J'ai une brusque envie d'en finir - là, tout de suite. C'est un étrange désir, qui brille comme une lame de couteau. Peut-être que je ne supporte plus mes battements de coeur : la découverte de la jouissance a été trop forte.
L'esprit est la vie de la solitude qui s'éclaire. Ca qu'il y a de plus silencieux ouvre les journées. Ca passe par la nuque et continue, lentement, jusqu'à la main. Le trajet d'un tel silence s'appelle l'instant. Chaque instant est libre pour les solitaires.
Alors le fleuve vous parle, les ruelles vous parlent, les collines vous parlent, les bandes blanches des passages piétons, les sachets de sucre sur les comptoirs, les écharpes et les bottes des jeunes femmes.
... s'endormir, c'est deviner dans l'effrayante multiplicité des signes la possibilité d'une bienveillance.
Tout cela suffit d'habitude à me griser : la lumière dans les arbres, l'odeur de poudre, l'enfer à qui je tourne le dos; mais cet après-midi, ça ne marche pas bien.
J'avais la sensation que la souffrance n'existerait plus jamais, et que mon corps, mes pensées allaient s'épanouir dans cette extase du temps.
Ecrire des livres consiste à faire parler ces instants de foudre.
N'avez-vous jamais senti que les phrases sont gorgées de cyprine ?
Il faut briser ses chaînes sans qu'ils le voient. Il n'y a que ça de vrai : l'imperceptible. Essaie de te révolter, ils te tomberont dessus tout de suite.
Celui qui demeure dans sa solitude, que lui arrive-t-il ? Est-ce que ça s'ouvre, est-ce que ça se ferme ? Est-ce de la pensée, cette chose rouge et blanc qui passe de l'un à l'autre comme l'éclair ? Un tel passage implique des horizons qui s'effacent. On commence à se vider minutieusement de son moi, jusqu'à ce que n'existe plus, à sa place, qu'un champ libre.
J'ai prononcé cette phrase pour que mon geste existe.