A la mort de sa grand-mère, Iris, la narratrice, apprend qu'elle hérite de la maison de famille située à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne. Elle est très surprise car cette maison aurait dû revenir à une des trois filles de Bertha : Inga, Harriet ou Christa (la mère d'Iris).
Iris décide de rester quelques jours de plus, sous prétexte de régler la succession, mais en fait pour reprendre contact avec la vieille demeure où elle a passé toutes ses vacances et prendre sa décision : Gardera-t-elle ou non la maison ? Au début elle pense que non...
La voilà revenue au temps de son enfance. Des souvenirs heureux ou douloureux affluent pendant qu'elle se réapproprie lentement les lieux comme elle ferait un inventaire (Iris est bibliothécaire alors l'inventaire elle connait !).
Elle retrouve le plaisir de nager nue près de l'écluse, de sentir le vent dans sa robe alors qu'elle dévale la petite route à vélo, de s'allonger et dormir sous le pommier au milieu des odeurs du jardin.
Elle redécouvre chaque plante, chaque armoire, chaque porte...
Peu à peu les êtres importants de sa famille sont dévoilés.
Le lecteur met en place le puzzle, événement par événement, personnage après personnage au fur et à mesure que les souvenirs se rejoignent ou qu'ils réapparaissent dans la vie d'Iris. Cela permet au lecteur (et à Iris) d'y voir plus clair...Elle nous parle d'Hinnerk, le grand-père, dont la forte personnalité a marqué la maisonnée, de Bertha sa grand-mère qui a perdu la tête à la fin de sa vie comme si elle ne voulait plus se souvenir du passé (jamais le mot d'Alzheimer n'est prononcé) et de leur trois filles : Inga, née un jour d'orage et capable depuis de transmettre des décharges électriques par simple attouchement, vit toujours seule mais attire toujours les hommes tant elle est charismatique ; Harriet qui a élevé seule sa fille Rosemarie, avec l'aide de Bertha et d'Hinnerk, après avoir été abandonnée par le père et qui est devenue "hippie" après la mort de Rosemarie, cherchant un sens à sa vie détruite ; et puis Christa, la mère d'Iris, l'aînée des filles, jalousée par toutes car la préférée du père et puis aussi parce qu'elle, elle a un mari et une fille, mais elle a aussi le mal du pays car elle s'est éloignée de sa fratrie et ne revenait à Bootshaven que durant les vacances.
Tout dans cette maison rappelle les drames et les bonheurs passés.
La maison est vivante, elle grince, elle respire, elle participe aux événements et aux secrets de famille, c'est un personnage à part entière.
Elle a vu vivre trois générations de femmes, les vivantes et les disparues...
Iris va devoir prendre une décision difficile...
Le début est déroutant car la narratrice passe d'un personnage à l'autre sans se soucier du temps. Il faut du temps (encore) pour que le lecteur y voit plus clair et certains événements ne seront compris qu'à la fin...
C'est parce qu'il faudra du temps (aussi) à Iris pour se réapproprier son histoire familiale, ses racines sur lesquelles elle pourra enfin s'appuyer pour poser les bases de son avenir.
Les portraits de femmes sont magnifiques. C'est un roman plein de tendresse, de poésie, d'humour, mais il y a aussi beaucoup de violence entre les lignes.
C'est un roman sur le thème des secrets de famille, du souvenir et de l'oubli...
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