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Critique de kielosa


Lorsqu'en 1983, j'ai vu "L'Éte meurtrier" en salle de cinéma, je crois que c'était la première -- et unique - fois d'ailleurs de ma vie qu'après le mot "fin" , je serais volontiers resté pour profiter d'une deuxième vision, contrairement à ma (mauvaise) habitude d'aller vite fumer une cigarette !
Malgré les qualités réunies du réalisateur, Jean Becker, et l'auteur du livre, qui avait inspiré Becker, Sébastien Japrisot, mon grand regret que ce film soit terminé avait pour cause la performance éblouissante et inoubliable d'une actrice qui m'était totalement inconnue : Isabelle Adjani !

J'ignore s'il y a d'autres bouquins consacrés à cette actrice, mais quand Michèle Halberstadt a sorti, presque 20 ans après, son ouvrage : "Adjani aux pieds nus, Journal de la Repentie", j'avoue que je n'ai pas pu résister à la tentation de me le procurer aussitôt. Qu'en plus il était paru chez Calmann-Levy, un éditeur que j'apprécie beaucoup, je considérais de bon augure.

D'abord un mot sur Michèle Halberstadt (°1955}, épouse de Laurent Pétion, avec qui elle fonda une compagnie de production et de distribution de cinéma (ARP), responsable de succès comme "En quête des soeurs Papin", "Le Deuxième souffle", "Aide-toi, le ciel t'aidera" et, bien entendu, "La Repentie". Parallèlement à son impressionnante liste de films, elle poursuit une carrière d'écrivain. Parmi ses ouvrages, j'aimerais en citer 4. "Brèves Rencontres" (avec entre autres : Serge Gainsbourg, Coluche, Françoise Sagan et les américains de Niro et Al Pacino) ; "Mon amie américaine" ; "Écart de conduite" (sur une faute de jeunesse) et surtout - mon préféré d'elle - "Café Viennois" (très bien reçu sur Babelio).

Il n'est nullement dans mes habitudes de lire des biographies de stars du cinéma. Les rares exceptions étant Humphrey Bogart, Orson Welles, Marilyn Monroe ( et j'avais 2 bonnes excuses : sa relation avec le président Kennedy et sa mort tragique), Coluche et donc Isabelle Adjani !
Disons le tout de suite, il ne s'agit pas d'une biographie à proprement parler, mais d'une autre rencontre de Michèle Halberstadt, plus spécifiquement au moment de tourner son film "La Repentie" en 2002. Les 119 pages , moins 24 pages de photos, moins l'introduction, auraient été assurément insuffisantes pour couvrir, de façon satisfaisante, la vie et l'oeuvre de notre Isabelle.

Comme Isabelle Adjani (° 1955), a bénéficié pendant de longues années de la faveur du public français et étranger, fait l'objet d'incalculables articles de presse et d'innombrables photos prises pas uniquement par des paparazzi, j'estime que je peux me passer de vouloir résumer ici son existence.
Je préfère me limiter à quelques considérations que cette existence m'a inspiré.

Adjani évoque pour moi, en tout premier lieu, ce regard unique. Il y a des actrices qui ont des beaux yeux, comme Marlene Dietrich et comme Jean Gabin l'a remarqué à propos de ceux de Michèle Morgan, mais ses yeux bleus à elle, qui contrastent merveilleusement avec sa peau olive, offrent en plus une expression qui la rende unique. Qu'ils expriment la colère comme dans L'Été meurtrier, l'angoisse comme dans son incarnation de la pauvre Camille Claudel, ou encore l'hésitante reine Margot, l'étonnée Adèle H., l'ingénue Emily Brontë, l'amnésique dans David et Madame Hansen, la paumée de la Repentie .... À chaque fois c'est ce regard qui fait la différence et sauve la mise des producteurs.

Son regard atypique est évidemment un don de la nature, qui lui aurait permis une belle carrière, mais pas un couronnement avec 5 Césars et 2 Oscars de la meilleure actrice. Pour un record, jusqu'à présent inégalé par personne dans le 7ème art, il fallait bien sûr un peu plus et je suppose que c'est son extrême dévouement pour devenir la personne qu'elle incarne. Personnellement, je ne pourrais citer aucune actrice où l'effort de donner ce qu'elle a en elle avec autant de conviction manifeste, sans que cela ne devienne exagéré ou même caricatural. Pour cela elle est trop professionnelle, comme elle l'a prouvé si souvent dans des rôles difficiles au théâtre. Qualité qu'elle a même réussie à prouver par la négative en refusant plein de rôles pourtant attrayants qu'elle ne 'sentait' pas vraiment, ou en quittant le studio ou plateau dès le véritable début, lorsqu'il lui paraissait impossible de s'investir à fond.

Le bouquin de Michèle Halberstadt est sans prétention : un récit d'une rencontre entre 2 dames talentueuses de même âge et quant à Isabelle Adjani son retour sur scène après une absence, pour ses normes, relativement longue. Pour l'histoire même de l'ancienne terroriste qui sort de la prison de Fleury-Mérogis après ds années d'incarcération, qu'elle interprète avec sa persuasion habituelle, je vous suggère de lire le roman de Didier Daeninckx de 1999 avec le même titre : "La Repentie ". À moins que vous aimiez suivre la chronique du tournage d'un film et admirer quelques photos du fameux regard d'Isabelle Adjani, qui vous donnerait froid dans le dos si vous étiez tout près.
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