Après la lecture de son roman
le Peintre d'éventail, je reviens vers la belle écriture d'
Hubert Haddad au travers de son recueil
Les Haïkus du peintre d'éventail dans lequel l'écrivain témoigne à nouveau de son attachement profond pour la culture japonaise, une certaine culture où art et sagesse jettent un pont entre passé et présent, à la recherche d'une intemporalité du poème.
Dans la plupart de ses haïkus,
Hubert Haddad s'inspire de la philosophie zen mais dans de nombreux autres, il s'écarte d'elle pour aborder d'autres sujets moins conventionnels. Dans les deux cas, dans une écriture très inspirée et une belle maîtrise du tercet,
Hubert Haddad donne au haïku sa réserve de sensation pure, abrupte, repliée sur elle-même mais pleine de résonances, comme les cercles concentriques à la surface de l'eau, la pierre engloutie dans les profondeurs.
Est-ce la profusion de thèmes abordés ? Est-ce le trop grand nombre de haïkus contenus dans le recueil ? Leur mise en page resserrée ? La lecture du recueil m'est apparu comme une accumulation de textes un peu désordonnée. Entre tradition et contemporanéité, la liaison, le rapprochement des deux m'a échappé.
Si les règles d'écriture du tercet sont invariables, les thèmes sont trop dissemblables et ne s'accordent pas entre eux, créent une disharmonie où le sujet métaphysique côtoie une scène de la vie quotidienne, le tragique de la mort celui de l'enfance, la nature immuable celle de l'incongruité d'une chose vue, etc.
« Tous ces haïkus
que tu lis ou ne lis pas
du pareil au même »
Ce haïku découvert dans le recueil, m'a paru quelque peu étrange mais il révèle peut-être - malgré lui - la tonalité du livre d'
Hubert Haddad, et plus largement, de l'engouement actuel pour l'écriture des haïkus.
Le respect au pied de la lettre d'une règle d'écriture, la recherche approfondie de sens et d'esthétisme, s'ils ne vont pas de soi, enferment peut-être l'écriture dans une forme de l'art pour l'art, une écriture pleine de promesses mais aussi de limites.
C'est ce que j'ai éprouvé à la lecture des Haïkus du peintre d'éventail, un sentiment de saturation, de trop plein, de dispersion aussi. Dommage.
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