Je viens de finir la lecture superbement rédigée de cette admirable chronique de sinistres mémoires, de 150 ans d'histoire du peuple algérien, de l'avant colonisation française jusqu'à 10 après sa libération. Ceci à travers l'histoire du clan, de la famille même de l'auteur et de l'histoire de vie personnelle dudit auteur. Honnêteté, sincérité de ton, événements historiques conformes à tout ce qui a pu être dit et écrit par ailleurs.
Mais je suis stupéfaite de constater que sur Babelio, cet ouvrage de qualité, édité il y a 12 ans, n'ai recueilli en tout et pour tout qu'un seul commentaire avant le mien ? Les libraires l'avaient-ils et l'ont-ils encore camouflé au fin fond de leurs rayons ? Moi-même ne l'ai déniché que par hasard sur les étagères de ma bibliothèque municipale (merci à elle de l'avoir acheté !).
Je ne peux dire qu'une chose : LISEZ-LE !
Cela nous aidera à se rendre compte de l'histoire de cette colonisation commencée en 1830, faite au début de quarante ans de combats, de meurtres et de pillages ordonnés par les hautes autorités militaires françaises, suivie de période de prospérité pour les colons et de mise à l'écart dans un extrême dénuement des autochtones privés de leurs ressources agricoles et d'élevage et d'écoles accessibles à leurs enfants.
Cela nous aidera à comprendre le silence écoeuré de nos ex-jeunes soldats français envoyés entre 1954 et 1962 aux « opérations de maintien de l'ordre » et qui ont eu la chance d'en revenir. Ils sont maintenant octogénaires ou septuagénaires et se souviennent encore en leur for intérieur des horreurs de la guerre …
Cela nous aidera à construire notre réaction actuelle quand nous entendons encore ici et là les doux qualificatifs de bougnoules, ratons …
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La plus grande partie du livre se situe à partir des années 50, mais toute la partie antérieure à l'indépendance évoque les conditions de vie d'une famille algérienne au cours des décennies qui ont précédé la guerre d'Algérie. Pauvreté, dénuement, soif de savoir... autant d'éléments qui ont poussé l'auteur à l'école puis à l'université. La partie du livre consacrée à la guerre est très intéressante car elle nous fait découvrir "les évènements" du coté algérien et du FLN.
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J'avais donc douze ans etj'entrais, comme interne, en classe de sixième au lycée d'Aumale de Constantine. Je me souviens des premiers contacts avec les autres internes : uniformément vêtus de blouses noires, nous étions timidement alignés en silence pour entrer au réfectoire, au dortoir, à la salle d'étude, devant des surveillants d'internat distants et à l'air sévère. Et puis, la découverte dans la cour de récréation de mes nouveaux camarades, venus d'Aïn Beïda, Aïn M'lila, Sedrata, Collo, autant de petites villes dont j'apprenais l'existence pour la première fois.
C' était donc ça ce monde de l'instruction vers lequel mon père nous avait poussés, ces longs couloirs aux carrelages brillants et ces baies vitrées, ces immenses salles de classe aux plafonds hauts, ces pupitres usés par le temps sur lesquels des générations d'élèves avaient tenu à graver leurs noms, ces hauts murs portant les casiers des internes fermés par des cadenas et, au-dessus du tableau noir, une pancarte avec l'inscription : 'Cette classe est la vôtre, ne salissez rien, ne détruisez rien'
A la mort de Smaïl, son frère cadet étendit son autorité sur le clan et son aile protectrice sur la famille du défunt. La mère de Séghir n'avait plus, comme avant, la haute main sur les réserves de nourriture du clan : la semoule, les dattes, la viande séchée... Selon l'ordre des choses, il appartenait maintenant à l'épouse du nouveau chef de famille d'en diriger les activités domestiques et de tenir la barre.
Mes ancêtres étaient, à l'origine, des passeurs semi-nomades qui vivaient, il y a longtemps de cela, dans la Hodna ; c'était avant l'arrivée des Français en Algérie.
ERRATUM sur le commentaire précédent.
Il faut lire colonisation commencée en 1830 et pas en 1930 !!! Pardon pour la faute de frappe.