Embrasse moi, Alexandre.
Je m'exécutai. Parce que je mourais d'envie de le faire.
Parce que c'était lui qui me le demandais. Et puis, il fallait que je lui dise aussi. Je ne voulais pas qu'il soit seul à se battre contre ce satané moulin à vent. Quoi que nous fassions, il nous ralentirais inexorablement. Ça aussi, c'est une réalité.
– Les excuses, ça n’efface rien, maman. Ce qui est dit, est dit. Et ce qui est fait, est fait. Peu importe le nombre de pardons qu’on prononcera après ça.
Savait-il à quel point je me sentais à l’étroit dans la petitesse de ses pensées ? J’étouffais, moi, sous le poids de ses a priori. J’allais finir par en crever, serré dans l’étau de ses diktats !
Et il y avait cette image qui perçait à l’orée de mon cerveau, cherchant à s’immiscer derrière mes paupières closes. Je la chassai de toutes mes forces. La refoulai à l’entrée de ma conscience, lui en interdisant l’accès.
Elle n’avait aucun droit de passage. Aucun droit d’être là.
Je l'aimais au-delà de mes propres peurs. Au-delà de moi-même.
Je voulais qu’il se taise. Je voulais qu’il continue de me parler. Qu’il me dise tout.
Je hochai la tête et grimpai l’escalier en me demandant si un jour, mon père aurait un geste d’affection envers moi. Ou n’étais-je qu’une prolongation de lui-même, quelque chose qu’il pouvait façonner à sa guise pour en faire ce que lui-même n’avait jamais pu faire ?
Il préférait perdre avec panache que gagner avec modestie.
[…] Il y avait l’odeur âcre des regrets qui suintait de tous les pores de sa peau quand il regardait en arrière. Ou qu’il me regardait moi.
Tu es mon fils et mon fils n'est pas un pédé