Pour se rapprocher de sa mère, Clara décide de l'accompagner à Vienne.
Voyage souvenir, voyage nostalgie.
En effet sa mère, Frieda, n'y est pas retournée depuis 1938, date à laquelle sa famille s'est réfugiée en France pour fuir les nazis.
Clara découvre ainsi tout un pan de l'histoire familiale qu'elle connaissait mal.
Tout un pan de la personnalité de sa mère.
Quelques temps plus tard, elle décide de retourner seule à Vienne.
Vienne, une ville où l'on a envie d'aller.
Une ville qui semble magnifique.
Une ville où les cafés ont l'air d'endroits magiques.
Une ville dont on peut détester les habitants quand on y a vécu heureux et qu'on en a été chassé.
Une ville superbement décrite dans ce roman.
La relation entre la mère et la fille est attendrissante, chacune avec sa réserve et ses blessures.
La vie de Frieda, faite de déménagements et de fuites toute sa jeunesse est douloureuse en même temps qu'heureuse.
En la découvrant avec les yeux de Clara on ne peut qu'être ému.
C'est un roman sensible et mélancolique écrit avec douceur et amour.
L'exil, la transmission, les racines, la résilience........
et Vienne, comme un personnage.
Un roman à l'atmosphère mélancolique et enveloppante.
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Ayant visité Vienne il y a deux mois, j'ai eu envie de relire ce court roman, qui m'avait plu.
En effet, Vienne est bien au centre de cette histoire: c'est la ville natale de Frieda, juive qui a dû fuir ,au moment de la Seconde Guerre mondiale, avec sa famille,et qui est devenue apatride, déménageant à plusieurs reprises en France, pour échapper aux nazis.
Elle y retourne des années plus tard avec sa fille Clara, journaliste ( comme l'auteur) .Un voyage -retour aux racines, qui ne sera pas sans douleur mais qui permettra aux deux femmes de renouer un lien mère-fille fragile.
Vienne est décrite justement, j'y ai retrouvé certaines de mes impressions, notamment concernant les fameux cafés viennois: " Ils sont les havres des états d'âme.On peut venir pour lire, écrire, jouer aux cartes(...).On peut grignoter salé, sucré, ou ou boire un seul café et traîner des heures." C'est vrai.
Mais je reproche à l'auteur de nous présenter Vienne un peu trop à la façon d'un guide touristique.Il manque de l'émotion à cette immersion dans la ville.
Néanmoins, je retiens surtout l'analyse délicate de ce nouvel élan entre Frieda et Clara, un rapprochement salutaire pour toutes les deux, qui permettra d'ailleurs à Clara, qui y reviendra ensuite seule, de se libérer d'un chagrin personnel et d'envisager l'avenir avec espoir...
" Ce n'est qu'après avoir fait l'expérience du malheur qu'on peut réellement entendre et comprendre celui que d'autres ont vécu." Ce sera le constat d'une Clara apaisée à la fin du roman.
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Voici un roman magnifiquement écrit,précis et efficace,d'une construction impeccable et rigoureuse.
Frieda convie sa fille Clara à la suivre dans un périple qui la ramène à Vienne,une ville quittée en 1938,afin d'échapper à la pression antisémite.Elle n'a pas revu "sa Ville" natale depuis 54 ans.
Les souvenirs de Frieda sont forts,touchants et captivants.Son retour est rempli d'émotions, de tourbillons, d'odeurs de cuisine à travers le chocolat, les pâtisseries et le café: les cafés viennois,le Schwartzer,café noir, le Verkehrt,mi- café,mi- lait, le Kleiner,noir et serré, le Brauner,l'histoire du Kipferl , le croissant viennois,le chocolat de Sissi dégusté chez" Demel.."...C'est un beau moment de lecture, il nous en vient l'eau à la bouche.La ville, les cafés, les musées, cela ressemble à un grand livre d'images.
L'auteur,bouleversée, découvre des pans entiers de la vie de sa mère.
Frieda entrouvre enfin le soupirail de la mémoire sur son passé, une partie enfouie d'elle même,que je ne veux pas dévoiler ....
Avec une excellente mémoire pas seulement culinaire, elle archive ses souvenirs avec une précision émouvante.
Ce livre nous parle au coeur sans jamais tomber dans le pathos,sans fioritures inutiles.
Évidemment il est aussi une réflexion sur les liens croisés,les sentiments profonds,les chances incroyables,les histoires symboliques, sur l'identité et le sentiment d'appartenance, sur le silence et l'incommunicabilité des expériences douloureuses.
Nous nous promenons dans Vienne: " cette Vienne aux deux visages,Vienne détestable et admirable,Vienne majestueuse, baroque, crépusculaire, mais aussi coquette, insouciante,frivole,indécise,influençable,étriquée, mesquine, romanesque, exaltée, excessive et fatale", au gré des émotions et des parcours dramatiques d'une fille et de sa mère.
C'est un beau livre qui donne envie de faire le voyage jusqu'à Vienne.
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