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EAN : 9780141039169
528 pages
Penguin (24/07/2013)
4.71/5   7 notes
Résumé :
In this “landmark contribution to humanity’s understanding of itself” (The New York Times Book Review) social psychologist Jonathan Haidt challenges conventional thinking about morality, politics, and religion in a way that speaks to conservatives and liberals alike.

Drawing on his twenty five years of groundbreaking research on moral psychology, Haidt shows how moral judgments arise not from reason but from gut feelings. He shows why liberals, cons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pourquoi des gens qui paraissent sains d'esprit font-ils des choix politiques ou religieux aussi stupides ? La question a déchiré plus d'une famille, et plus d'un pays. Et cet essai n'ambitionne rien de moins que de répondre clairement à la question.

La première partie parle de psychologie cognitive, et de thématiques que j'avais déjà abordé plus complètement avec « Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée  » : les intuitions viennent d'abord, la réflexion ensuite. Se battre à coups d'argument rationnels n'a généralement aucun effet : les gens sont d'abord convaincus intimement de quelque chose, avant de trouver des arguments qui vont dans leur sens (et de trouver les arguments des adversaires ridiculement biaisés).

L'auteur présente une série d'expériences basées sur des récits du type : « Un homme promène son chien, mais voit une voiture le renverser et le tuer. Pour ne pas gâcher la viande, l'homme le ramène et le cuisine pour son repas du soir. » On peut déjà montrer que cette histoire provoque un dégoût moral qui excite exactement les mêmes zones dans le cerveau que le dégoût « physique » qu'on peut éprouver en regardant de la nourriture couverte de moisissure. Et si dans ces histoires, du tort n'est objectivement jamais causé volontairement, les participants deviennent créatifs pour prouver que quand même, c'est mal et que des conséquences néfastes vont forcément se produire ensuite. On note aussi que faire la distinction entre « Moi je ne l'aurais pas fait, mais lui a le droit de le faire » et « c'est universellement mal » n'est pas la norme. Dans la plupart des cultures actuelles et passées, la première catégorie n'existe pas.

La seconde partie du livre aborde les différents types de réflexe moraux. L'auteur en catégorise six :
• le soin : agir en voyant quelqu'un en souffrance ;
• la justice : punir les tricheurs ;
• la loyauté : punir les traîtres ;
• l'autorité : respecter les relations hiérarchiques ;
• le sacré : le fait que certaines choses soient intouchables et ne peuvent pas être remises en question ;
• la liberté : aucune personne ni structure n'a le droit d'en tyranniser ou d'en malmener d'autres.
Ces réflexes moraux sont répartis inéquitablement chez chaque personne, en fonction du milieu, de l'éducation, et de l'expérience de vie de chacun. Si je dis « augmenter les minima sociaux », ça peut activer le « soin » chez quelqu'un (qui va spontanément imaginer une famille incapable de se chauffer correctement), « l'injustice » chez un autre (qui va plutôt imaginer plus de personnes assises devant la télé à 11h en mangeant des chips pendant qu'il travaille) ou encore « la liberté » chez un autre, qui ne va pas comprendre pourquoi on le force encore à financer des nouveaux trucs avec ses impôts alors qu'il n'a rien demandé.
L'auteur souligne que pour construire un discours convaincant, il faut parler à ces six réflexes, et pas seulement aux siens propres. Parler uniquement de « soin » à quelqu'un qui ne voit qu' « injustice », ça ne mène qu'à deux personnes qui monologuent chacun dans leur coin.

La dernière aborde les phénomènes de groupe. Pour l'auteur, nous sommes 90 % chimpanzés (= égoïstes) et 10 % ruche (=collectif). le regard des autres importe, faire partie de groupes nous rassure. Pour se sentir protégé par un groupe, il faut en arborer visiblement les signes (vêtements, sigles, paroles, …) et s'assurer que les personnes tentées de le quitter seront sévèrement punies.

Donc, si on résume : votre éducation et votre expérience de vie vous donnent de forts réflexes sur ce qui est bien ou mal. Vous allez trouver des groupes expliquant que les gens comme vous sont formidables, et que les autres sont des grosses quiches, ce qui vous paraîtra très convaincant. Vous allez exhiber des logos ou crier des slogans, vous liant de ce fait irrémédiablement à ces groupes. À ce stade, c'est terminé : vous ne changerez plus jamais d'avis, à moins d'affronter de grosses crises existentielles ou de profonds bouleversements dans la société.

The righteous mind fait partie de ces rares livres qui vous offrent soudain un nouvel outil pour comprendre le monde, et qui transforment des situations confuses et absurdes en évidences lumineuses. Sur le moment, on a envie de l'appliquer partout ; il faudra apprendre à le ranger dans la boîte avec les autres, et ne le sortir qu'aux moments opportuns.
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Ce livre, écrit en anglais, est une très bonne surprise avec ses nombreuses pistes de réflexion.
L'auteur commence par rappeler que l'intuition arrive en premier, la raison en second. Il image son propos avec un éléphant et son conducteur. L'éléphant (l'intuition) réagit à son environnement et son conducteur (la raison) tente de le remettre sur son chemin. L'analogie est explicite et on la retrouve tout le long de l'ouvrage.
Ensuite, l'auteur nous expose sa matrice, les piliers de la morale en quelque sorte : la bienveillance, l'honnêteté, la liberté, le sacré, la loyauté, l'autorité. Et son analogie avec le goût est très inspirante. le principe que chacun réagisse à un événement par ses propres « capteurs » de morale, à l'instar des capteurs de goût, est très révélateur. Et avec cette théorie, il explique les clivages, notamment celui des partisans des deux grands partis américains conservateur et démocrate.
Il explore la politique donc, mais aussi les grandes entreprises et la religion. En ce qui concerne cette dernière, j'ai noté un de ses propos que je résumerais ainsi : ce n'est pas le fait de croire qui est le plus important pour être un bon fidèle, c'est le fait d'appartenir à une communauté qui partage les mêmes rites, la même morale.
L'auteur évoque aussi la théorie de l'évolution génétique avec laquelle il explique le fait que les hommes se comportent un peu comme les abeilles dans un essaim. Les hommes ont acquis une tendance naturelle à former des groupes qui partagent de mêmes valeurs pour être plus efficaces.
Bien qu'il faille souvent prendre du recul sur les théories de sociologie, ce livre m'a paru sain et facile à lire. L'auteur est très éloquent. Il semble maîtriser son sujet avec une approche scientifique et de nombreuses références. Son ouvrage s'avère être une aide précieuse pour réfléchir à notre condition humaine. Et pour comprendre l'autre !
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Un livre intéressant qui montre comment la morale chez l'humain va bien au delà du bien, du mal et de l'équité. Qui montre aussi que les racines de la morale ne sont pas culturelle, comme tendrait à le faire penser la diversité des morales selon les pays et les peuples. Mais que la morale s'organise dans le cerveau bien avant la naissance. Et que la raison en est l'esclave.
J'en fais une recension plus large dans mon blog cf. ci-dessous.
Lien : https://lesquantasanstranspi..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Beaucoup d'entre nous croient que nous suivons une boussole morale intérieure, mais l'histoire de la psychologie sociale démontre richement que d'autres personnes exercent une force puissante, capable de faire paraître la cruauté acceptable et l'altruisme embarrassant, sans nous donner de raisons ou d'arguments.
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Morality binds and blinds.
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