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3,7

sur 156 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je viens de parcourir ce livre, en passant de nombreuses pages, mais en ne l'abandonnant pas tout à fait. Haenel me fait prendre conscience que ma passion pour la peinture s'est lentement mais sûrement émoussée pour ne pas dire tarie. Pendant de nombreuses années, j'ai eu la chance de visiter les musées à travers le monde. Parfois il m'arrivait de rester plusieurs heures devant un tableau précis pour me fondre dans la toile. Je me souviens du film de Akira Kurosawa « Rêves » où l'on voit un visiteur pénétrer dans un paysage de van Gogh. Et bien c'est un peu ce que je ressentais à ces moment-là. Je me souviens avoir été en arrêt devant une vierge à l'enfant au musée des beaux-arts de Lyon. Un petit maître du quattrocento dont j'ai oublié le nom. Mais cette jeune vierge avait des allures toutes botticelliennes. La manière dont ces peintres du quattrocento avait l'habitude de peindre les voiles translucides recouvrant la poitrine et la tête de Marie m'a toujours profondément troublé. J'en parlais longuement à l'époque avec mon thérapeute. Tout comme Haenel devant la Judith du Caravage, j'ai moi aussi longuement fantasmé devant la sensualité de certaines oeuvres, mes sens me plongeant alors dans un émoi indicible.
Pourtant, le livre de Haenel n'a plus grand-chose à voir avec mes préoccupations culturelles actuelles. Je le déplore mais ma passion pour la peinture a fait place à autre chose. Même s'il m'oblige à fouiller dans les souvenirs d'une époque de ma vie maintenant révolue. Quelques toiles me reviennent en mémoire...
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Un ouvrage très érudit qui prend pour point de départ une passion nouvelle pour un tableau du Caravage. Ensuite, les chapitres alternent entre histoires de la vie du peintre et descriptions commentées de ses tableaux.
Un texte extrêmement bien écrit, d'une érudition fine et agréable, qui donne très envie de (re)voir ces tableaux. Par contre c'est une lecture très intellectuelle que j'ai trouvée un peu longuette par moments...
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La solitude
CARAVAGE
Yannick Haenel
essai
Des Vies Fayard
2019 327p



J'ai eu du mal à entrer dans ce livre, et par surcroît l'auteur m'a agacée avec l'emploi fréquent comme transitif indirect du verbe transmettre à qu'il a l'air d'affectionner.
La solitude (du titre et comme caractéristique du Caravage) a à voir avec l'absolu, et plus particulièrement avec l'exigence de l'art. C'est un artiste, Haenel, qui parle d'un autre artiste, Caravage. A 15 ans, Haenel, alors élève au Prytanée de la Flèche, est fasciné par un détail, Judith, pour l'adolescent une simple jeune et belle femme dotée d'une généreuse poitrine, du tableau du Caravage, Judith décapitant Holopherne. C'est beaucoup plus tard qu'il découvrira le tableau tout entier. Ce n'est pas tant une biographie du Caravage, 1571-1610, que Haenel cherche à écrire qu'une enquête sur le peintre révolutionnaire qui terrasse toutes les conventions. Car il faut faire voir ce qu'on ne voit pas. L'exigence du Caravage l'apparente à un mystique. Sa vie débridée, de mauvais garçon, reste anecdotique, même s'il finit complètement défiguré, et si le désir qui l'anime l'oblige à prendre des risques avec la mort. le coup de foudre de Haenel pour le Caravage le marque en profondeur, il le pousse à écrire, nourrit son écriture, l'aiguillonne à atteindre le mystère. Mon coup de foudre pour le Caravage me confirmait à quel point la vraie vie consistait à s'ouvrir à une parole qui vous nourrit, à lui offrir votre corps, à vous laisser transpercer par cette expérience, et à écrire. Formulée ainsi, l'expérience semble être celle de la sainteté, quand Sainte Lucie, ou Sainte Catherine d'Alexandrie, par exemple, deux saintes qu'a peintes le Caravage, se donnent totalement au Christ et se laissent transpercer par la lumière divine. le Caravage, c'est une histoire de solitude, l'histoire de la vérité, l'une et l'autre se tordant dans le noir, qui se révèle après une longue quête être la couleur de Dieu.
le Caravage eut tout de suite du succès, et un succès énorme. Il fut oublié pendant deux siècles. C'est à la fin du XIX°, quand l'idéalisme n'a plus cours, que Manet et Courbet font qu'on le redécouvre.
Les premiers tableaux du Caravage, MichelAngelo, parce que né un 29 septembre, Merisi, peut-être fils illégitime d'une princesse Sforza, sont emplis de sensualité, voire de sexualité, et peut-être d'homosexualité. le Garçon mordu par un lézard, efféminé, l'épaule complaisamment dévêtue, est peut-être un autoportrait du peintre qui avec le doigt mordu, le digitus impudicus, désigne ses parties génitales et font un doigt aux conventions, à la bienséance, c'est aussi un portrait en miroir du Caravage : le bras droit est celui qui peint et les roses de la carafe sont des pinceaux. le petit rectangle lumineux de la carafe suggère l'invisible ou ce qu'on ne voit pas ou qu'on n'a pas la curiosité d'aller voir. le Caravage n'est pas un réaliste. Aucun peintre n'a pensé plus puissamment ce qu'il peignait.
Haenel enquête sur la trajectoire du peintre : on le voit en concurrence avec les autres peintres de l'époque notamment quand il peint l'Amour victorieux qui peut paraître sacrilège, mais qui au moins permet le débat sur le sacré, le lieu du sacrificiel, où quelque chose meurt puis renaît. le Caravage se reconnaît ensuite en Saint François d'Assise, puis de tableau en tableau, se rapproche très près du Christ. C'est donc qu'il vit la peinture comme un moyen d'atteindre le mystère, mais tout autant il traque le mystère pour atteindre la peinture. Il est sûr que, exilé après avoir tué un homme certainement en position de légitime défense, il a changé radicalement sa manière de peindre. La figure du bourreau prend de plus en plus de place, et quand Jean-Baptiste est décapité, c'est le Caravage en personne qui perd la tête, et d'ailleurs il signe son nom du sang de Jean-Baptiste. C'est ainsi que le Caravage est un aventurier, au sens où l'entend Debord, non quelqu'un à qui il arrive des aventures, mais quelqu'un qui fait arriver l'aventure.
le point de départ de Haenel, c'est Judith décapitant Holopherne. Il a 15 ans, l'âge du désir pour cette jeune femme de 18 ans, dont 40 ans plus tard, Haenel connaîtra le nom, Fillide Malandroni, qui fut d'abord une courtisane, et qu'aima le Caravage. C'est la vie du désir qui anime en secret tout ce que Haenel écrit. Son point d'arrivée est La Décollation de Saint-Jean Baptiste. Haenel qui tente de comprendre la peinture du Caravage veut ainsi comprendre son écriture à lui et ce vers quoi elle le conduit. le mystère n'affirme de toute façon qu'une chose qui manque. le livre est donc à la fois biographie et autobiographie.
Les analyses des tableaux sont intéressantes. Tout ce qui concerne l'absolu, la solitude, le mystère, se lit de façon avide. L'écriture de Haenel, qui capte des choses à force de contemplation et parce que l'auteur lui-même cherche ce qu'est un artiste, déçoit un peu, même si elle se réclame de Diderot, rendant compte de Salons et de Bataille qui a écrit sur Manet. Comment faire parler le silence de la peinture ? Mais au moins, il va au bout de sa quête, en se documentant, en étant à l'affût des nouvelles découvertes, le cas Caravage intrigue encore, en ne cessant de regarder les tableaux et en mettant en parallèle sa propre pratique et celle du Caravage. C'est que pour tous les deux , le salut, ça compte.

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Foudroyé par le portrait de Judith de Caravage, Yannick Haenel a été envouté adolescent par ce tableau aussi sensuel que réaliste.

A travers une analyse méticuleuse des oeuvres du Caravage, l'auteur présente ce peintre mythique aussi talentueux que scandaleux. Il décrit avec précision le réalisme de ses toiles, la lumière de ses tableaux, la relation du Caravage avec Dieu ou encore son rapport à la mort.

Avec beaucoup d'érudition,Yannick Haenel nous emporte sur les traces du Caravage de Rome à Naples et délivre une analyse personnelle de son rapport au peintre.

Si j'ai trouvé les propos parfois verbeux, j'ai aimé le regard porté par l'écrivain sur l'oeuvre de cet artiste et sa passion communicative pour son art.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Au-delà d'une biographie linéaire du Caravage, Yannick Haenel a préféré coucher sur le papier la relation quasi charnelle qui le lie au peintre italien. Son approche est donc forcément subjective et, si certaines analyses sont pertinentes (exemples : le parallèle entre l'écriture et la peinture ; le Caravage vit comme il peint : avec rage), d'autres ont des prétentions psychologisantes voire psychanalytiques qui ne m'ont pas convaincues. Mais c'est la liberté de l'auteur, qui a une connaissance de l'oeuvre de l'artiste que je n'ai pas, d'interpréter à sa manière les quelque soixante tableaux que Michelangelo nous a laissés. On a tout de même du mal à croire que l'adolescence de l'écrivain, alors qu'il était interne au Prytanée militaire de la Flèche, était quasi exclusivement hantée par la figure de Judith qui l'a éveillé à la sensualité.
Autre bémol : on aurait aimé la présence d'une iconographie pour mieux apprécier les descriptions minutieuses de Yannick Haenel.

EXTRAITS
- Accueillir dans sa vie des figures peintes prépare sans doute à vivre selon les nuances.
- A l'origine, il y a le noir, et peindre consiste à faire venir quelques rayons sur ce noir.
- Sa vérité réside autant dans la boue des nuits que dans l'or de sa peinture.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Voilà un livre tellement personnel qu'il est difficile de rentrer dedans. On est proche de la confession, mm s'il y a un vrai sujet, mais l'approche en est tellement intime qu'on lit la belle écriture, de belles envolées, mais on reste sur le quai à attendre un autre passage flamboyant avant de redescendre.
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adorant la peinture du Caravage, je n'ai pas hésité à plonger dans le récit de Haenel. Lui-même avoue être tombé dans la même admiration beaucoup plus jeune et à partir d'un seul tableau. Malheureusement, son approche très intellectuelle voire absconse ne permet pas de le suivre tout le long de son chemin très personnel, qu'il peine à faire partager. Imaginer ce qu'a été la vie réelle de ce peintre est une gageure, et tourne inéluctablement à la fiction. Pourquoi pas le sujet le mérite, mais les interprétations mystico-religieuses auxquelles elle aboutit ne sont pas ma tasse de thé. Il en reste malgré quelques pans de la vie du Caravage intéressants à redécouvrir, tel que par exemple son passage à Malte et sa renonciation au dernier moment à rentrer dans l'ordre des chevaliers. Quel homme fascinant, en clair-obscur comme sa peinture
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