AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226108975
266 pages
Albin Michel (03/06/1999)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Guernica, 26 avril 1937 : le premier bombardement et le plus meurtrier jamais perpétré contre une population civile.
Guernica : le chef-d'oeuvre de Picasso, peint dans la rage et l'urgence, durant les semaines qui suivirent le massacre du village basque.
De cette tragédie immortalisée par l'artiste le plus célèbre de notre temps, Paul Haim a puisé la matière de son roman. Dans ce récit poignant et singulièrement intemporel, en homme d'art et de culture... >Voir plus
Que lire après Le roman de GuernicaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mardi 2 août 2022---

*** Coup de coeur et COUPS AU COEUR !

Hasard très heureux d'un livre- voyageur...placé sur mon chemin...
Depuis quelques semaines, je dépose des livres dans un kiosque à livres, ainsi, j'ai eu la chance de trouver ce petit trésor...par le plus grand des hasards !

Je l'ai aussitôt débuté et " pas lâché "...
Ce texte, pourtant atrocement douloureux, mais l'auteur, Paul Haim, a un talent certain pour restituer une catastrophe barbare,innommable, causée et voulue par Franco et l'oeuvre-mémoire devenue " chef- d'oeuvre mondial": le " Guernica" de Picasso...

Quand l'Histoire et l'Art se croisent dans la rage et la douleur !

"Guernica, 26 avril 1937 : le premier bombardement et le plus meurtrier jamais perpétré contre une population civile.
Guernica : le chef-d'oeuvre de Picasso, peint dans la rage et l'urgence, durant les semaines qui suivirent le massacre du village basque."

La plus grande partie du récit restitue à la première personne la vie d'Eugenia Echevarria, qui , par flashs-back , nous raconte son enfance, sa jeunesse, sa famille, son premier amour, son affection fusionnelle avec sa soeur, Karmele, sa haine d'un père arrogant, alcoolique et violent, son village Guernica...et la fatale journée du 26 avril 1937...qui brisera son existence et celle de toute une population civile...

Eugenia perdra sa mère, sa soeur, son très jeune fils et l'amour de sa vie, Txomin le père de son enfant unique, Ortzi...Elle est au bord de la folie...Elle trouvera refuge en France, à Biarritz...se reconstruira doucement, très doucement, grâce à l'affection de Raphaël, le frère de son grand Amour et grâce à un voisin attentionné et amoureux, artiste et sculpteur sur bois, Gorka Izaguirre, qui va lui redonner le goût de vivre...jusqu'au moment où il aura la plus mauvaise idée qui soit: lui parler et lui montrer la reproduction du " chef-d'oeuvre " de Picasso, " Guernica"...

Dans un premier temps, elle ne comprend pas pourquoi on qualifie ce tableau de " chef-d'oeuvre "...elle invective le peintre dans son format intérieur...et puis la vue de ce tableau fait son chemin...et tout s'éclaire et explose à la fois, et Eugenia retombe dans l'enfer de ce 26 avril 1937...
Elle retrouve la violence de la mort des êtres aimés ..dans la destruction et les bombardements de sa bourgade natale, Guernica..

"Gorka avait souvent employé devant moi l'expression " chef- d'oeuvre".Je ne voyais rien.(...)
Je regarde encore et encore.Tout est tordu, déformé, éclaté dans un capharnaüm de figures humaines, d'animaux, de carrés, d'angles droits, de triangles. Cet amoncellements disparate éclairé par une ampoule électrique aux rayons en dents de scie ne peut être le chef-d'oeuvre dont Gorka nous rebât les oreilles. Rien n'est achevé, rien n'est coloré. Tout est plat.Nulle perspective ! (...)

C'est alors que le miracle se produit.Le voile qui obstruait mon regard tombe soudain.Deux profils, sur la droite, presque identiques. L'un se dessine sur un fond sombre, l'autre n'est qu'un trait délimitant un visage blême sur une surface blanche.Ma mère et moi !
(...)
Le noir, les noirs du tableau !Tout ces sangles pointus pour les vitres brisées qui se plantaient dans les corps. Je pleure. Je pleure en criant, je pleure en priant et en blasphémant. Je pleure en serrant le journal contre ma poitrine. le baignant de mes larmes, je le porte à mes lèvres pour embrasser les miens.C'est leur portrait que j'embrasse.Le tableau s'illumine. Ils sont tous là ! Tout est là. Il a tout peint !"

La connaissance de ce tableau renverra Eugenia à son désespoir ; elle se réfugiera dans un couvent, quittant définitivement le monde !

Un roman aussi tragique que magnifiquement écrit !
D'autant plus étonnée de ne voir aucune critique de cet ouvrage, alors qu'il a été édité il y a plus de 20ans !

Intriguée, j'ai poursuivi mes recherches sur l'auteur, ce fils d'émigrés grecs, qui a abandonné ses études de médecine à cause de la guerre, a créé très jeune sa première galerie d'art, au Mexique...puis organisera des expositions à travers le monde.Il deviendra l' ami de Picasso et l'exposera...

J'ai déniché d'autres références que j'ai réservées à la Réserve Centrale des Bibliothèques de la ville de Paris, dont " Marchand de couleurs" ( ses souvenirs), et ses livres sur ses amis peintres, Matta et Michel Seuphor, sans oublier " Soledad et Montserrat" qu'il me faudra dénicher chez un bouquiniste( roman qui parle d'un sculpteur ayant existé : Anton Steiner)


Commenter  J’apprécie          3413

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Gorka avait souvent employé devant moi l'expression " chef- d'oeuvre".Je ne voyais rien.(...)
Je regarde encore et encore.Tout est tordu, déformé, éclaté dans un capharnaüm de figures humaines, d'animaux, de carrés, d'angles droits, de triangles. Cet amoncellements disparate éclairé par une ampoule électrique aux rayons en dents de scie ne peut être le chef-d'oeuvre dont Gorka nous rebât les oreilles. Rien n'est achevé, rien n'est coloré. Tout est plat.Nulle perspective ! (...)

C'est alors que le miracle se produit.Le voile qui obstruait mon regard tombe soudain.Deux profils, sur la droite, presque identiques. L'un se dessine sur un fond sombre, l'autre n'est qu'un trait délimitant un visage blême sur une surface blanche.Ma mère et moi !
(...)
Le noir, les noirs du tableau !Tout ces sangles pointus pour les vitres brisées qui se plantaient dans les corps. Je pleure. Je pleure en criant, je pleure en priant et en blasphémant. Je pleure en serrant le journal contre ma poitrine. Le baignant de mes larmes, je le porte à mes lèvres pour embrasser les miens.C'est leur portrait que j'embrasse.Le tableau s'illumine. Ils sont tous là ! Tout est là. Il a tout peint !

( p.238)
Commenter  J’apprécie          70
Dimanche 25 avril 1937.Je suis allée à la messe à l'église San Juan. Située à l'extrémité de la rue à laquelle elle donne son nom, elle est petite et modeste, fréquentée par la population ouvrière, les pauvres de la ville.C'est mon église. Je n'aime pas celle de Santa Maria, près de chez nous.Son maître- autel démesuré, recouvert de kilos d'or, qui se perd dans les hauteurs de la voûte, m'écrase.
( p.31)
Commenter  J’apprécie          130
Elle n'essaye pas de retenir ses larmes.Il avait appris la mort d'Ortzi et de Txomin, de Karmele et de sa mère. Il dit: " Nous avons tout perdu, notre ville, nos maisons, pour beaucoup d'entre nous, nos proches.L' heure est à l'entraide et à la commisération, elles seules peuvent nous préserver de la haine." Elle apprécie qu'il se soit abstenu de parler de Dieu.
( p.163)
Commenter  J’apprécie          90
Voilà ce qu'étaient parfois mes nuits à Biarritz. Voilà ce qu'elles sont encore, ce que sont mes rêves éveillés entre les murs blancs de ma cellule du couvent de Santa Clara.Il suffit que, dans les heures qui précèdent, j'aie cédé à cette impulsion qui me pousse à ouvrir en tremblant le tiroir de ma commode.

Je succombe au besoin, pour me faire mal, d'en extraire la photo de ce tableau maudit qui fera renaître mes délires Il est à l'origine de ce qu'ils appellent mon aliénation. Pourquoi, Gorka, m'avoir un jour parlé d'un chef-d'oeuvre qu'un génie, ce sont tes mots, avait gratifié du nom de ma ville ?
( p176)
Commenter  J’apprécie          20
La salle était comble, ce qui me surprit.Sans doute l'animation qui y régnait n'était-elle que de l'exubérance destiné à refouler l'anxiété que tous éprouvaient. On donnait - La Kermesse héroïque-.Françoise Rosay était la femme que j'aurais aimé être. Les troupes espagnoles investissaient une petite ville flamande du dix-septième siècle que les hommes avait fuie. Les femmes faisaient face à l'envahisseur.On était loin du fatalisme qui régnait à Guernica.Les habitantes de notre ville se mobiliseront-elles pour affronter les troupes de Mola, pour égorger les franquistes ?

( p.61)
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}