Je dois être honnete concernant cette lecture : au départ, je n'étais pas, mais alors pas du tout, attirée par le bouquin. La couverture ne m'attirait pas, pas plus que la quatrième de couverture qui m'embrouillait d'avance entre les noms de personnages et une histoire qui paraissait bien trop alambiquée pour moi. Et pourtant : ayant lu quelques Nothomb, j'avais pu auparavant découvrir combien le Japon pouvait être un pays merveilleux et passionant, débordant de traditions, de rites, de croyances, tout comme de paysages, avec des êtres ayant une mentalité et une force d'esprit libre et enviable à souhait. Seulement voilà, dès le départ, ce livre ne me motivait pas des masses.
Et j'ai le regret de poursuivre sur ma lancée : les 100 premières pages furent pour moi assez difficile à surmonter. Et pourtant, l'écriture est on ne peut plus travaillée, l'auteur possède une magnifique plume qui décrit comme si on y était à chaque instant, les paysages Japonnais, et notamment la contrée d'Atora, lieu ou se situe l'histoire. Les personnages sont interessant, mais leur histoire est longue à être revelée, et en ce qui me concerne, c'est ce trop plein de description, si beau soit il, qui m'a freinée. Ainsi, j'ai passé une bonne partie du livre à ramer tout en sachant que je lisais quelque chose d'unique, car
Hubert Haddad est un véritable conteur.
Philosophique, c'est l'histoire de la vie qu'il raconte pourtant, et que j'ai eu tant de mal à intégrer sur le départ. L'histoire d'un personnage venu s'isoler dans la montagne Japonaise après avoir renversé une jeune femme sur la route. C'était un artiste et pourtant, il abandone tout pour le chemin de l'esprit et de la solitude. Il se retrouvera alors dans une sorte de gite, chez Dame Hison, laquelle accueille toutes sortes d'âmes perdues ou en quête de leur quiétude pesonelle. Et il découvrira ce fameux jardinier : maître Osaki. C'est une sorte de roma d'apprentissage, car il commencera à observer ce jardinier qui peint des évetails et écrit des Haïkus. Il l'accompagnenra au travers d'un voyage et découvrira même les premiers amours et le sexe.
Viendra la mort du maître. Triste et belle à la fois. Matabei, sans même s'en aperçevoir, reprendra alors le flambeau du peintre d'éventail, pour restituer le travail de son maître. Tout d'abord, au travers de son jardin, dont il prendra soin, et plus tard au travers de la peinture. Un autre jeune homme sera, tout comme il l'a été avec maître Osaki, une sorte de disciple qui finira par le quitter à cause d'une femme. L'histoire jusque là n'était pas des plus entraînantes à mon goût, mais lorsque cette femme apparut, j'y trouvais soudain de l'interêt.
Car cette histoire devient belle, émouvante, triste. Et nous, lecteurs sensibles, nous sommes touchés par la plume de l'auteur. Cette femme ravit bien des coeurs et un autre evênement s'ajoute aux péripéties du livre : le tsunami ce fameux 11 mars. ( Oh, coïncidence, j'ai terminé ce livre et lu ce passage en ce 11 mars 2014, date d'anniversaire, justement, du tragique evênement). Scénario catastrophe mais si véridique : l'explosion de la centrale, les secousses sismiques, le raz de marée et la déstruction totale de tout ce qui avait pu exister jusque là est alors décrite. C'est décrit avec une beauté sans pareille, un récit rempli de larmes, de désespoir. C'est l'amour d'une femme, d'un homme, d'un passé et de l'esprit qui est en perdition. C'est ce que cherche alors à restituer Matabei en marchant sur les traces de son maître. Ramassant les corps de Dame Hison et de ses amis, il dresse seul leur scépulture. C'est un moment triste et magique à la fois. A la seule force de son esprit, il repeint chacun des éventails de son maître, trait pour trait, jusqu'à presque se fondre en lui, et devenir ce maître, pour enfin, lorsqu'il s'éteindra, transmettre le flambeau à son élève retrouvé.
Tragique mais beau, ce n'est donc que vers la centième page que j'ai réellement trouvé un bon fond à ce livre pourtant bien écrit et qui mérite toute une attention particulière. Il demande concentration et imagination, afin de bien se plonger dans tout
l'univers de ce Japon isolé, mais il demande aussi réflexion et philosophie. Cela reste un beau voyage qui peut également décrire l'horreur de la catastrophe de Fukushima et, d'un côté, nous aider à réaliser combien il y eut à perdre en ce jour...
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