Pour Hitler, le but ultime de toute politique résidait dans la guerre victorieuse, non dans la conquête de la paix.
La France regardait l'Allemagne d'Hitler comme le lapin regarde le serpent et dans son effroi, inconsciemment, appelait presque la fin inévitable. « Il faut en finir » : le cri de guerre de la France en 1939 était presque un appel à la défaite – qu'on en finisse enfin !
Hitler ne fut pas seulement l'objet du culte d'Hitler, il en fut le premier, le plus persévérant et le plus fervent zélateur.
Hitler avait toujours eu deux buts :
la domination de l'Allemagne sur l'Europe et l'extermination des Juifs.
Il a manqué le premier. Il se concentrera désormais sur le second.
En apprenant la nouvelle de la mort soudaine d’Hitler à l’automne 1938, la plupart des allemands auraient d’abord eu le sentiment d’avoir perdu un de leurs plus grands hommes d’État. Mais ce sentiment n’aurait probablement duré que quelques semaines. Car ils auraient alors remarqué avec effroi qu’ils n’avaient plus d’État capable de fonctionner - qu’Hitler l’avait détruit dans le plus grand secret en 1938.
Aujourd’hui, les anciens ont vite fait de dire : « Comment avons-nous pu ? », et les jeunes : « Comment avez-vous pu ? » Mais, à l’époque, il fallait un esprit pénétrant et profond pour voir les racines cachées de la catastrophe future déjà à l’œuvre dans les réalisations et les succès, et une force de caractère tout à fait exceptionnelle pour se soustraire à leur effet. Les discours qu’Hitler prononçait en aboyant et l’écume aux lèvres, et qui, lorsqu’on les entend aujourd’hui, provoquent la répulsion ou le fou rire, se détachaient à l’époque sur un arrière-plan de faits qui étouffait intérieurement toute objection chez l’auditeur, c’est cet arrière-plan de faits qui impressionnait et non les aboiements ou l’écume.
Ses ambitions pour l'Allemagne ressemblèrent de plus en plus à celles d'un éleveur ou d'un propriétaire d'écuries de courses pour ses chevaux. Aussi, à la fin, Hitler se conduisit-il comme un propriétaire déçu et furieux, qui fait fouetter à mort son meilleur cheval parce que celui-ci n'a pas gagné la course.
On n'avait pas seulement à Paris, par un traitement offensant, poussé l'Allemagne sur le chemin de la révision et de la revanche, on lui avait aussi, comme par frénésie, frayé ce chemin par tous les moyens.