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Gulbahar Haitiwaji (Autre)Rozenn Morgat (Autre)
EAN : 9782849908235
200 pages
Editions des Equateurs (13/01/2021)
4.26/5   74 notes
Résumé :
Elle a enduré pendant trois ans les mécanismes de destruction kafkaïens. Elle s’appelle Gulbahar Haitiwaji et elle est la première femme ouïghoure rescapée des camps de rééducation chinois qui ose parler.

Ces camps sont à la Chine ce que le Goulag était à l’URSS. Depuis 2017, plus d’un million de Ouïghours y ont été déportés. Les Xinjiang Papers, révélées par le New York Times en novembre 2019, décryptent une répression s’appuyant sur une détention de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Quand j'ai vu ce livre dans la « Masse-Critique » de Babelio, il m'était impossible de ne pas le sélectionner. J'ai noirci 5 feuilles de papier au cours de ma lecture, un besoin de coucher sur papier les émotions que ce témoignage a suscitées en moi. Je ne ferais pas une chronique longue car comme moi qui l'ai connu de par sa médiatisation, je veux que les lecteurs de mon blog le découvrent sans trop de spoilers… Après lecture de ce rare témoignage, les similitudes m'ont fait évidemment penser à la Shoah ou l'extermination de peuples pour leurs différences dans des camps d'extermination… Il ne fallait pas que ça recommence et pourtant les génocides continuent à une époque où cela paraît incroyable… A des milliers de kilomètres de la France, Gulbahar Haitiwaji va démontrer ce qu'il se passe dans son pays où l'on veut mettre fin à la vie de tout un peuple condamné pour leurs différences.

Condamnée en Chine sur la base d'une photo de sa fille à Paris, Gulbahar Haitiwaji est condamnée à sept ans dans un camp de rééducation. Torturée, mal-nourrie, elle a survécu à l'inimaginable.

Opprimés depuis toujours, les Ouïghours survivent dans peur subissant ce que l'on appelle un génocide. Xinjiang est l'un des endroits les plus surveillés du monde avec des caméra, des policiers et les camps d'internement.

Sous couvert d'éradiquer le terrorisme islamiste, on dénombre au moins un million de Ouïghours déportés dans les camps, peu en ressortent vivants. C'est toute une communauté, tout un peuple qui est voué à disparaître.

Pour publier son histoire, Gulbahar a fait face à un vrai dilemme de conscience : doit-elle utiliser sa véritable identité mettant sa famille restée là-bas en danger ou utiliser un faux-nom leur garantissant un minimum de sécurité ?

Gulbahar livre son histoire en toute transparence, un acte de courage pour que le monde sache ce qu'elle a vécu et ce que vivent les Ouïghours au quotidien.

Gulbahar raconte son histoire et pour mieux la comprendre, il faut connaître celle des Ouïghours. Depuis des décennies, les Ouïghours subissent les répressions, les persécutions, les arrestations et les déportations. Xinjiang est un axe primordial pour les nouvelles routes de la Soie, un grand projet visant à rallier la Chine à l'Europe.

En Chine, les différences culturelles (religion, port du voile, mosquées…) des Ouïghours sont mal vus et dérangent.

C'est lorsqu'elle décide d'accompagner son mari Karim et ses filles, réfugiés politiques à Paris que Gulbahar tombe dans un piège. Ne pouvant renoncer à tout ce qui fait son identité, elle repart pour le Xinjiang pour une simple histoire administrative. Malgré ce mauvais pressentiment qui ne la quitte pas, elle laisse ses proches et part vers un aller simple pour l'enfer.

Otage de son propre pays, Gulbahar va se soumettre tandis que son mari et sa fille aînée vont se battre pour alerter l'opinion publique du sort de Gulbahar.

Privée de tout, même d'un avocat, Gulbahar n'a plus d'existence légale, engloutie par le système concentrationnaire et soumise à la doctrine et propagande de son pays.

Mise au secret, Gulbahar se soumet aux multiples interrogatoires ainsi qu'à une routine pour la briser, son échappatoire, ce sursis, elle croit qu'il peut venir des écoles où l'on peut être envoyées pour être rééduquées et libérées si on a une bonne conduite.

Le cauchemar qui aurait dû prendre fin ne faisait que commencer.

Stage militaire, caméras partout, la rééducation à laquelle les prisonnières sont soumises lave la Chine de toutes ses exactions. En plus du bourrage de crâne, des humiliations publiques qui pleuvent, des doutes sur la nourriture et des pseudo vaccins qu'on leurs imposent sèment le doute chez Gulbahar tandis que des Ouïghours disparaissent mystérieusement.

Quel sort réservent-on aux détenues qui disparaissent aussi soudainement qu'elles étaient arrivées ?

A l'extérieur, la situation prend de l'ampleur, le monde prend enfin compte ce qui se passe en Chine grâce aux témoignages de rescapés. Les médias s'en mêlent, à Xinjiang, les pressions sont de plus en plus dures, les déportations se multiplient, les Ouïghours deviennent une menace…

La roue tourne enfin en 2018 où la presse parle des Ouïghours, les preuves qu'ils manquaient sont là grâce à Adrian Zenz, un chercheur allemand et Shawn Zhang. Au péril de leurs vies et celles de leurs proches, ils dénoncent et prouvent ce qui est dissimulés.

Grâce aux nouvelles technologies et aux images satellites, ils arrivent à situer les camps de rééducation, leur nombre et peuvent affirmer qu'au moins un million de Ouïghours ont été déportés dans ces camps de rééducation.

Aujourd'hui, la Chine ne peut plus cacher ce qu'elle a dissimulé aux yeux du monde.

En août 2018, l'ONU condamne les camps de rééducation du Xinjiang.

Gulhumar qui s'est battue pour sa mère arrive à placer son cas au Quai d'Orsay, la machine de la diplomatie se met en marche. Les échanges sont lents et difficiles, le moindre faux pas peut faire basculer le sort de Gulbahar.

Le premier procès de Gulbahar dure 9 mn, elle n'a pas droit à un avocat et est condamnée à sept ans dans une école de rééducation tandis que sa fille donne une interview à visage découvert en 2019.

Les services de renseignement du Xinjiang piègent les étudiants venus en France pour leurs études comme ils l'ont fait avec Gulbahar ou leur demandent d'espionner pour leur compte. En situation irrégulière si leur passeport n'est pas renouvelé, ils sont pris au piège car s'ils reviennent en Chine, ils seront condamnés.

Pour tous les Ouïghours qui vivent dans la peur et l'insécurité, Gulbahar est le porte-parole du combat pour leur liberté.

Sentant que sa liberté n'est qu'une question de jours, Gulbahar va trahir sa famille et elle-même.

Jugée après 5 ans d'emprisonnement, Gulbahar est enfin libérée, son cas étant un dossier gênant et sa médiatisant prenant trop d'ampleur.

Le statut de réfugiés politique de ses proches, le combat de sa fille même s'il a fallu supprimer des publications Facebook n'a pas été vain.

L'histoire de Gulbahar Haitiwaji et du combat de sa fille pour sa liberté révélée aux yeux du monde entier !

Un témoignage rare et indispensable qui nous fait passer par pleins d'émotions grâce à Gulbahar Haitiwaji et au style de Rozenn Morgat qui offre aux lecteurs, un récit d'une grande intensité qui je l'espère sera traduit au niveau international pour que le monde sache la vérité derrière la persécution et l'éradication des Ouïghours. En France et dans d'autres pays du monde, où les différences sont nos plus grandes richesses et apportent une dimension multiculturelle importante, on s'indigne de voir que quand dans d'autres pays, les différences sont le motif des génocides.
Lien : https://leboudoirdulivre.wor..
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Je ne lis pas régulièrement des récits de vie et pourtant. Celui de Gulbahar HAITIWAJI coécrit avec Rozenn MORGAm'a fait prendre conscience d'une situation tout à fait effroyable. le régime chinois procède au vu et au su des autorités internationales au génocide des Ouïghours. Pourquoi ? Ils sont d'origine turque, musulmans, et le régime chinois a décidé de lutter contre l'islam radical et le séparatisme... à sa manière !

Ce récit, c'est celui d'une femme, et comme on le sait tous, les femmes sont, dans les conflits, les premières armes de guerre. Les chinois ne bombardent pas les terres du Xinjiang dont le sous-sol représente une grande richesse, non, leur combat est beaucoup plus pernicieux. Ils s'attaquent à celles qui assurent le renouvellement des populations et l'avenir des peuples. Alors, quoi de mieux que leur mentir avec un soi-disant vaccin contre la grippe pour les stériliser quand elles sont dans les geôles chinoises. Gulbahar a bien essayé de résister mais ce n'était que peine perdue. A l'extérieur, de très jeunes femmes sont mariées de force à des Hans, l'autre ethnie du Xinjiang, d'origine asiatique.

Contre le néon blafard, rien à faire non plus. Première arme de torture, la lumière permanente dans une cellule fermée entre quatre murs empêche les femmes regroupées par trentaine de dormir et de vivre au rythme du jour et de la nuit. Elles perdent la notion du temps et le sommeil. Elles sont soumises à la vidéosurveillance permanente. Impossible pour elles de se parler, d'échanger autre chose que ce que leur impose le régime.

Ces âmes sont à rééduquer bien sûr, elles doivent être remises dans le droit chemin, et c'est le régime chinois qui s'en charge, lui qui se targue d'assurer leur protection contre les mauvais esprits.

Alors, avec une recette largement expérimentée à l'époque de Mao TSÉ-TOUNG, les autorités leur assènent à longueur de temps l'hymne national, les valeurs chinoises, du mandarin...

Dans les prisons, comme les écoles de redressement, les femmes sont privées de liberté, soumises à d'interminables interrogatoires, dépendantes de l'humeur des gardiens. Gulbahar va être transférée indéfiniment entre les sites, tondue, humiliée, giflée. Mais, finalement, que lui reproche-t-il, le régime chinois ? Une simple photo de sa fille lors d'une manifestation d'une association de Ouïghours sur les Champs Élysées avec, dans sa main, le drapeau Turkestan oriental. Elle est emprisonnée pour « troubles à l'ordre public en réunion ».

Si le titre dévoile l'issue, il n'en demeure pas moins que le récit est rythmé et saisissant. Je me suis retrouvée happée par l'autobiographie de cette femme, de cette page de sa vie absolument ahurissante, inimaginable pour un occidental qui jouit des droits de l'Homme reconnus par l'Organisation dés Nations Unies, celle-là même qui a condamné en 2018 les camps de redressement des Ouïghours du Xinjiang.

Je suis sortie indignée par le destin des Ouïghours. Nous ne naissons pas tous égaux, c'est certain.

Je voue un très grand respect à Gulbahar HAITIWAJI, et toutes ces anonymes qui font preuve d'un immense courage et d'une force de caractère insoupçonnée pour RÉSISTER !

Ce livre est à diffuser sans modération pour que la communauté internationale s'empare du sujet et qu'un jour justice soit faite aux Ouïghours, que leur langue, leurs traditions, leur culture... puissent être protégées et revendiquées pour leur singularité, que ces hommes et ces femmes puissent accéder aux droits fondamentaux, tout simplement !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Gulbahar Haitiwaji est une chinoise de l'ethnie Ouïghour. Lors d'un voyage en Chine, dans la province du Winjiang, dont elle est originaire, elle est arrêtée par les autorités chinoises. S'en suivront deux ans et demi d'incarcération.
Ce livre fait froid dans le dos. La première chose qui m'a interpellé c'est que cette personne a quasiment le même âge que moi. Alors c'est vrai à notre époque (l'arrestation a eu lieu en 2016) les camps de concentration, la torture morale et physique, les lavages de cerveaux existent bel et bien encore.
Gulbahar raconte ce qu'elle a subi dès l'instant où elle a posé le pied en Chine. Malgré tous les moments difficiles elle ne lâchera rien. En France sa famille s'activera à tout faire pour la sortir de là. Elle en reviendra mais à quel prix…. Toujours courageuse elle a entrepris de raconter son histoire à travers ce livre, aidée en cela par Rozenn Morgat. Rozenn Morgat a su choisir les mots qu'il faut pour que le lecteur se sente impliqué dans cette lecture. Ce n'est pas un simple récit journalistique.
On sort de cette lecture avec plusieurs sentiments. Celui de la révolte dans un premier temps. Révolte contre le système chinois qui a mis en place ce génocide et qui le nie. Celui- de l'incompréhension également ; comment comprendre que des êtres humains infligent de tels traitements à d'autres. Enfin il y a un sentiment de tristesse de voir tant de vies gâchées dans l'indifférence et la méconnaissance générale.
Alors si acheter un livre chez un libraire indépendant est déjà un acte militant, militez davantage en achetant le livre de Gulbahar Haitiwaji afin que l'histoire des Ouïghours soit connue du plus grand nombre.
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Un témoignage ancré dans ma mémoire. Poignant.

Alors que cela fait plusieurs années que Gulbahar et sa famille ont quitté le Xinjiang pour la France, un appel téléphonique va bouleverser leur vie. Sous le prétexte de formalités administratives, Gulbahar doit retourner dans son pays natal. Mais ce qui ne devait être que l'histoire de quelques jours se transforme en un véritable enfer. Les autorités chinoises lui confisquent son passeport, elle est interrogée durant des heures, puis déportée dans des maisons d'arrêt et des camps de rééducation. Sans aucune condamnation judiciaire, on la qualifie de terroriste et on lui inflige des comportements inhumains afin de la forcer à livrer des aveux. Son crime ? Être Ouïghoure.

Ce témoignage est glaçant. Difficile de ne pas éprouver de compassion pour Gulbahar, sa famille et tous les citoyens ouïghours. Difficile de ne pas avoir envie de se révolter contre les atrocités commises. C'est une lecture bouleversante qui entraîne beaucoup d'émotions. C'est également une lecture informative. On en apprend beaucoup sur le Xinjiang, ce territoire constamment surveillé où se faire arrêter par les forces de l'ordre relève du quotidien, et où le silence autour des camps est primordial si l'on veut protéger ses proches.

Gulbahar Haitiwaji est une survivante, et elle a décidé de témoigner pour dénoncer les horreurs que la Chine fait subir aux Ouïghours. A notre tour, lectrices et lecteurs, de lire son témoignage et de le partager.

« J'ai été emportée, comme des milliers d'autres, dans le tourbillon fou de la Chine. La Chine qui déporte. La Chine qui torture. La Chine qui tue ses citoyens ouïghours. Un jour, quand j'en aurai le courage, je le raconterai. Pour que Kerim, Gulhumar et Gulnigar sachent. Pour que le monde sache »

« Les Ouïghours subissent un génocide : nous ne pourrons pas dire, cette fois, que nous ne savions pas »
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Waouh!Quel récit!Connaissant plutôt bien l'histoire de la shoah et m'y intéressant de près, j'étais très intriguée par ce livre et par l'histoire de cette femme qui me paraissait assez proche de ce qu'il se passait lors de la seconde guerre mondiale.
Je connais mal l'histoire de la Chine et tout ce qui s'y rapproche mis à part le fait qu'ils ne laissent pas filtrer n'importe quoi sur leur pays et qu'ils contrôlent les informations qu'il veulent donner, et il m'était donc impossible de ne pas lire ce livre.
Pas évident au début de s'y retrouver, tous ces noms de pays, de régions, d'états, de ville...mais l'auteure réussit brillamment à nous expliquer l'histoire de Gulbahar, emprisonnée et internée sous un faux prétexte, torturée, mal-nourrie, coupée de sa famille et du reste du monde dans le but ultime de faire disparaitre les Ouïghours.
C'est un miracle que Gulbahar ait pu sortir vivante de ces camps et elle prend beaucoup de risques à témoigner sous son vrai nom et à visage découvert.
Achetons le livre et diffusons son message pour son peuple mais également parce qu'en 2021, il est impensable que de telles horreurs puissent encore avoir lieu!
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mais les démocraties européennes n'y ont pas le même intérêt. Elles se tortillent, mal à l'aise, car le bras de fer leur semble inégal, pour ne pas dire perdu d'avance. D'abord parce que la Chine excelle dans le domaine de la diplomatie économique : l'argent qu'elle déverse notamment sur les pays européens achète la complaisance et force les concessions des gouvernements.
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Vaut-il mieux mourir la tête haute, libre en détention, ou vivre à genoux, la tête dans la poussière de ses mensonges, humiliée sous le regard déçu des autres qui toisent votre faiblesse ?
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J'ai perdu la tête dans les camps, c'est vrai. Mais tout cela est bien réel. Rien de ce que j'ai vécu n'est la manifestation d'un fantasme morbide de prisonnière qui exagère sa condition. J'ai été emportée, comme des milliers d'autres, dans le tourbillon fou de la Chine. La Chine qui déporte, la Chine qui torture. La Chine qui tue ses citoyens ouïghours.
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La voix de la Chine pèse déjà bien au-delà de son droit de veto, là encore grâce à l'argent qu'elle injecte aux différents étages de l'Onu.
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Les vagues successives de la propagande se sont abattues sur moi et, au fil des mois, j'ai perdu une partie de ma raison. Des morceaux de mon âme ont volé en éclats. A la maison d'arrêt d'abord, dans les camps ensuite. Je ne les recouvrerai plus jamais.
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