.
Pêle-mêle on retrouve les fantômes de Charles Bukowski et Hunter S. Thompson, des apparitions spectrales de Russel Banks et Chuck Palanhniuk ajouté à une bonne dose d'audace et de fougue stylistique. On suit les rocambolesques aventures de protagonistes qui s'engagent sur un chemin sans retour et où chaque nouvelle étape initiatique recèle sont lot de douleurs mais aussi de vérités remarquablement formulées.
Le style est direct, dynamique et sans détour. Les mots sont durs comme de la pierre, l'auteur a le mors aux dents pendant ces quelques trois cents pages et elle ne s'arrête que lorsque l'histoire nous laisse lessivé sur le bas coté.
Si l'aventure est au coeur du récit, les dialogues nous laissent entrevoir un descriptif de valeurs aux aspects universels tels que l'importance de la littérature pour alimenter une riche vie intérieure, la nécessité de puiser dans l'art au quotidien pour s'évader, la difficulté de rester soi mème dans un monde de plus en plus aseptisé, la vitale importance des être chers qui nous guident et nous accompagnent sur des chemins où leur absence se fait cruellement sentir quand ils disparaissent.
J'ai lu ce roman en quelques jours, la dynamique de l'histoire étant boostée par une narration tortueuse ajustant les allers retours pour mieux nous entrainer sur des pistes peu éclairée. Les routes que "Borderlines" vous feront emprunter sont cabossées et scabreuses, la vitesse de croisière risque de vous faire avoir des hauts le coeur, le psychédélisme caléidoscopique de ce voyage initiatique vous laissera ébloui et vous sortirez heureux d'avoir été happé dans ce décor d'Amérique Latine mystique, spirituel et mystérieux plein de rêves et de folles pensées.
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