Ce roman nous plonge dans la vie de Laëtitia, quadragénaire qui ne sait plus trop où elle en est de sa vie, de ses choix et de l'avenir qu'elle souhaiterait avoir. De façon à la fois métaphorique (avec Phedra, qui représente avec originalité la pieuvre de son psychisme, de son inconscient) et à la fois hyper réaliste (avec une foultitude de petits détails emprunté au quotidien d'un tas de personnes, dans lesquels on peut très bien se reconnaître ou reconnaître nos proches parfois), elle nous plonge dans ses déambulations à Copenhague. Ayant suivi son petit-ami parti au Danemark pour une mission de chercheur à Aarhus, elle l'attend la semaine dans la capitale et a enfin du temps pour elle, du temps pour penser à son nouveau projet professionnel mais aussi à son horloge biologique qui n'en finit pas de tourner, du temps passé à divaguer, du temps à tuer, du temps dont elle finit par ne plus savoir que faire et qui finit par la pousser à faire des rencontres dans ce pays inconnu. Et la vie amène parfois des imprévus, lui propose des découvertes et des tentations qu'elle dépeint comme le reste avec beaucoup d'humour et parfois de cynisme, tout comme les questionnements infinis qui peuvent jalonner le parcours de quelqu'un rempli de désirs contradictoires, de paradoxes : ne pas avoir d'enfant et vivre librement sa vie, en avoir un et répondre à l'envie de materner et à l'appel du tic tac biologique ; vivre avec la même personne et le retrouver tous les soirs, vivre avec quelqu'un mais s'en détacher pour mieux l'apprécier et continuer à le désirer…
J'ai beaucoup aimé l'humour et le réalisme de certains passages (je vous en livre quelques extraits : « tôt ou tard, un extrait de quelque-chose […] tend vers son contraire […], ce qui rétablit un équilibre. Ça s'appelle l'énantiodromie. J'ai glané ce concept dans un livre de Soli [son compagnon]. Il taquine volontiers les philosophes quand ce n'est pas la saison du goujon et possède un tas de livres ennuyeux. J'en ai sorti quelques-uns des rayons pour lutter contre l'insomnie, comme alternative à la benzodiazépine. », « Chercher l'être à aimer est une mission de chaque instant. Se tenir à l'affût, repérer une silhouette, se laisser taper dans l'oeil, croiser un regard, approcher, accoster, séduire, se troubler, se laisser courtiser, draguer, désirer, attendre un premier rendez-vous, le deuxième, le troisième, le dernier, lisser ses plumes, ses pattes, son bec, être la plus belle ce soir pour aller danser, repartir à l'assaut, s'enflammer à en perdre l'appétit, douter à ne plus en dormir la nuit, s'attrister à ne plus pouvoir affronter le quotidien, rompre, poser un lapin, se faire larguer, toucher le fond de la piscine dans son pull bleu marine […] » ), un peu moins la fin trop rapide qui peut nous laisser un peu trop sur notre faim.
Merci à Babelio avec son opération masse critique et à l'éditeur de m'avoir fait découvrir ce roman.
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J'ai une petite manie quand j'ai un livre en main. Je l'apprivoise. Je le hume, lit la quat'de'couv' et feuillette le livre rapidement un lisant de ci de là une phrase, un mot. Avec les Danois (etc) c'était plutôt mal parti, le verso du bouquin m'ayant appris que « ce roman est un deuxième volet » (oh non purée) et les quelques mots glanés au hasard (plus crus, sexe que rock'n'roll) ne m'emballaient pas plus que cela.
Et puis j'allais me couler dans un bain et je n'avais rien à lire à portée de main à part celui-là. Je l'ai ouvert ainsi flottant dans un bain de vapeur, bourrée d'a priori... Et j'ai très vite accroché. J'ai eu l'impression de lire les lettres (ou les mails) que ma petite soeur Leti m'enverrait du Danemark. Mais,si ! Souviens-toi ! Laeticia, la petite dernière que mes parents ont pourri, qui ne fait rien de sa vie et à qui il arrive pourtant plein de choses. Léti qui agace, qu'on envie un peu, et qu'on aime malgré tout très fort.
Au final, ce court livre a été lu en deux soirs, il est un peu cornégondolé et a surtout été une bonne surprise (dommage qu'on ne sache pas pourquoi les Danois ne ferment pas leur volets).
[Masse critique]
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Laetitia a la quarantaine, perdu son boulot et un amoureux archéologue qui voyage beaucoup pour son travail. Lorsque celui-ci accepte une mission de plusieurs jours à Copenhague, Laetitia décide de l'accompagner. Sur place, elle découvre la ville, les moeurs des habitants et surtout elle a du temps pour elle et elle réfléchit à sa vie et se rend compte que son horloge biologique est en route et qu'elle aimerait bien avoir un bébé. Au fil de ses rencontres danoises, sa situation va légèrement se compliquer et Laetitia devra faire un choix avec l'aide de Phedra la pieuvre qui habite son âme. Je n'avais pas lu le premier volet de cette série mais je dois dire que ce n'est pas forcément nécessaire. On découvre le Danemark en même temps que Laetitia et on est embarqués très rapidement dans ses péripéties. J'ai trouvé ce roman frais et divertissant et j'ai bien apprécié la description des habitudes danoises et les réflexions de Phedra. A lire sans prise de tête.
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