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Borderline (Zoë Hababou) tome 2 sur 5
EAN : 9798645902186
349 pages
Independendly Published (30/05/2020)
4.92/5   13 notes
Résumé :
Le plus effrayant dans les hallucinations de Travis Montiano, c’est qu’elles n’en sont pas.


“Lire Borderline, c’est comme assister à un accident. On sait que ça va mal finir mais on peut pas détourner les yeux” — Mélanie Desforges

“Ça marque au fer rouge. Encore. J’en veux encore” — Adeline Rogeaux


Ce deuxième volet vous révèle quatre périodes clés de la vie fracassée de Travis : les épreuves que lui et sa... >Voir plus
Que lire après Borderline, tome 2 - Niveau -1 : Le labyrintheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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ATTENTION RISQUE DE SPOIL (à demi-mots)
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Pourquoi j'ai aimé (kiffé, adoré, tout s'que vous voulez) ?

Déjà le livre en lui-même, bordel qu'est-ce qu'il est beau ! La couverture pète ! C'est l'genre de livre que t'es ravi de mettre en évidence dans ton appart en bordel, ça ajoute une classitude de fou ! (véridique !)

Ensuite, entrons dans le vif du sujet !
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*** La promiscuité avec Travis - Tyler - transgression ***

Ce qu'il dit cette fois, même si c'est la suite directe du premier, est extrêmement intimiste, il se livre ENFIN pour de bon, et j'dois avouer que j'attendais ça, surtout sur l'histoire avec Tyler, c'est quelque chose qu'on ne devrait (je dis bien devrait, dans notre monde) pas approuver, pas espérer, pas pleurer… J'aurais p'têtre dû être gênée de ce qu'il disait, mais non, j'vais pas mentir, ça m'a plu. C'est comme si c'était normal, et peut-être que ça l'est. J'm'en fous. J'ai adoré cette ode à l'amour, comme j'en n'ai jamais lue. Cette ode à la vie qui a été bafouée, déchirée, annihilée. (j'ai hâte de savoir comment même si j'appréhende de pleurer ma mère)
Travis, ce bonhomme emprisonné dans sa conscience, il déballe tout. D'une façon pas catholique du tout, tellement naturelle, fidèle à lui-même et ça, j'adore. Pas d'entrave avec les protocoles. La transgression des “règles” humaines, à l'état brut. Il claque tout.

T'aimes pas s'que tu lis ? Il s'en fout. Lui, il raconte sa vie, sa tête, sa soeur, son coeur, son âme, c'est tout. T'es pas à l'aise avec ça ? Ferme ce livre, tu capteras rien à ses messages. Tu capteras rien à ce qu'il vit, ce qu'il a vécu. Rien sur le monde. Rien sur la conscience. La nature. La vie.

Sa relation avec Tyler, elle est belle, puissante. Elle ? Une boule de chair endolorie, dans le monde, lâchée dedans comme un boulet d'canon. Souffrance, recherche, elle dévale la pente de la vie, jusqu'à vouloir atterrir. Bam, comme ça. Et la façon dont Travis le raconte apporte une dimension, une réalité, comme si Tyler, vous la connaissiez aussi. Que vous saviez ce qu'elle pensait, ce qu'elle ressentait. C'est fou, incroyable. Puissant.

"ça me donne envie de me jeter du haut de cette falaise, et de voler comme un aigle et de m'écraser au sol et de courir jusqu'au bout du monde pour m'enflammer avec le soleil"

Leurs émotions qui sont étalées au fil du livre, les mots choisis pour ça. J'sais pas comment dire mais ça marque au fer rouge. J'me suis sentie malheureuse parfois. Pour elle, pour lui, pour eux. On a envie de rentrer dans l'bouquin pour les aider, les guider, mais après, on s'rend compte qu'on peut pas, y a qu'eux qui peuvent, qui savent. C'est leur destin. Leurs pensées. Ils sont des électrons libres, et la puissance de leur amour les enferme dans une bulle d'acier. Rien à faire, circulez, ils savent ce qu'ils sont, ce qu'ils font.
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*** Leur passé - consommation - communion ***

Travis, Tyler, et la drogue. Les sombres imbéciles (désolée Zoë), ils sont tombés dedans en croyant des trucs, ils ont vite déchanté. J'sais pas encore comment ils s'en sont sorti, mais ils ont l'air mal barré. Les bougres se trouvent confrontés à ce qu'ils méprisent : le contrôle de leur tête et leur corps par le monde. Ils se trouvent confrontés au DEVOIR de trouver de quoi se fournir, au point d'en arriver à faire n'importe quoi. Raté les cocos. Contrôle ? perdu. Z'avez essayé. Faut s'barrer maintenant.

J'ai apprécié de lire cette période de leur vie, de voir qu'ils n'étaient finalement, que des êtres humains.

En dehors de ce passé là, ya aussi le camp de redressement, et ça "bon sang de bois", qu'est-ce que c'était dur. Y le Fletcher de ses morts qui essaye de les réduire à que dalle, de faire d'eux des paillassons. J'espère sincèrement qu'il n'aura jamais réussi à les soumettre une seule fois. Qu'il sera mis face à la vérité : il ne peut contrôler le monde. Il ne peut contrôler des esprits VIVANTS, tels que ceux de Travis et Tyler.

Et leur épopée sauvage. Quelle vie, quelle énergie. Un road trip de malade, entre eux deux et le monde. Eux deux et la nature. Eux deux et LEUR nature. Une scène m'a particulièrement marquée. J'peux point trop en dire, mais elle était d'une puissance incroyable, d'un érotisme explosif.

Ils sont en communion avec les éléments. On les voit délirer sous la pluie, sous l'orage, sur le capot, sur la route. Une symbiose avec la Terre, dans laquelle ils ne font qu'un. On ressent là, dans ces passages, la sauvagerie naturelle, la souffrance de Tyler, que Travis comprend, qu'il encaisse, qu'il essaye d'avaler en lui. Aux dires de Travis, Tyler, c'est une entité à elle-seule de l'univers, qui vit, qui respire, qui répond au monde et à son homme. Une entité qui ne demande qu'à rejoindre son giron, là où est sa place.

“Mon étoile, ma sirène, mon diamant fou”...
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*** Evolution - Découverte - Wish ***

Au travers de ce deuxième tome, on voit une évolution. On était parti sur un sentiment de puissance dans le premier tome, un Travis qui disait ce qu'il savait et qui savait ce qu'il disait. Des certitudes. Tout vole en éclats ici. de la force on en vient à la perdition, la faiblesse. Et "FICHTRE", on est content de voir cet homme se tourner vers Wish. de le voir accepter le cheminement qui est le sien. de le voir s'en prendre plein la tronche pour son bien. Parce que c'est ce qui doit arriver.

Wish, le curandero qui s'est trouvé sur son chemin, l'amène à se voir intérieurement. Il va en faire une sorte de p'tit protégé et l'emmener au-delà de ses limites. Une escapade dans la montagne, des plantes, des paroles. Travis expérimente, comprend des choses, n'en comprend toujours pas d'autres ou ne veut pas. Un espoir de comprendre sa souffrance, de la guérir.

Et par-dessus tout, on voit les origines médicinales de Wish, un passage qui m'a fait pleurer, j'sais pas si c'est de savoir qu'il a vraiment existé, ou le ton du récit, mais ya une nostalgie de fou qui en ressort. J'vous jure j'ai pleuré, et ça m'a soulée. Zoë… tu "m'enquiquines". Heureusement, Wish il est tellement humain dans l'bouquin que l'humour dont il use fait bien rire et apaise entre deux souvenirs émouvants, les p'tites phrases claquées ici et là… Savamment dosé. Humain.

En dehors de Wish, de Tyler, ya le jaguar, le fameux jaguar dont on comprend enfin l'origine et l'existence. le jaguar qui parle d'une façon hautaine. J'ai bien aimé le fait que le Travis du présent raconte tout ce qu'on lit à son jaguar, à lui-même au final, mais sous cette forme, c'est magique, tout simplement.

“tu veux que j'aille te chercher un sandwich” (mais j'ai claqué une barre sur cette phrase !)
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*** Conclusion ***

Encore. J'en veux encore. J'veux tout savoir. Sur Travis, sur Wish et leur chemin à deux, sur Tyler, sur le centre, sur le présent, sur tout.
C'est vraiment ce genre de bouquin que t'es déçu de finir. Qui te retourne le cerveau. Chaque fois que Travis s'emballe sur la conscience, la recherche de soi, de ses forces et tout, on a envie de faire pareil. de comprendre.
J'vais avouer un truc, j'suis une quiche en philo, j'ai jamais rien lu là-dessus, (hormi tout récemment sur le blog de Zoë) pour moi, c'était juste chiant. J'me contentais de penser ce que j'avais envie d'penser, et d'agir en conséquence. Mais Borderline, il met en tête, à la portée de tous, les premiers éléments à comprendre sur soi-même. Sur l'autour de soi. Sur nos capacités, à sentir, à ressentir. J'adore Borderline aussi pour ça, pour les remises en question qu'il a foutu dans ma tronche. Depuis le premier déjà, j'voyais la vie autrement. Sur beaucoup de points, je le dis dans mon premier avis, je suis en accord avec les pensées du livre. Avec ce deuxième tome, c'est plus profond. Plus ancré. C'est comme s'il confirmait, tout simplement, que nos cerveaux libres n'ont qu'à l'être. Tout simplement.
Conformisme ? Poubelle !
Bien sûr, on voit aussi les limites, et c'est bon à prendre. Il arrive des trucs à Travis qu'on n'envie pas, qu'on ne veut pas pour nous. C'est normal. Même dans le règne animal, ya des barrières. Mais ça s'arrête là. Notre esprit est à nous. Nous seuls. Pas touche. Pas malléable non plus. Il y a des limites. Point barre. Lesquelles ? A vous de le savoir, selon vos pensées.
Ce tome est comme son nom l'indique, un labyrinthe dans la pensée de Travis. Dont on commence à voir la sortie, peut-être.

“La connaissance , définitivement, était la connaissance de soi.
Et la clé de cette connaissance résidait dans l'expansion de la conscience.
Et ceci enfin ramenait à la connaissance de toute chose.”

Voilà. J'aimerais en parler des heures. Comme de coutume. Mais j'vous laisse vous faire votre avis. Vous s'rez pas déçus du voyage !

Zoë, merci pour ces fabuleux ouvrages.
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Nous entrons dans le vif du sujet. J'avais regretté l'absence d'expérience chamanique avec la plante dans le premier tome, j'ai été servi au-delà de mes espérances avec celui-ci.

Inutile de revenir sur le putain de style de Zoë qui a décidé de pas s'embêter avec le français académique - qu'elle maîtrise parfaitement - pour mieux nous servir les pensées de Travis, son anti-héros, double exacerbé de notre auteur. le style est parfait et si fluide ! Pas la peine d'en faire trop, droit à l'essentiel, et il y a beaucoup à dire.

L'histoire continue avec Tyler, sa soeur jumelle, dans l'analyse de leur progression spirituelle liée à leur errance dans le monde de la dope et d'une certaine misère. Mais bien malin qui pourrait dire qui s'approche le plus de la voie parfaite, vu que rien n'est écrit dans le ciel ni au sol sur des tablettes de la loi.

Et les héros-anti - qui ne sont finalement pas des anti-héros - ont un méchant niveau intellectuel. Ils réfléchissent beaucoup plus que la majorité de la population. Ou plutôt leurs pensées sont justes et souvent exacerbées par leurs visions.

Le plus passionnant dans ce livre en forme de road-trips multiples qui prennent aux tripes ? Les descriptions des cérémonies de prise d'ayahuasca, la plante qui révèle la personnalité de celui qui y participe. Impossible de résumer en une phrase. La réalité est mille fois plus complexe, si bien décrite tant sur un plan visuel que sensitif. Les passages que j'ai préférés sont les réflexions sur la manière de voir (sous un autre angle, reconsidérer) les choses et l'individualité en elle-même. Nous sommes tous là à croire les pensées qui passent dans nos esprits comme si elles étaient les vérités dont on parlait plus haut, ça fait grave réfléchir. Acceptons-nous de nous laisser manipuler l'esprit comme des pantins ?

Le livre a agi sur moi comme une thérapie : entendre dire de la bouche d'un autre que la réalité n'est pas forcément comme mes croyances limitantes le supposent. Ces certitudes qui me bloquent et contrent mon épanouissement. Il me faut réviser la manière de voir les choses, cela me permettrait d'appréhender encore mieux la vie.

Chacun sa vie, tant pis pour ceux qui ne sont pas réceptifs et tant mieux pour moi, bienheureux d'avoir lu ces livres et prêt à lire les suites. En effet, le seul reproche qu'on pourrait faire à ce tome II est qu'il nous laisse sur une histoire qui doit se poursuivre, malgré une superbe cérémonie finale.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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1. Ma lecture

A. Tyler, Tyler, Tyler… Faut qu'on parle toi et moi !

Je vais commencer fort en parlant de Tyler dès le début. Alors, je vais te raconter mon expérience et je peux déjà te dire qu'elle est fortement influencée par mon histoire personnelle. Je me doute que peu de personnes ont ressenti la même chose. Mais fuck, c'est ma chronique, donc je t'en parle si je veux. D'autant plus que c'est vraiment ce point qui a influencé toute ma lecture.

Bon, je lâche la bombe, comme ça sans explication : J'ai une peur quasi maladive de l'abandon. Je rentrerai pas dans les détails du pourquoi parce que c'est personnel, mais c'est quelque chose qui dicte pas mal mon quotidien et qui revient systématiquement dès que je me tape des thérapies ou autres.

Quel est le rapport avec Tyler ? J'y viens. En fait, dans le tome 1, j'ai été fasciné par la relation entre Tyler et Travis, et même si je savais dès le début que Tyler était morte, je sais pas, je devais être dans une phase de déni ou autre et j'ai pas percuté. Mais dans le tome 2… Dès les premières pages j'ai ressenti énormément de colère envers elle. Au point même de… la détester. Et pourtant, elle n'a pas changé, elle reste toujours fidèle à elle-même, alors pourquoi ? Pourquoi autant de colère en moi ?

Attention ! Que ce soit clair : détester un personnage n'est pas une mauvaise chose (sauf si on le déteste parce qu'il est mal écrit, qu'il est caricatural ou autre). Pour moi, tant qu'on ressent une émotion envers un personnage, c'est qu'il est réussi et je préfère même ressentir de la colère, de la haine ou du dégoût envers un protagoniste plutôt que de la sympathie. Ça doit être mon côté maso… Bref, je suis toujours la meuf qui préfère le méchant de l'histoire au gentil. Alors ici, Tyler n'est pas la « méchante », mais tu saisis l'idée.

Pendant une bonne partie de ma lecture, j'ai pas compris pourquoi je réagissais comme ça. Pourquoi j'étais bloquée sur Tyler et pourquoi ce sentiment si fort ? Et en fait, le tome 2 a été une putain de thérapie pour moi : je détestais Tyler parce que je m'étais totalement mise à la place de Travis et lorsque j'ai peur d'être abandonnée par quelqu'un c'est systématiquement la réaction que j'ai. Je détestais Tyler, parce que j'avais peur qu'elle m'abandonne. Enfin, qu'elle abandonne Travis. Qui du coup est moi parce que… Ouais, t'as compris le bordel !

B. L'aventure laisse sa place à l'introspection

Dans le premier opus, tu sentais la rage de vivre de Tyler et Travis. Ça décapait, ça pétait dans tous les sens et c'était ultra Rock N Roll. On était beaucoup + sur des scènes du passé et on assistait vraiment à la violence qu'avaient essuyé les jumeaux, mais aussi à celle qu'ils avaient créée, parce qu'on va pas se mentir, ce sont pas des enfants de choeur.

Il y a toujours cette violence, mais elle devient + psychologique. Et puis, je suis pas allée compter les chapitres et établir des pourcentages pour vérifier ça, pourtant il me semble bien que Zoë nous parle un peu moins du passé commun de Tyler et Travis pour se concentrer sur Travis. Comme si le mec avait enfin accepté qu'ils n'étaient pas une seule et même personne et qu'il avait une vie, une identité indépendamment de sa soeur.

Du coup, il nous raconte moins des faits, et part plutôt sur des réflexions, sur une analyse de sa propre personnalité et de ses sentiments. Alors oui, c'est toujours Rock N Roll, juste ça ne l'est pas pour les mêmes raisons. Là où le tome 1 te mettait + en avant l'aventure et le mouvement, dans le tome 2, tu vis le côté « drogue et chute » de la vie Rock N Roll. le moment où la star se crame carrément les ailes à force de grimper.

Et là, tu comprends le principe des différents niveaux. Travis prend peu à peu conscience de son existence et s'analyse. A chaque opus, il a un différent stade d'éveil. Dans le premier il te racontait sa vision avec une assurance de dingue, il était persuadé d'être dans la vérité et que tous les autres étaient juste des p**** de zombies (bon, il le pense toujours dans le tome 2, parce que, quand même !). Mais dans cet opus, il se rend compte qu'il y a une faille dans leur système de penser et on assiste à un début de déconstruction.

Grace à l'ayahuasca, Travis se déconstruit pour accepter la réalité de la plante. Alors, clairement, on n'est pas sur une phase de reconstruction, mais c'est normal, chaque chose en son temps ! Il faut savoir être patient, et puis la reconstruction, c'est un autre niveau encore !

C. P*****, il y a aucun artifice !

Alors, pourquoi je te dis qu'il y a aucun artifice ? Parce que c'est le cas. Pas de chichi, pas de truc romancé. Clairement, Travis il existe pas pour le lecteur et sa vie n'est pas là pour servir d'exemple ou je ne sais quoi. Zoë Hababou te raconte la vie d'un mec comme il l'a vécue. Alors oui, sur le papier c'est un personnage fictif, mais ça tu as du mal à le réaliser. Parce que sa vie, même si elle est atypique, elle est pas extraordinaire. Et quand je dis « extraordinaire », je parle dans le sens « rare » et totalement inaccessible au reste de l'humanité. Travis, c'est n'importe quel mec que tu peux trouver dehors. Il est pas démesurément doué pour un truc, le Destin ne l'a pas désigné pour accomplir des choses de dingues. C'est juste un type qui a vécu des galères.

Et là dessus, j'ai retrouvé la même sensation que lorsque je matais Shameless. On te met face à la réalité. Les personnages ne sont pas des êtres différents de toi et moi, ils vivent des galères hardcore, mais c'est pas lié à eux, c'est lié à leur classe sociale, à leur environnement et des Travis, t'en retrouves plein dans la rue. Et c'est ça qui est puissant.

Tu le vois foncer dans le mur et partir à la dérive, mais merde ! C'est la réalité ! C'est ce qui arrive à des tonnes de gamins tous les jours et ça sert à rien de fermer les yeux ou de les juger. Justement, en comprenant comment ils en sont arrivés là, c'est comme ça qu'on comprend le problème. Il faut voir la réalité sans sa couche de verni et de paillettes pour agir.

Encore une fois, lire Borderline, c'est comme assister à un accident. On sait que ça va mal finir mais on peut pas détourner les yeux. Parce qu'on a besoin de voir ça.

2. L'après-lecture

Franchement, ce n'est que le tome 2 et pourtant j'ai l'impression qu'il est déjà bien + puissant que le tome 1. Je me suis payé une vraie thérapie durant ma lecture et j'en ressors avec une analyse de moi-même qui est bien + poussée. Pourtant, j'ai rien en commun avec Travis. La drogue, le sexe, l'errance, c'est des trucs que j'ai jamais connu.

C'est juste dingue le pouvoir de ce bouquin. c'est enivrant et en même temps ça fait peur. Parce que ça m'a obligé à voir en face mes propres démons et on sait tous qu'on préfère rester dans le déni. C'est mieux, c'est + pratique comme ça.

Je me dis qu'on en est qu'au tome 2 et que ce n'est que le début de l'éveil. J'imagine même pas la puissance des autres niveaux… J'ai hâte et en même temps, je redoute le moment venu, parce que ça risque de faire mal. Mais au final, est-ce que c'est pas justement ce qu'on recherche avec Borderline ? Bah si !

3. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?

Je suis estomaquée par la puissance du bouquin. Pendant ma lecture, je pensais pas qu'il allait me retourner à ce point et c'est, arrivée à la fin, que je me suis rendue compte de tout ce qui s'était passé en moi au fil des pages. Forcément que c'est une pépite, mais attention, je ne le recommande pas à tout le monde. Enfin si ! Mais non.

Je m'explique : c'est vraiment une saga qui est là pour que tu te tapes une thérapie. Mieux qu'un psy, crois-moi ! Donc oui, je te recommande de le lire pour t'aider à mieux te comprendre, mais par pitié, fais-le quand tu te sens prêt. C'est vraiment puissant, je trouve et donc comme chaque chose puissante, si tu le lis alors que tu n'es pas dans le bon mood, ça va être contre-productif. Il faut que tu sois entièrement prêt à recevoir la claque, à t'ouvrir à une nouvelle façon de penser, de voir. Et surtout que tu mettes au placard ton jugement. Ne juge pas, ne pense pas, laisse-toi entièrement guider par le bouquin, exactement comme Travis se laisse guider par l'ayahuasca.
Lien : https://www.melaniedesforges..
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Ce tome 2 m'a fait forte impression.

Sans doute plus que le premier. Pourquoi ? Par ces descriptions, plus présentes, plus poussées, plus belles aussi - trip oblige ! On assiste à une descente (une montée ?) en soi, la visite de ses propres mondes intérieurs. J'ai vraiment beaucoup aimé ces passages contemplatifs, c'est, je trouve, ce qui manquait un peu dans Borderline, très percutant, rugueux, dense.

Là, on a le droit à des errances sublimes (tant intérieures que physiques (avec les marches de Tyler et Travis dans le désert)) : des grands espaces inondés de soleil, des forêts bleutées, des grands moments de visualisation qui sont un peu comme des bouffées d'oxygène, une trouée dans le réel, dur, amer, compact.

Une mention spéciale pour la scène de sexe assez torride et sanglante du début qui valser la bienséance et la morale.

On entre vraiment dans l'ayahuasca avec ce tome, avec la préparation (diète), les sensations, le cérémonial, le conditionnement "mental" et surtout, le trip en lui-même. On apprend à mieux connaître Wish - ce personnage est plus présent, même s'il garde quand même tout son mystère dont il s'entoure volontiers.

Après tout, il est là pour accompagner, guider, pas pour se mettre en avant. On a l'impression de retrouver un ami, vous savez, ce genre d'ami bienveillant qui n'en dit jamais trop, distribue des paroles sibyllines dont le sens fait toujours écho, que ce soit à l'instant T ou plus tard, qui en sait plus qu'il ne dit, qui sent surtout.

Tout ça est entrecoupé de scènes Tyler-Travis, en scènes en maison de redressement où se trouve Travis et où il en bave, entre torture physique et psychologique.

J'aime assez la construction de Borderline (dans son apparente déconstruction) car elle permet vraiment de faire le parallèle entre la déconstruction d'un esprit / et la reconnexion à un souffle nouveau, oublié, à la réparation, même si le chemin est tout juste entamé...

J'ai bien sûr été séduit par l'aspect "au-delà de la forme", "apprendre à voir autrement" - ce qui est un peu le but des psychédéliques - et de la littérature ?

Là, on abandonne LE conditionnement des conditionnements : la matière, nos schémas de pensées. Et ce qu'on découvre est dix, cent, mille fois plus grand que nous. Ça fait du bien et c'est terrorisant. Je trouve qu'on retrouve bien ses deux aspects.

La relation dyadique Tyler-Travis n'est pas pour me déplaire, et la description qu'en fait Travis nous montre le lien fondamental qu'il peut y avoir entre les jumeaux, d'une part, et de l'autre, cette fameuse unité perdue.

Je pense en avoir dit assez pour vous donner l'envie de sauter le pas sans trop en dévoiler.

Style direct qui peut rebuter certains, mais les thèmes qu'il aborde son universels - recherche de soi, dépassement, transcendance.

A qui ce genre de littérature peut-il ne pas parler ?
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Parfois je me penche sur les avis des autres pour voir si je retrouve mes sensations de lecture mais ma foi une chose est sûre, cette histoire ne laisse pas indifférent. Beaucoup parlent de leur relation au narrateur, Travis et de son âme soeur, Tyler. Un événement clef autour de cette dernière est annoncé d'entrée, dès le premier épisode et pourtant, l'autrice joue la carte du suspense à la Hitchcock. Elle place une menace tangible et on a beau s'y attendre, Zoë joue les prolongations, elle étire le temps et la situation ; les pages défilent sans temps mort.


Dans le premier il fallait s'accrocher parce que le style et la construction semblent intuitifs. Outre cette structure inattendue, on s'en prend littéralement plein la tronche pour pas un rond, et on ressort ébranlé de cette expérience. Ici, on a déjà l'habitude de jongler entre plusieurs lignes temporelles, donc cet enchevêtrement subtil de situations qui se font écho les unes aux autres passe un peu de pommade sur les passages les plus rudes ; on note au passage la palette d'émotions décrites et l'étendue du talent de l'autrice pour poser des mots justes sur ce que vit Travis. Tout est narré de façon viscérale, un rien abrupte, mais sincère et toujours juste.
Je ne parlerai pas du contenu parce que c'est votre job de le découvrir. Je ne suis pas Whiskypédia pour vous pondre un résumé, mais le sujet est maîtrisé, on sent bien transpirer le recul de l'expérience dans le texte, la baroudeuse est là, en filigrane, qui semble revivre un passé révolu et redonner vie à un ami disparu grâce à la fiction, juste pour revoir son sourire au coin du feu, quand il se moquait doucement d'elle. Après on ne peut jamais mesurer à quel point un auteur met de lui-même dans son récit, mais ça suinte par endroits, au niveau des coutures les plus discrètes en général.

Ce tramage en trois quatre fils conducteurs donne un délicat kéné, comme me l'a confié l'autrice ; on n'a pas mal échangé pendant ma lecture, d'où le terme bien dans le contexte. Multicolore, parfois même de couleurs issues de la réalité non ordinaire, avec leur clarté inimitable. C'est une belle montée en tension, addictive à souhait, sans compter les questionnements que ça soulève. Bref ! de quoi vous mettre le ravioli en ébullition…
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je savais pas dans quoi je m’embarquais, mais j’avais envie de m’y embarquer. J’avais roulé pendant des mois sans trouver d’issue, et sans en désirer. Je m’étais contenté d'avancer au sein de l’obscurité de mes propres souterrains. Quelque chose hurlait en moi sans interruption, mais sans dire que je m’étais habitué à ce cri, j’avais vécu avec, comme un nouveau constituant de mon être. Je pensais avoir plastiqué le pont qui me reliait au reste de l’espèce humaine. Je vivais encore, mais je n’existais plus. Tout sens, toute signification, toute direction avaient disparu. Du moins c’est ce que je croyais.C’était inadmissible, mais même sans Tyler, le destin continuait à me mener par le bout du nez. J’avais toujours cru que nos destins étaient liés. Pourtant la quête n’était pas encore arrivée à terme. Avec ma voiture en rade, j’allais maintenant faire mon entrée sur une autre sorte de chemin. Un autre voyage débutait.Tout ce que j’espérais, c’était de me perdre enfin, une bonne fois pour toutes, dans les circuits du labyrinthe de cette nouvelle errance.
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Par moment, Wish émettait ses sifflements étranges. Je savais pas pourquoi il faisait ça, mais tout autour de nous prenait alors une teinte surnaturelle, comme s’il nous faisait pénétrer dans un autre monde. D’une manière générale, le monde était plus le même quand j’étais avec lui. Sans le vouloir, sans même y penser, être à ses côtés m’incitait à porter un regard plus attentif sur les choses, ce que j’avais plus été capable de faire depuis la mort de Tyler.
La couleur de l’air ou l’odeur du lever du jour.
C’était peut-être ça, être chaman. Naviguer en permanence dans le même monde que les autres, mais en y décelant autre chose que le commun des mortels. Se maintenir en équilibre entre deux réalités, mais sans finalement appartenir à aucune
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J’adorais la façon qu’il avait de parler de trucs sacrés avec son humour décalé. J’avais jamais rencontré de praticien des choses de l’esprit qui se prenne à ce point-là pas au sérieux. La plupart, fallait les voir, ils touchaient quasiment plus terre. Comment il faisait, Wish, pour être tellement humain alors qu’il était capable de voguer à travers les dimensions comme un homme des hautes-mers ?
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Tel Satan en personne, reposant languide sur son trône, sa fourche à portée de main, sa queue battant mollement l’air pour en chasser les mouches, se curant pensivement une griffe, songeant à tout ce qu’il avait accompli, il m’a observé d’un œil vague faire mon entrée fracassante dans son royaume
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Quand t’es obligé de faire un truc pour en acquérir un autre, le boulot, c’est le boulot. Et t’es de retour en esclavage. T’es pas différent de ceux que tu t’es permis de juger. C’est un taff à temps plein, et tu t’assommes avec ton shoot comme d’autres comatent devant la télé
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Videos de Zoë Hababou (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zoë Hababou
Un frère, une sœur, comme animus et anima, un sorcier et un fauve, presque des archétypes jungien qui vont visiter l’ombre dont ils sont les constituants pour tenter de la retourner et accéder à eux-mêmes au travers d’une épopée psychédélique et labyrinthique qui n’est pas sans rappeler d’autres livres d’inspiration jungienne comme la déroutante Maison des feuilles de Danielewsky ou le mythique Fight Club qu’il n’est plus besoin de présenter. Zoë Hababou est une écrivaine-guerrière, une puriste attachée à l’authenticité du verbe sans fards et à celle des cultes shamaniques non adaptés à notre bien-pensance et à notre tiédeur occidentale. La découverte de soi n’est pas une excursion touristique planante, c’est une immersion qui fait appel au guerrier en soi, une exigence et une discipline.
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