Il était, dit le docteur Lalande, tellement grand en connaissance, si libre, que nulle de nos mesures ne s'adaptaient à lui. Logique, morale, sentiment de la famille, tout cela n'était pas pour lui ce que c'est pour nous, puisque la vie entière se présentait à lui avec le passé et l’avenir liés ensemble en un seul tout spirituel, dont il savait la nature, l'essence, les raisons, les lois, dont il possédait les rouages... Et il donnait par ses bienfaits, cures morales et physiques, actes de science ou de miracle (c'est-à-dire sur-science pour nous), des preuves que son enseignement était vrai.
Aux questions posées sur des souffrances, des difficultés, il répondit avec bienveillance et une autorité qui en imposait, car on comprenait qu’il lisait sans peine dans les esprits et les coeurs. Des malades tendaient les mains vers lui, il les encourageait et ils étaient soulagés ou guéris. Il dit à une personne ; " Ton mari va mieux, remercie le Ciel ". A une autre : " Ton enfant est guéri, il te faut payer. Ce n’est pas de l’argent que je demande, mais que tu ne dises pas de mal de ton prochain pendant une journée ". Puis, désignant un estropié : "Voulez-vous prier pour cet infirme et me promettre de ne dire du mal de personne pendant deux heures ? "
Tout le monde répondit : Oui. Après un instant de recueillement il ordonna au malheureux de faire le tour de la salle. Celui-ci se leva et, à la stupéfaction de tous, il marcha sans béquilles et sans aide. Des exclamations, des cris de joie exprimèrent l’émotion et la gratitude de l'assistance ; des larmes coulaient sur les visages.
Un jour M. Philippe accosta devant moi un pauvre homme assis sur ses talons, qui mendiait à une extrémité de la passerelle du Collège. Ses jambes, écrasées par une voiture, étaient paralysées. On l’amenait là et on le rentrait le soir avec une petite voiture. M. Philippe lui dit : " Je connais quelqu'un qui pourrait te guérir. Il faut bien demander à Dieu et tes jambes marcheront de nouveau. Tu promets de demander à Dieu ? - Oui ", répondit-il. Et le Maître me dit en partant : " Il ne demandera rien du tout ; c'est déjà la deuxième existence qu’il passe ainsi estropié. Il ne veut pas travailler ".
Il y avait à L’Arbresle un homme qui enlevait les brûlures. Il eut quelques insuccès ; il accusa M. Philippe d'en être la cause et répandit sur son compte des bruits calomnieux. M. Philippe le fit appeler. Plongeant alors deux doigts de la main droite dans de l'acide sulfurique, il pria son hôte de guérir la brûlure. Pendant plus de deux heures celui-ci fit tous ses efforts, tandis que l'acide brûlait la peau et entamait les chairs. Comme il avouait humblement son impuissance : " C'est bien, lui dit M. Philippe, à l’avenir tu auras plus de facilités pour guérir les brûlures ".
Toutefois un volume comme celui-ci ne pouvant contenir tout ce qu'il m'a été donné de connaître sur M. Philippe, force m’a été de faire un choix, et j'ai groupé de mon mieux les textes retenus, suivant un plan aussi logique que possible. Le lecteur aura ainsi une vue d'ensemble sur les sujets abordés, mais il ne devra jamais perdre de vue que les paroles prononcées par le Maître s’appliquaient souvent à des cas particuliers. D’ailleurs il disait lui même : " A la séance chacun entend ce qu’il doit entendre ".