Si comme moi vous avez quelques difficultés à encaisser le choc de l'hiver et ses corollaires (froid, diminution de la lumière...), ce livre est fait pour vous.
En partageant sans fard ses doutes existentiels, en se mettant à nu face au lecteur,
Georges Haldas nous livre aussi la puissance secrète d'une vie (re)connectée à l'essentiel qui nous entoure, sans artifice ni prétention aucune :
« Aimer les gouttes d'eau, les moments de silence, les roseaux, la pluie etc. c'est, à travers tout cela – sans parler des êtres – que nous est révélée la Présence. le silence, ici, dans la solitude de la campagne, sous un ciel gris, n'est nullement une fuite. Une retraite hors du monde. Un refuge. Mais au contraire un lieu de plus grande présence au monde. A son chaos, à sa folie, à son mystère. »
Et de poursuivre, tel un maître Zen : « La conscience de l'appauvrissement n'est pas l'appauvrissement : ne rien dire. Ne pas bouger. Être au centre. Ne pouvoir dire, parce qu'il y a trop à dire. »
Dans le silence on se sent riche, à la fois, et pauvre. Riche de la vie qui nous inonde et nous traverse. Et pauvre de par le témoignage qu'on en voudrait porter. Et dont on sent par avance à quel point il est déficient. »
Car, si on devait désigner la principale qualité de ce poète et écrivain unique en son genre, c'est bien son acceptation de « ce qui est ». Qu'ensuite, par une alchimie dont lui seul avait le secret, il transcende en parole inspirée, nourrissante pour l'âme.
Alors, que faire quand l'angoisse nous assaille, quand le trou noir du vide semble prêt à nous engloutir ?
« Aux confins du silence et de la perte. Il faut que tout nous manque, pour atteindre la part irréductible en nous.
Voir couler le fleuve. Et se taire. Voir le ciel du soir. Et se taire. Et la ville et ses lumières. Et les visages. Les accueillir en soi. Et se taire. Se tenir au milieu de toutes choses comme une racine muette.
Tirer de notre destruction même énergie. »
Car, « c'est maintenant et ici - et pas après ni ailleurs - que tout se passe. Qu'il faut tout donner. Tout perdre. Quiconque se réserve un au-delà pour après, si on peut dire, fait un marché de dupe. Il confond vraie vie et survie. Oubliant que pour accéder à la vie, il faut tout perdre. Et justement pas se réserver. »
« Car il n'y a pas d'enfer en soi. Il n'y a que celui que par le non-amour, la non-relation, nous nous préparons nous-mêmes. Et contre quoi Dieu lui-même ne peut rien. »