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Envie de fraîcheur saline et de poésie marine, alors n'hésitez plus à plonger dans ce très beau roman envoûtant et d'une beauté onirique ensorcelante.
Mes pensées sont encore dans ce lieu d'une beauté singulière, les Descenderies un ancien hôpital maritime du docteur Riwald dont les immenses baies vitrées baignent sur l'océan.
Ce vaisseau de pierres protégé à l'avant par l'immensité iroise et à l'arrière par un jardin labyrinthe, prend les allures étonnantes d'un fief moyenâgeux imprenable.
Malgorne, l'enfant sourd devenu roi de ce royaume sur terre comme le dieu Poséidon sur les mers est le gardien vivant des légendes portées par le souffle du vent et l'écho fantôme des cornes de brumes.

L'écriture est magnifique, poétique à souhait, un tableau de couleurs aux équinoxes somptueux et de douce rêverie. Avec Hubert Haddad, les mots s'évadent de leur enveloppe  « les vagues meurent d'être sauves dans un remous d'écume », chevauchent des territoires inconnus, se juxtaposent dans d'étranges combinaisons et rivalisent de beauté sortilège pour amadouer la violence des tragédies humaines.

L'océan chante, bouge, lèche les parois fragiles de la falaise. Il est ce rempart mais aussi le vaste transporteur des vaisseaux d'acier et des nouveaux naufragés de la mer qui s'invitent derrière la fable.
J'aime beaucoup cette manière de raconter une histoire tristement réelle dans une intemporalité surnaturelle.
J'aime la sonorité des mots, leur langage, je les visualise, je les entends et je les respire.
le lecteur est l'oreille de Malgorne, Malgorne est le maître de nos sens.

Il y a Malgorne « le cours visible des astres collait à son silence » et il y a Peirdre, la jeune fille mélancolique souffrant de solitude dans son sémaphore, sur le bec-de-l'aigle de l'autre côté de la baie « le crépuscule était sa délivrance ».
Ils sont tous les deux isolés, dans leur tour d'ivoire, la mer entre eux balayée par les lumières blanches du phare mais il suffit parfois d'un « il était une fois » pour que la vie surgisse là où on ne l'entendait plus.

J'étais dans un autre monde, dans un temps suspendu entre jardin et mer, au milieu des fleurs et des poteries, le ressac en fond sonore :
« Dans le clair-obscur du rêve tous les chemins égarent, rien ne commence ni ne s'achève et nul ne regarde où il marche ».
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L'enfant sourd entendra-t-il le chant de la sirène?

Dans son nouveau roman, initiatique et envoûtant, Hubert Haddad met en scène un enfant né sourd dans un établissement isolé au fin fond d'une baie. Un conte lumineux.

Cela commence par une naissance quasi miraculeuse dans un sanatorium transformé en «maison de repos» construit face à la mer, au bord d'une falaise, dans la baie d'Umwelt. C'est dans cet endroit reculé, à l'abri des regards – en fait la population ne préfère rien savoir des traitements qu'on y prodigue – que la fragile Leeloo met au monde un fils baptisé Malgorne. le bébé, né sourd, va devoir se débrouiller dans cet environnement hostile mais aussi protégé de la fureur du monde. Il ne pourra bénéficier de l'aide de sa mère, Leeloo étant portée disparue, emportée par l'océan. Sigrid va alors jouer le rôle de mère de substitution de même que le Dr Riwald, qui règne sur cette institution et à qui la justice a confié l'enfant. Un troisième viendra jouer un grand rôle dans l'initiation de l'enfant, Martellhus, le jardinier. C'est lui qui est en charge de la récréation du labyrinthe, un immense espace boisé devenu «un dispositif privilégié d'analyse comportementale, voire de thérapie» pour les patients. Prenant de l'âge, Martellhus confie son savoir à Malgorne qui, patiemment, va apprendre à apprivoiser cette végétation, faire des arbres des alliés qui vont lui permettre d'avancer.
Pendant ce temps, la mer sape la falaise. Jusqu'à ce jour où un effondrement important provoque la fermeture de l'institution psychiatrique.
«On dissémina les malades dans les institutions asilaires du district; quant aux membres du personnel, ils durent subir divers contrôles et interrogatoires avant d'aller postuler ailleurs selon leurs qualifications. La vieille Sigrid fut transférée dans une maison de retraite. Déserté face à l'immédiate proximité de l'océan, le domaine des Descenderies prit vite un aspect irréel qui raviva d'anciennes rumeurs combinant folie et phtisie, dégénérescence et contagiosité, sur fond d'enquête criminelle».
Martellhus et Malgorne continuent de veiller sur le domaine désormais à la merci des éléments. Seule une jeune fille répondant au doux nom de Peirdre, ose encore s'aventurer à bicyclette sur le chemin côtier pour tromper sa solitude, car son père, au décès de son épouse, a pris le commandement d'un navire. «D'évidence, le veuf avait fui les pluies infinies, battantes comme un coeur au tombeau. Il avait repris du service dans la marine marchande au lendemain des funérailles et n'était plus jamais reparu. La fin d'un amour est une fin du monde. On oublie tout au milieu des mers, la mort et la trahison. On s'oublie soi-même aux cimes de l'océan, seul endroit avec le ciel où l'infini partout s'abîme en lui-même.»
Cette apparition va envoûter Malgorne qui n'aura qu'une envie, la revoir.
Après avoir revisité une page d'histoire avec Un monstre et un chaos qui se déroulait dans la ghetto de Lodz, Hubert Haddad continue à explorer les territoires de l'enfance, les rites initiatiques et le combat contre l'adversité. Toujours aussi prenant, avec des phrases toujours aussi joliment ciselées, ce conte convoque sirène et solitude, grand large et rêves d'enfants, malédiction et soif de liberté. Laissez-vous à votre tour envoûter par la puissance poétique de ce récit.


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Avec sa puissance narrative et sa poésie, le dernier roman d'Hubert Haddad a tout pour séduire et j'ai été séduite.
Ce roman mélange les genres, mêlant réalisme et merveilleux. Malgorne, personnage principal, est né sourd d'une jeune femme, belle et fantasque. Ils vivent sous la tutelle du Dr Riwald dont l'asile est installé dans un ancien sanatorium jugé au bord d'une falaise qui, peu à peu, se délite et sombre dans les flots. Après la disparition de sa mère et la fermeture du domaine, menacé par l'érosion, Malgorne demeure au domaine avec un gardien mutique. Sa tâche consiste à entretenir le labyrinthe végétal conçu par le médecin et dont il connait le moindre recoin. Attiré par l'océan et ses marées, Malgorne va croiser Peirdre, jeune fille enfermée dans sa mélancolie et qui hante la lande dès le crépuscule. Seule dans le sémaphore, elle écoute les sirènes des bateaux croisant au large où passe parfois son père aux commandes d'un cargo.
Ces personnages sont seuls, enfermés dans leur univers et tiraillés entre la vie et leurs rêves. Leurs destins vont s'entrecroiser sans qu'ils quittent les sentes de leur errance fantasmée, quitte à se perdre comme dans le labyrinthe mythologique du docteur Riwald.
A leur suite, nous errons le long des grèves, au sommet des falaises, nous nous perdons dans le dédale végétal sans trop savoir où nous mènera notre lecture. C'est sublime, déroutant et sublimé par la langue musicale et sensuelle d'Hubert Haddad. Ce voyage hors du temps nous fait rêver, nous bouscule et nous émeut. Les personnages semblent tout droit sortis des contes d'Andersen et l'histoire est à la fois merveilleuse et cruelle comme dans les contes.
Je me suis laissée happée avec ravissement par ce roman, entraînée dans ce monde étrange et halluciné, jardin suspendu au-dessus de l'océan.
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À la pointe sud de la baie d'Umwelt, loin du monde et hors du temps, le domaine des Descenderies , luxueux mais décrepi sanatorium en bord de mer, a accueilli des générations de patientes soigné par le cher docteur Riwald.

Descenderies, cet ancien hôpital maritime dont les immenses baies vitrées baignent sur l'océan et dont un étrange labyrinthe végétal habite son jardin, abrite notamment Malgorne, né sourd d'une jeune femme fragile et lunaire, extérieur au monde des humains et qui se contente d'observer un monde dont il imagine lui même les règles.

Sa rencontre avec une jeune femme mélancolique qui erre le long des côtes perdue dans ses pensées va bouleverser à jamais la destinée de ces deux personnages qu'on croirait issus de la mythologie.
Dans La Sirène d'Isé, aux éditions Zulma le romancier tunisien Hubert Haddad nous entraîne dans un conte qui nous emmène dans un monde fait de rêves dans un nouveau jardin entre terre et mer.

C'est un conte merveilleux, gracieux et déchirant comme le bruissement des vagues que nous propose ainsi Hubert Haddad .

Même si le sens du récit nous échappe un peu parfois, laissez vous happer et même y perdre par sa plume ô combien lyrique : chaque groupe de mot y dessine un paysage, chaque page est un ravissement pour les yeux et les oreilles ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Labyrinthe de nos silences et de nos folies, égarement de nos métaphores et de nos manques. Dans une prose d'une captivante magnificence, Hubert Haddad nous entraîne au seuil des troubles psychiques et surtout dans un désir éperdu d'écouter l'appel et la beauté du monde. La Sirène d'Isé se révèle un troublant conte fantastique sur la disparition, sur cette dissipation des charmes et des rêves dont si bien joue Haddad.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Quel étrange roman que voilà. Lecture magnétique autant que poétique, qui me laisse songeuse une fois le livre fermé.
Une impression forte d'avoir erré dans un tableau surréaliste mêlant un univers précis, pointu dans l'exactitude et la précision de chaque mot et chaque verbe employé mais où cohabitent le rêve, l'illusion et la perturbation.
Malgorne, né sourd d'une jeune femme fragile et lunaire, a été élevé dans un sanatorium en bord de mer. le bâtiment art nouveau tombe en ruine et un étrange labyrinthe végétal habite son jardin. Peirdre, jeune femme mélancolique erre le long des côtes et observe les marées depuis le sémaphore. Son père, marin, franchit les flots agités et ses pensées sombres, coincé entre principe humaniste et capitalisme impérieux.
Ces trois personnages sont ballottés par l'univers et la chute inexorable les attire : érosion de la falaise, appel du large et retournement de marée Ce petit roman dense et riche dans son écriture révèle la vacuité de toute existence. Sa lecture est autant plaisante que perturbante.
Un grand merci à l'opération Masse Critique et à Zulma pour cette expérience de lecture. Une redécouverte d'Hubert Haddad déjà lu avec Opium Poppy et le peintre d'éventails.
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Même au milieu du désert, on ne saurait comparer le silence qui s'écoute qu'à la basse continue des partitions baroques ou au bourdon du tampura dans la musique carnatique. Coeur battant, quelque chose comme le bruit de fond de l'univers faisant vibrer en sourdine la membrane tympanique.

Tout est dit de ce chant de sirène à travers cette citation. Malgorne, né sourd d'une femme fantasque et "un peu perdue", vit dans son monde, sous la tutelle du docteur Riwald, chef d'un établissement dont on ne sait trop s'il est sana, asile ou simplement centre d'accueil au milieu d'une lande dans laquelle erre la jeune Peirdre, entendante, elle, semble-t-il, mais loin du monde, vivant de ses rêves.
Evidemment, ces deux êtres sont appelés à se rencontrer, et, évidemment, nous allons prendre un grand plaisir à les suivre... A lire si vous voulez connaître le terminus. Pour ma part, j'ai partagé rêves et sonorités(!) de ces deux-là !
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Dans le port d'Umwelt, quelque part sur les rives de la mer du Nord, se dresse au sommet d'une falaise soumise à la furie de l'océan la façade énigmatique de l'hôpital psychiatrique du mystérieux Dr Riwald. Ce dernier y recueille des malades que les familles ou les autorités sont bien heureuses de voir disparaître. Il y laisse cours à ses conceptions particulières des soins médicaux et de l'arboriculture : derrière le bâtiment, le Dr Riwald a élaboré un labyrinthe végétal, allégorie du cheminement que devraient suivre ses patients vers une guérison hypothétique, car personne ne ressort de l'hôpital de Dr Riwald.
Dans cet établissement menacé par l'effondrement irrégulier de la falaise échoue la belle Leeloo, enceinte, qui donne naissance à Malgorne, enfant qui sera élevé par le Dr Riwald et son infirmière en chef, Sigrid, lorsque Leeloo se sera dissoute dans l'océan. Sourd, Malgorne va grandir, devenant le maître du labyrinthe végétal, survivant à la disgrâce du Dr Riwald, et le silence qui l'environne va un jour être magnifié par une vision, celle de la belle et diaphane Peirdre. Fille d'un capitaine de supertanker, Hollandais volant qui jamais plus n'ose toucher terre, Pierdre est-elle une jeune femme, une nymphe, une apparition ou l'exploratrice d'un monde qu'elle est seule à percevoir ? Accompagnée de son étrange « amie » Miranela, Pierdre semble veiller le poul de l'océan ; et elle et Malgorne sont les sentinelles presque irréelles de ce port qui perd sa substance au rythme des saisons.
Ceci, c'est le cadre du roman de Hubert Haddad. Mais ce n'est pas l'essentiel. Il y a un autre personnage. L'océan, puissant, énigmatique, vaincu et vainqueur, porteur d'espoir et destructeur, divinité contrainte. Sa présence imprègne chaque page.
Et puis, surtout, il y a les mots. Il y a cette chose si rare de nos jours où l'on célèbre des auteurs parce qu'ils ont le vocabulaire d'un élève de quatrième : du style, de la beauté, un écrivain, un vrai, qui sait ce que veut dire écrire et maîtrise la langue.
Il est des phrases trop belles pour rester sur le papier, on a envie de les dire pour les laisser s'envoler
Si vous aimez les romans du quotidien, les critiques littéraires qui s'extasient sur « une écriture fluide » ou des oeuvres du type « C'est le matin. le jardin sent bon. Je vais faire des crêpes. Les enfants font du bruit à l'étage. Ils seront contents » et autres, passez votre chemin.
Par contre, si vous êtes capables de comprendre que « derrière l'épaule du plus bel ange palpite la nuit du cosmos » (p. 53), si vous pouvez entendre « le bruit méticuleux de la neige qui sur elle-même se dépose » (p.80), si vous savez qu'« on s'oublie soi-même aux cimes de l'océan, seul endroit avec le ciel où l'infini partout s'abîme en lui-même » (p.127), alors «  c'est maintenant l'heure d'échapper aux pieuvres des songes épiant à la croisée des miroirs » (p.126) et de parcourir ce magnifique roman, à la croisée des métamorphoses et des sublimations, de voyage entre les « ruines confuses des nonchalants chaos du temps » (p.173) et de vous laisser porter au rythme des marées qui grignotent la réalité des côtes d'Umwelt.
Umwelt, c'est aussi un mot qui signifie « monde perceptif », et qui montre combien, dans ce roman, une incertaine réalité se créée à partie des perceptions muettes de Malgorne et de la musique océane qui enchante Peirdre. Il faut se laisser porter dans ce roman pour accéder à la puissance de l'instant, de l'éphémère, qui se retrouve magnifiée par une sublime écriture, au-delà des sens.
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un magnifique livre qui oscille entre poésie et roman , de superbes descriptions de la nature environnante que l'on imagine en Europe du Nord, j'y ai trouvé beaucoup de personnes seules isolés ; Malgone par sa surdité,Peindre par sa solitude qui l'amène à se créer une amie et à fuir .Malgone tout en étant le personnage principal est discret et solitaire , orphelin jeune, élevé dans un hôpital psy dont son tuteur était gérant ,parti plusieurs années afin d'obtenir un brevet d'horticulteur il revient soigner le jardin de l'établissement et observe .
N'y cherche pas un roman d'action , tout au plus une balade au tréfonds de la solitude humaine , enfin c'est ce que j'y ai trouvé .
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Un roman qui fait la part belle aux rêves qui se mêlent à la réalité et la dépassent en intensité. Malgorne, jeune enfant sourd qui grandit aux descenderies, ancien hôpital militaire, domaine du Dr Riwald et Peirdre la jeune fille du sémaphore sont tous deux attirés par l'océan. Entre une mer qui grignote la terre en faisant reculer les falaises et un océan sur lequel navigue le père de Peirdre actionnant sa corne de brume, l'histoire tisse la toile qui les fait se rencontrer. L'écriture poétique de l'auteur crée une atmosphère magnétique qui envoûte le lecteur à chaque page.
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