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Matabei, fuyant un lourd secret, va tenter de remonter aux sources de son mal et va faire la connaissance de plusieurs personnages dont Maitre Osaki, vieux jardinier et peintre d'éventail. Cette rencontre, c'est à travers la conscience et le témoignage de Hi-Han, disciple de Matabei, qu'Haddad va développer une réflexion autour de l'art et de la vie.
Les fantômes qui hantent chaque personnage sont autant de motifs de découvertes et de pertes qui dessinent des sentiers de vie chaotiques mais émouvants.
Se tromper jusqu'aux tréfonds de soi, chercher la vérité et peut-être ne pas la trouver sont quelques réponses données par cette intrigue qui sait magnifier les saisons et les beautés de la nature intemporelle.
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Matabei se retire du monde après un terrible accident qui a causé la mort d'une jeune fille. Il jette son dévolu sur la paisible pension de dame Hison, en pleine nature, et se lie d'amitié avec le vieux jardinier, Osaki. Ce dernier est en fait un peintre d'éventail et un poète talentueux, dont Matabei va devenir le disciple et le successeur. A la pension, il rencontre les habitués des lieux et le jeune Xu Hi-han dont il va chercher à faire l'éducation. Xu Hi-han, le narrateur, nous rapporte les dernières paroles de Matabei, sa vie et son oeuvre.

"L'histoire vraie de Matabei Reien - celle qui concerne les amateurs de haïkus et de jardins - commence vraiment ce jour d'automne pourpre où dame Hison l'accueillit dans son gîte."

Hubert Haddad emmène le lecteur dans un Japon merveilleux comme j'en ai toujours rêvé, un Japon contemplatif où le temps s'écoule différemment, rythmé par les changements de saison, un Japon où la nature est omniprésente. le jardin de la pension de dame Hison est un paradis sur terre où la flore et la faune s'épanouissent grâce aux bons soins de Maître Osaki et de Matabei.
Mais cette nature paisible et harmonieuse peut aussi se déchainer à tout moment, entrainant destruction et chaos. Ce Japon à deux visages, régulièrement secoué par des tremblements de terre, Hubert Haddad réussit parfaitement à le saisir, nous faisant basculer d'un monde idyllique à un état apocalyptique.
Quand ce ne sont pas les forces de la nature, ce sont les passions des hommes qui viennent troubler la communauté sereine de la pension...

Le Peintre d'éventail est aussi un roman sur la transmission, de Maître Osaki à Matabei, puis de Maître Matabei à Xu Hi-han : transmission de l'Art, la peinture sur éventail et la poésie, et d'un savoir-faire, la création d'un jardin parfait. C'est cet apprentissage et l'amitié et le respect qu'il éprouve pour son maître qui sauvent Matabei de sa solitude et lui réapprennent à aimer.

"Le manuel du parfait jardin de maître Osaki se nichait donc, dessins et poèmes, dans les pliures de ses trois lots d'éventails. Après l'enseignement oral, indispensable, Matabei découvrit ainsi l'enseignement réservé au seul initié posthume. Chaque éventail ouvert était tout à la fois une page du secret et un coup de vent dans les bonheurs du jardin."

La beauté et la poésie de l'écriture d'Hubert Haddad sont parvenues à me faire voyager dans un Japon plein de grâce, où la nature, majestueuse et terrible, est un personnage à part entière.

C'est donc une très belle lecture pour commencer le Prix Océans, dont je suis juré, et je vous invite à visiter le site pour découvrir les avis des autres membres du jury.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Je tiens tout d'abord à remercier Livraddict et les éditions Folio pour m'avoir permis de découvrir ce petit roman. C'est avant tout la couverture du livre qui a arrêté mon choix. Cette peinture japonaise m'a plu tant par ses couleurs que par son thème et après la lecture du roman, je trouve qu'elle illustre bien le récit de l'auteur.

Le Peintre d'éventail est un court roman qui met en scène Hi-Han, jeune homme qui trouve refuge dans un auberge à Atôra, dans le Nord-Est de l'île d'Honshu. Là-bas, il se lie d'amitié avec Matabei. Matabei est un homme fascinant, qui après avoir vécu cent vies, a décidé de se retirer du monde. Dans cette petite auberge tenue par Dame Hison, Matabei fait office de jardinier. Et quel jardinier! Il a beaucoup appris de son prédécesseur Osaki, peintre d'éventail merveilleux, sage parmi les sages. Auprès de lui Matabei a beaucoup appris et il tente de perpétuer la tradition en s'attachant le jeune Hi-Han comme disciple.

A travers le destin de ces trois hommes, Osaki, Matabei puis Hi-Han, l'auteur dessine et raconte un Japon somptueux, peut-être un peu fantasmé tel qu'on peut se l'imaginer. Avec quelques idées, quelques descriptions simples, l'auteur amène son lecteur à découvrir un jardin zen dans lequel on aimerait se perdre. Auprès d'Osaki, Matabei va apprendre l'art de la patience. Chaque chose a sa place et organiser le jardin c'est organiser un petit monde, c'est créer sa propre cosmogonie.

Et puis Matabei va aussi apprendre l'art de la peinture et du haïku aux côtés d'Osaki. L'auteur peint avec plaisir ces éventails délicats, finement ouvragés, ornés chacun d'un haïku. Il en émaille son texte pour le plus grand plaisir du lecteur amateur de poésie et de légèreté rêveuse.

La première partie du récit est donc consacrée à cette douceur de vivre et à cet art du zen et du haïku et puis tout bascule à la moitié du roman. En effet, alors qu'il se promène dans la forêt, Matabei assiste impuissant à l'écroulement de son monde. Derrière le nom d'Atôra se dissimule celui, terrible, de Fukushima. le tremblement de terre a provoqué un tsunami qui a tout emporté sur son passage. Quand Matabei revient dans la plaine, il constate l'étendue des dégâts. L'auberge et ses habitants ont été détruits. Un bateau de pêche est même venu s'encastrer dans le jardin. Il n'y a plus ni éventails, ni haïkus. Tout a été pulvérisé. Matabei décide alors de rester malgré la menace radioactive. Il va se préoccuper d'abord de ses morts pour leur offrir une sépulture digne.

En quelques pages, Hubert Haddad fait basculer son lecteur de la contemplation parfaite à l'horreur. Alors que tous fuient la contamination et la mort, Matabei est le seul à rester pour veiller et s'occuper des morts. Qui en effet pourra témoigner? Qui pourra restaurer les fameux éventails d'Osaki? Il part s'installer dans la montagne un peu en hauteur. Il se sait condamné mais reste pour la beauté des mots du maître. A la fin du récit, il sera rejoint par Hi-Han, revenu mais pour quoi?

Si la première partie du roman m'a ravie parce qu'elle parle d'un Japon idéal et rêvé, j'ai particulièrement aimé la manière dont l'auteur développait la seconde. Il parle de la catastrophe de Fukushima sans voyeurisme aucun. Matabei est celui qui reste et qui incarne une sorte de résistance face à l'horreur de la catastrophe. J'ai été bouleversée par ces quelques pages qui relatent pudiquement la destruction d'un monde parfait. le Peintre d'éventail est un magnifique roman qui témoigne de la fin d'une sorte de quiétude idéale.
Lien : http://carolivre.wordpress.c..
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Je dois être honnete concernant cette lecture : au départ, je n'étais pas, mais alors pas du tout, attirée par le bouquin. La couverture ne m'attirait pas, pas plus que la quatrième de couverture qui m'embrouillait d'avance entre les noms de personnages et une histoire qui paraissait bien trop alambiquée pour moi. Et pourtant : ayant lu quelques Nothomb, j'avais pu auparavant découvrir combien le Japon pouvait être un pays merveilleux et passionant, débordant de traditions, de rites, de croyances, tout comme de paysages, avec des êtres ayant une mentalité et une force d'esprit libre et enviable à souhait. Seulement voilà, dès le départ, ce livre ne me motivait pas des masses.

Et j'ai le regret de poursuivre sur ma lancée : les 100 premières pages furent pour moi assez difficile à surmonter. Et pourtant, l'écriture est on ne peut plus travaillée, l'auteur possède une magnifique plume qui décrit comme si on y était à chaque instant, les paysages Japonnais, et notamment la contrée d'Atora, lieu ou se situe l'histoire. Les personnages sont interessant, mais leur histoire est longue à être revelée, et en ce qui me concerne, c'est ce trop plein de description, si beau soit il, qui m'a freinée. Ainsi, j'ai passé une bonne partie du livre à ramer tout en sachant que je lisais quelque chose d'unique, car Hubert Haddad est un véritable conteur.

Philosophique, c'est l'histoire de la vie qu'il raconte pourtant, et que j'ai eu tant de mal à intégrer sur le départ. L'histoire d'un personnage venu s'isoler dans la montagne Japonaise après avoir renversé une jeune femme sur la route. C'était un artiste et pourtant, il abandone tout pour le chemin de l'esprit et de la solitude. Il se retrouvera alors dans une sorte de gite, chez Dame Hison, laquelle accueille toutes sortes d'âmes perdues ou en quête de leur quiétude pesonelle. Et il découvrira ce fameux jardinier : maître Osaki. C'est une sorte de roma d'apprentissage, car il commencera à observer ce jardinier qui peint des évetails et écrit des Haïkus. Il l'accompagnenra au travers d'un voyage et découvrira même les premiers amours et le sexe.

Viendra la mort du maître. Triste et belle à la fois. Matabei, sans même s'en aperçevoir, reprendra alors le flambeau du peintre d'éventail, pour restituer le travail de son maître. Tout d'abord, au travers de son jardin, dont il prendra soin, et plus tard au travers de la peinture. Un autre jeune homme sera, tout comme il l'a été avec maître Osaki, une sorte de disciple qui finira par le quitter à cause d'une femme. L'histoire jusque là n'était pas des plus entraînantes à mon goût, mais lorsque cette femme apparut, j'y trouvais soudain de l'interêt.

Car cette histoire devient belle, émouvante, triste. Et nous, lecteurs sensibles, nous sommes touchés par la plume de l'auteur. Cette femme ravit bien des coeurs et un autre evênement s'ajoute aux péripéties du livre : le tsunami ce fameux 11 mars. ( Oh, coïncidence, j'ai terminé ce livre et lu ce passage en ce 11 mars 2014, date d'anniversaire, justement, du tragique evênement). Scénario catastrophe mais si véridique : l'explosion de la centrale, les secousses sismiques, le raz de marée et la déstruction totale de tout ce qui avait pu exister jusque là est alors décrite. C'est décrit avec une beauté sans pareille, un récit rempli de larmes, de désespoir. C'est l'amour d'une femme, d'un homme, d'un passé et de l'esprit qui est en perdition. C'est ce que cherche alors à restituer Matabei en marchant sur les traces de son maître. Ramassant les corps de Dame Hison et de ses amis, il dresse seul leur scépulture. C'est un moment triste et magique à la fois. A la seule force de son esprit, il repeint chacun des éventails de son maître, trait pour trait, jusqu'à presque se fondre en lui, et devenir ce maître, pour enfin, lorsqu'il s'éteindra, transmettre le flambeau à son élève retrouvé.

Tragique mais beau, ce n'est donc que vers la centième page que j'ai réellement trouvé un bon fond à ce livre pourtant bien écrit et qui mérite toute une attention particulière. Il demande concentration et imagination, afin de bien se plonger dans tout l'univers de ce Japon isolé, mais il demande aussi réflexion et philosophie. Cela reste un beau voyage qui peut également décrire l'horreur de la catastrophe de Fukushima et, d'un côté, nous aider à réaliser combien il y eut à perdre en ce jour...
Lien : http://lettresevanescentes.b..
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La langue frappe, dès l'abord. Les adjectifs sont peaufinés : “ une coulante exactitude ”, “ une rivière étourdie ”. Les descriptions subtiles du jardin au fil des saisons ouvrent le regard. Les virgules glissent sur la phrase, lui donnent un souffle particulier, une fluidité de l'esprit. le vocabulaire est foisonnant et inventif dans son utilisation inhabituelle.

Foisonnent aussi les milans, grives, ours, corbeaux. S'épanouissent azalées, aubépines, mousses, troènes.

Puis la tristesse déchirante de la fuite de la beauté et de la grâce, du travail de plusieurs vies provoque la sidération.

“ Ici, tout était retourné à l'esprit désormais. ” (147)

Éblouissant.

Pourquoi » éventail ” est-il au singulier dans le titre ?
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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J'ai été emportée par la beauté et la richesse de l'écriture de ce court roman, par la grande force des images et des descriptions de la nature et de ce jardin (que l'on imagine fabuleux) et par la sensibilité et la poésie qui se dégage de l'ensemble. Les haïkus qui parsèment le récit sont merveilleux et nous plonge complétement dans un Japon poétique. J'ai aimé aussi l'imbrication des récits et la façon dont les personnages, chacun à leur manière, cherchent à sublimer ce qui fait leur vie. Une belle lecture que je recommande à tous !
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J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur en novembre. Pour tout vous dire je ne le connaissais pas du tout et j'ai tout de suite était admirative du personnage. C'est pourquoi je voulais rapidement lire cet ouvrage. D'ailleurs tout au long de ma lecture j'entendais l'auteur me la raconter, étrange sensation 😆.
▪️
Il est difficile de classer « le peintre d'évantail ». Roman contemplatif, initiatique, d'apprentissage mais j'ai pu lire également de désapprentissage. Nous suivons 3 histoires imbriquées les unes dans les autres. La transmission entre maîtres et disciples mais pas seulement. ▪️
L'action se situe dans le nord-est du Japon, dans la contré d'Atôra, entre mer et montagne. Xu Hi-han, ancien marmiton de l'auberge de Dame Hison raconte l'histoire de Matabei Rein qui a quitté sa vie à Kobe suite à un événement dramatique pour s'installer dans cet endroit reculé du Japon. Attenant à l'auberge , un magnifique jardin est entretenu par maître Osaki qui peint également des éventails commentés de Haïku. Petit à petit Matabei devient le disciple d'Osaki. ▪️
Un roman poétique , spirituel où l'on suit la transformation de Matabei. Son rapport à la Nature , ses relations avec les autres clients de l'auberge, son ouverture sur le monde. Mais également son impuissance face aux événements climatiques qui détruisent tout. Seul le savoir ancestral perdure alors. ▪️
Peu d'indication temporelle si ce n'est que l'on reconnaît à un moment du récit la catastrophe de Fukushima ( qui n'est pas nommée). L'auteur traite également des conséquences des actions humaines, de la solitude et de la trahison .
▪️
Magnifique découverte de la plume l'auteur avec ce roman. Je ne peux que vous le conseiller si vous aimez les écritures poétiques et le contemplatif .
Lien : https://instagram.com/p/BsBR..
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sublime
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tout simplement sublime.
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'ai vraiment adoré ce livre, qui est un récit très poétique, avec des haïkus de l'auteur, qui nous plonge à la fois dans le Japon traditionnel des peintures d'éventail et dans le Japon moderne avec l'évocation de Fukushima et de ses conséquences.
Aucun exotisme de pacotille et pourtant on se sent totalement au Japon, ou du moins tel qu'on se le représente…Mais sans rien de « japonisant », on pense plutôt à « Soie » de Barrico….

C'est un récit « modianesque », éclaté, où l'on suit, sans ordre chronologique strict, à la fois Hi-han (c'est le seul bémol que je mettrais au livre, ce nom est ridicule et permet des jeux de mots ridicules…), le peintre d'éventail Matabei Reien, le vieux maître Osaki et Dame Hison, un des personnages les plus finement évoqués…

C'est une belle histoire de transmission et d'initiation qui réussit à saisir la grâce éphémère de chaque instant, justement comme dans les haïkus.
L'évocation de la pension de famille est pleine d'implicites et de non-dits et constitue une grande réussite du livre. Elle fait penser à un lieu que l'on pourrait trouver dans un roman de Modiano : où se croisent des personnages singuliers et très improbables, dont on ne connait que quelques parcelles de vie, qui ne sont révélées que par petites touches : le couple illégitime, la vieille fille, le négociant en thé. Tous semblent habiter une maison où le temps s'est arrêté .Il en est de même pour le tsunami et la centrale , tout est dans le non-dit et la suggestion et c'en est d'autant plus fort et angoissant…

Il faut aussi admirer chaque fin de chapitre, dont les phrases sont comme de courts poèmes en prose, parfaitement ciselées, et qui viennent conclure chaque étape et chaque évocation.
Page 34 il contempla le balancement des bambous (alexandrin !) avec une sorte d'allégresse.
Page 45 : Peindre un éventail n'était-ce pas ramener sagement l'art à du vent ?
Page 52 : un haïku «Ni tourment ni deuil
Sur les roses du jardin
Dispersez mes cendres.
Ou encore : Aux yeux de la lune
La cascade et l'avalanche
Ont la même durée.

Un texte splendide, qui raconte une très belle d'histoire d'amitié, de filiation, d'amour, tout étant entre les lignes dans la suggestion et l'évocation. Un récit plein de grâce et de simplicité, de pudeur et de délicatesse….
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