Le grand nombre d'oeuvres de Goya où il imagine la menace, le supplice et la mort, nous incline à penser que ce désir de se faire peur faisait partie pour lui des pulsions créatrices puissantes, tout comme d'autre part son intérêt passionné pour les femmes.
A partir de 1793, il fixe aussi ses visions sur la toile, ses peurs et ses doutes, des images issues de son monde intérieur. Une crise est à l'origine de ce nouveau regard sur le monde, ue maladie grave dont il faillit mourir et le laissera totalement sourd.
La maladie a transformé Goya. le peintre des scènes claires et gaies des cartons de tapisserie n'existe plus. Maintenant à côté de l'aliéné, il peint sans commande l'incendie, le naufrage, l'attaque à main armée.
Si Goya ne cesse de peindre des bouches ouvertes sur les tableaux et les estampes qu'il peut réaliser à sa guise, c'est que cet élément "non civilisé" fait partie pour lui de l'être humain. Mais il est aussi synonyme de perte de contrôle. La bouche ouverte va souvent de pair avec les yeux écarquillés dans les moments où les passions sont à leur paroxysme, par exemple l'angoisse sur les visages des condamnés à mort de la Fusillade du 3 mai 1808, la colère et la convoitise sur celui du terrifiant Saturne ou l'extase religieuse sur les faces des pèlerins qui chantent à tue-tête dans la nuit.
Au lieu des scènes de jeu et de pique niques, Goya décrit avec réalisme la vie des petites gens.
Les portraits de Goya montrent les riches et les puissants, ceux qui donnent le ton dans le pays et la société.
Les femmes de Goya ne sourient pas.
Depuis le moyen age, le bleu est la couleur du manteau de la vierge et Goya lui trouvait un rayonnement bénéfique. Il s'est rarement servi de cette couleur.
Goya s'éteint le 16avril 1828 à quatre vingt deux ans. Il faudra des décennies avant que son œuvre ne commence à être reconnue en Europe. L'artiste remet en question les idéaux académiques de la beauté, posant ainsi de nouveaux jalons, et montre _ il est en cela unique à son époque - les peurs terribles qui peuvent assaillir l'homme et la barbarie dont il est capable.
Les romantique du 19ème siècle seront les premiers à sentir sa puissance, et les guerres meurtrières du XXème siècle confirmeront de manière terrifiante sa triste vision de l'humanité.