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Maud Sissung (Traducteur)
EAN : 9782290053935
750 pages
J'ai lu (15/03/2000)
4.54/5   895 notes
Résumé :
Lorsque Alex Haley était enfant, sa grand-mère avait coutume de lui raconter des histoires sur sa famille, des histoires qui remontaient à travers les générations jusqu'à l'«Africain». Elle disait que cet homme avait vécu de l'autre côté de l'Océan et qu'un jour où il était allé couper un tronc dans la forêt pour se tailler un tambour, quatre hommes l'avaient assailli, battu, enchaîné et traîné jusqu'à un bateau d'esclaves en partance pour l'Amérique.

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A seize ans, Kounta Kinté est fier d'appartenir à la tribu des Mandingues d'Afrique Occidentale, fier d'être le fils du courageux Omoro et de la belle Binta, fier d'être le descendant d'une longue lignée de voyageurs et de guerriers remontant jusqu'au temps du Prophète. Jamais il n'a douté de sa destinée : devenir un homme respecté, se marier, avoir de nombreux petits garçons et apporter gloire et prospérité à son petit village natal, Djouffouré. Mais une terrible nuit de l'année 1766, la fatalité va réduire tous ses espoirs en cendres. Alors que Kounta marchait dans la forêt pour aller tailler un tambour à son petit frère Lamine, il se fait capturer par une tribu ennemie et vendre à un équipage de « toubabs », ces diables blancs venus d'au-delà des mers pour y faire commerce de vies humaines. Brutalisé, fouetté, affamé, Kounta est ensuite jeté au fond de la cale d'un navire avec cent cinquante autres malheureux captifs. Après plusieurs semaines de voyage terrifiant dans l'obscurité et l'odeur infecte des déjections, il reverra enfin la lumière du jour, mais ce sera pour découvrir un monde complètement différent de tout ce qu'il a pu connaître auparavant.

Kounta ne sera jamais un guerrier comme son père, ni un grand voyageur comme ses oncles, il ne verra jamais le Mali, Tombouctou et tous les lieux qu'il avait maintes fois visités en rêve. Esclave dans une vaste plantation de Virginie aux Etats-Unis, il parviendra à fonder une famille, mais ses enfants naitront dans les fers et ne connaitront jamais les merveilleuses forêts et les larges fleuves de la Gambie. Pourtant, décennie après décennie, Kounta saura conserver au fond de son coeur un peu de sa fierté d'antan et un désir ardent d'indépendance qu'il parviendra à transmettre à sa descendance. Enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, tous se rappelleront qu'ils eurent un ancêtre nommé Kounta Kinté, fils d'Omoro Kinté et de Binta Kinté, que cet homme naquit libre et qu'il ne cessa jamais de l'être totalement. Jusqu'à que, deux siècles plus tard, l'arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils de Kounta « L'Africain », Alex Hauley, journaliste et écrivain américain reconnu, ne prenne la plume pour retracer la douloureuse histoire de sa famille.

Boudoudiou… C'est qu'il était sacrément éprouvant à lire, ce bouquin ! Je serai bien incapable de compter le nombre où j'ai dû temporairement interrompre ma lecture, le temps de ravaler la grosse boule d'émotion qui m'encombrait la gorge. Ecrit dans une langue simple mais terriblement efficace, « Racines » est un magnifique roman historique comme on voudrait en lire plus souvent, un très touchant pèlerinage au coeur d'un des pans les plus noirs de l'Histoire de l'Etats-Unis. C'est également le type de récit qui nous pousse à réfléchir sur nos propres racines et leurs liens avec notre mémoire nationale. En effet, au-delà des évidentes qualités littéraires du roman, comment ne pas être remué par l'ardeur, la passion et le long travail d'investigation d'Alex Hauley pour remonter le fil de ses origines familiales et faire ressurgir ainsi du néant les spectres de milliers d'autres familles très semblables, sacrifiées elles aussi sur l'autel de l'esclavage ?

Dans un monde où l'Histoire est généralement écrite par les vainqueurs, « Racines » nous rappelle que, parfois, la littérature permet aux vaincus de prendre leur revanche. Un chef d'oeuvre assurément.

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Un magnifique et douloureux témoignage de l'Histoire du peuple noir, parce que la traite des noirs a engendré de nombreuses souffrances et qu'en traversant les océans, tous ces êtres humains moins bien traités que du bétail par les Blancs, ont connu des destins dans leur ensemble bien peu enviables. C'est aussi un témoignage de notre histoire à tous. C'est une lecture indispensable pour tenter d'appréhender notre monde, essayer de comprendre l'amertume qui remplit encore certains coeurs car ils ont raison de ne pas oublier, de ne pas vouloir oublier.

Il y a au moins deux dimensions qui m'ont particulièrement interpellée dans ce livre.
D'abord la partie "racines" car rien n'est plus naturel que de vouloir savoir qui nous sommes, d'où nous venons, quelle est l'histoire de nos origines. Quand on pense au poids des non-dits qui peuvent peser sur de nombreuses générations, qui occasionnent des haines ou des désespoirs qui paraissent infondés, on peut comprendre que seule la connaissance la plus complète possible de nos origines peut nous permettre de comprendre un peu qui nous sommes. C'est le message que portent les sept générations qui se succèdent dans le roman, n'oublie jamais qui tu es ni d'où tu viens.

Ensuite vient la dimensions historique car si l'on généralise le message du "connais-toi toi-même", alors il s'avère que la connaissance de l'Histoire de l'Humanité est indispensable pour comprendre le monde dans lequel nous évoluons. Il me semble que seule la découverte de la vraie Histoire pas forcément celle "écrite par les vainqueurs" comme le précise l'auteur, nous permet de nous situer, nous tout petits êtres humains, par rapport à cette immense planète et à ceux qui la peuplent.
En étudiant, même de façon superficielle (ce que je fais^^), les mouvements de population, les territoires conquis dans le sang, les crimes perpétrés contre l'Humanité on s'aperçoit logiquement que nous sommes tous beaucoup plus biologiquement complexes que nous le pensons. Si on prend simplement la France, pays habité successivement et conjointement par des celtes, des vikings, des grecs, des romains, des gaulois, des francs, des esclaves et leurs descendants, des colonisés venus de gré ou de force, sans oublier les généreux "touristes" ;-) alors il serait intéressant de voir quel exact pourcentage de la population française peut se vanter d'être d'une unique origine ; et il y a fort à parier que nous ayons tous, en proportions variables, des origines mondiales. Ce roman en est une très bonne illustration, puisque son auteur à lui seul aurait à minima des origines gambiennes, indiennes, américaines (blanches et noires) et irlandaises.

Cette constatation annihilerait toute possibilité d'une quelconque forme de racisme, enfin c'est mon avis bien sûr et c'est ce qui rend ce roman si riche et si indispensable. J'ajoute car c'est tout de même important que c'est très bien écrit, très agréable à lire, parfois douloureux, parfois heureux, j'ai même versé quelques larmes de joie. J'ai cependant enlevé une demi étoile à cause de l'identité douteuse de celui ou ceux qui ont écrit cette merveille. Cela n'enlève rien à ses qualités et il faut absolument lire et relire ce livre car n'oublions pas qu'aujourd'hui encore, la traite des êtres humains fait des ravages partout dans le Monde.
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Kounta Kinté, après une enfance heureuse en Gambie, est capturé à l'âge de dix-sept pluies...Au terme d'un voyage de plusieurs mois, il se retrouve esclave en Virginie, où il finira par accepter son sort, après quatre tentatives d'évasion infructueuses, la dernière l'ayant laissé mutilé.
Au delà du destin de Kounta, c'est l'évolution de l'esclavage que l'on découvre au travers de sa descendance, jusqu'à l'abolition de la pratique, après une guerre entre états confédérés et unionistes.

J'ai beaucoup aimé Racines , avec tout de même deux bémols que je développe à la fin de ma chronique.
j'ai aimé le récit concernant les grandes étapes dans la vie de Kounta qui représente pratiquement les deux-tiers du roman, la description de son enfance heureuse en Gambie, l'éducation par des parents sévères mais justes, à l'africaine avec la badine toujours à proximité, les rites d'initiation suivant l'âge des enfants, les liens entre les habitants, les souffrances quant à la survie dans des contrées où sécheresses et inondations sont synonymes de famines ou d'abondance.
La deuxième partie relate son enlèvement et son voyage épouvantable dans un navire négrier, un récit poignant, dont j'avais lu également une relation dans Noir négoce d'Olivier Merle. La troisième partie s'attache à ses tentatives d'évasion et son renoncement en acceptant sa vie d'esclave...
Le dernier tiers évoque la descendance et surtout les évolutions politiques et leurs conséquences sur la vie dans les propriétés du Sud des Etats unis, le long chemin vers l'abolition qui ne va pas se faire sans heurts. Cette partie est intéressante pour son aspect politique et historique, puisque référence est faite aux personnages historiques, la grande histoire se mêlant à la petite.
Les deux bémols concernent d'abord la forme avec une traduction qui était souvent approximative avec un recours systématique au mot "bizarre" au lieu d'étranges : de" bizarres visiteurs" ou "il lui faudra apprendre leur bizarre langue" par exemple ou des adjectifs avant le sujet "les fleurs devenaient de dures petites boules vertes qui éclataient en devenant de blancs flocons", ce qui a perturbé ma lecture.
Le deuxième bémol concerne le fonds, quand j'ai lu qu'Alex Haley avait dû recourir à une transaction financière pour éviter le procès intenté par Harold Courlander pour le plagiat de nombreux extraits de son roman "The african", à tel point que des discussions ont eu lieu pour retirer éventuellement son prix Pulitzer à Alex Haley ...
Racines est une lecture très intéressante, très instructive et émouvante dans un contexte moins glorieux en ce qui concerne l'auteur.
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Immergez-vous d'abord, en 1767, en Gambie, dans le village de Djouffouré, au sein de la tribu des Mandingues, là où le temps se compte en pluies et en lunes et là où naît Kounta, premier enfant d'Omoro.
Vous suivrez les différents rites qui jalonnent la vie du “premier né” jusqu'à son entrée dans le monde des adultes. Sa vie n'est pas sans souci mais paraît sereine... jusqu'à l'enlèvement de Kounta pour une croisière qui n'aura rien de touristique au vu des conditions de voyage, aux fers, au fond de la cale du bateau, pour “traverser la grande eau”.
L'inventaire du navire qui le transportait comptait à l'arrivée 3265 “dents d'éléphants”, 3700 livres de cire d'abeille, 800 livres de coton brut, 32 onces d'or de Gambie et 98 nègres ; “quarante-deux Africains étaient morts pendant la traversée, soit près d'un tiers de sa cargaison de “bois d'ébéne”.”

Ce livre est dense, tout est vie et action quels que soient les lieux et les périodes.
On vivra ensuite auprès de Kounta, dans le sud des Etats-Unis.
Sa volonté de “s'ensauver” va se muer en servilité à l'égard des maîtres quand il se verra mutilé du pied.

Il essayera pourtant de transmettre des bribes de ses “Racines” africaines et de conserver sa culture natale dans un monde hostile qui s'étiole car “chassée” par les blancs et contrariée par sa femme qui la considérait “non intégrative”.

On voit aussi comment, l'interdit d'apprendre à lire et à écrire (les blancs craignant la révolte des noirs), obligeait la plupart des esclaves à écouter en cachette les propos des maîtres pour relever des bribes d'informations concernant la guerre de sécession ou l'abolition de l'esclavage.
Leur ambition suprême était de se racheter pour être “ ‘mancipés ”.
Mais même libres, une loi de Caroline du Nord prescrivait que “les noirs émancipés ne peuvent demeurer plus de soixante jours dans l'Etat ; après ce délai, ils doivent redevenir esclaves.”

Le récit est sans concession sur la vie des esclaves dont l'angoisse permanente est celle d'être vendus à vils prix et séparés : une adolescente susceptible de porter un enfant valait 400 dollars, une bonne cuisinière de 1200 à 1500, un forgeron expérimenté de 2500 à 3000, un travailleur des champs 900.

D'autres générations vont suivre avec l'enfant couleur café au lait né de sa fille violée par le maître blanc.
Ces enfants qui portaient le nom du maître en signe d'appartenance, puis, après l'abolition de l'esclavage, nous accompagnerons la famille jusqu'à la naissance à la septième génération, celle de l'auteur Alex Haley.
Celui- ci est l'arrière-arrière-arrière-arrière petit fils de Kounta Kinté.

Le langage “p'tit nég'” est parfois fastidieux (effet de la traduction?). Peut-être qu'un jour une nouvelle version proposera des modifications comme dans la récente traduction d'”Autant en emporte le vent”où le “r” remplacé par une apostrophe a été réintroduit ainsi : “”C'est-y la bonne de vot' enfant ? Ma'ame Sca'lett, elle et t'op jeune pou' s'occuper du fils de Missié Cha'les!” devient “ C'est la nurse de vot' enfant ? Ma'ame Scarlett, l'est trop jeune pour s'occuper du seul bébé de m'sieu Charles!”

Ce livre a obtenu le prix Pulitzer en 1977. S'agit-il d'une reconstitution généalogique historique ou d'un roman ?
En anglais, Alex Haley parle de “faction” de “fact” (fait) et “fiction”.
L'auteur nous dit : “Il est une question que l'on me posait généralement : “Quelle part y-a-t'il de réel dans “Racines”, et quelle part d'inventé ?” Eh bien toute la lignée décrite est telle que la tradition orale de mes familles africaines et américaines en a préservé l'histoire - histoire corroborée par de nombreux documents que j'ai pu retrouver.
Quant à la texture de “Racines”, elle procède d'innombrables recherches sur les moeurs et coutumes, les cultures, les modes de vie indigènes. Pour réunir tout ce matériel, j'ai fouillé une cinquantaine de bibliothèques, de dépôts d'archives et autres hauts lieux de la conservation pendant des années et sur trois continents.”

L'authenticité de cette histoire a été contestée, qui plus est, l'écrivain a été condamné pour plagiat d'un livre intitulé ”L'Africain”.
Pourtant, il demeure pour moi un formidable roman sur l'origine de la ségrégation du peuple noir américain.

Bien sûr, ces malversations, dont je n'aurais pas eu connaissance si je n'avais pas fait de recherches sur le livre, auraient mérité une dégradation de la note, mais j'ai été captivé (mot mal venu !) par ce travail qui n'a pas d'équivalent pour moi.
Je ne bouderai donc pas l'intérêt de ce voyage d'autant que je l'ai lu dans une édition rébarbative (Alta) à en décourager la lecture ou à déclencher l'achat compulsif d'une tablette.

Je souscris au souhait émis dans l'excipit pour que ce livre qui vous fera partager l'incompréhension, la détresse, la révolte, le déracinement des esclaves… “contribue à rendre un peu moins pesant le fait que l'Histoire, le plus généralement, est écrite par les vainqueurs.”
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Lire Racines c'est revivre le chemin de croix (excusez l'expression) des noirs d'Afrique jusqu'aux années 60, bien que tout ne soit toujours pas réglé. C'est superbe et c'est poignant. Si vous avez aimé Underground Railroad et La couleur des sentiments vous allez adorer.
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La loi, elle dit que çui qui t'rattrappe il peut te tuer, et il s'ra pas puni. Cette loi-là, tous les six mois on la lit dans les églises des Blancs. Moi, quand j' commence sur la loi j'arrête plus. Z'ont qu'à s'installer quèq' part, les Blancs, et hop, ils bâtissent une cour de justice, pour faire encore plus de lois; et après ça c'est I'temple, pour prouver qu' c'est des chrétiens. Pour moi, cette Chambre des Bourgeois de Virginie, elle fait rien d'autre que d'passer encore plus de lois contre les négros. La loi, elle dit que l'négro il doit pas porter un fusil, il doit même pas porter un gourdin. La loi, pour toi, c'est vingt coups pas d' fouet s'ils t'attrapent sans papiers de route, dix coups si t'as r'gardé un Blanc dans les yeux, trente si t'as I'vé la main sur un chrétien blanc. La loi, elle dit que l' négro il peut prêcher que si un Blanc est là pour l'écouter; qu'ils prennent seulement l'enterrement d'un négro pour un rassemblement, et I'négro il ira en terre tout seul - c'est la loi. La loi, elle te coupe une oreille si un Blanc jure que t'as menti; les deux oreilles s'il jure que t'as fait deux mensonges. Tu tues un Blanc, et tu t' balances au bout une corde; mais va tuer un négro et tu s'ras fouetté, rien de plus. La loi, elle donne à l'Indien qu'a rattrapé un négro qui s'ensauve tout l' tabac que c't Indien- là peut emporter. La loi, elle défend d'apprendre à lire et à écrire aux négros et aussi d'leur donner des livres. Y a même une loi qui défend aux négros d' frapper des tambours- tout c' qu'est africain, quoi.
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Les fouets claquèrent pour les pousser vers un endroit où se trouvaient déjà une dizaine d'hommes enchaînés sur lesquels on déversait des seaux d'eau de mer remontés par-dessus le bordage. Et puis, malgré leurs cris, les hommes furent frottés par les toubabs avec des brosses à long manche. Kounta se mit lui aussi à hurler sous le flot d'eau salée qui pénétrait comme du feu dans les sanglantes zébrures du fouet et dans la marque au creux de ses épaules. Mais lorsqu'on se mit à le frotter à la brosse, en insistant bien, pour décoller les plaques d'ordure, la douleur devint intolérable, car les durs brins pénétraient dans les sillons sanglants du fouet, arrachaient la peau, fouillaient la chair à vif. A leurs pieds, l'eau moussait rose. Puis on les repoussa jusqu'au milieu du pont, où ils s'effondrèrent, pressés les uns contre les autres.
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Au fond, elle n'avait jamais bien compris la rancœur de son papa envers les Blancs - les "toubabs", comme il les appelait. Elle n'avait guère mieux compris non plus les paroles de Bell : "Quand j'vois la chance que t'as, fillette, ça m'fait peur, pasque tu sais pas c'que c'est qu'd'être un négro, au fond ; mais j'prie l'Seigneur pour que t'ayes jamais à l'savoir."
Eh bien, elle le savait, à présent - et elle avait appris, en plus, qu'il n'existait pas de limites aux souffrances que les Blancs pouvaient infliger aux Noirs.

N.D.L. : Elle (Kizzy) a été violée continuellement par son maître même juste après avoir donné naissance à l'enfant issu de ces viols.
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Il y en avait toujours un pour dire que la première chose, avec les esclaves, était de bien comprendre ce que leur passé africain, cette vie dans la jungle au milieu des bêtes, leur avait légué : stupidité, paresse, saleté. Le devoir du chrétien, à qui Dieu avait donné la supériorité, était d'inculquer à ces créatures le sens de la discipline, la morale et le sens du travail - en leur montrant l'exemple, bien entendu, mais aussi au moyen de lois et de châtiments adéquats, sans négliger pour autant d'encourager et de récompenser les méritants.
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- T'étais enragé, hein ? Une veine qu'ils t'ont pas tué. Z'auraient très bien pu, avec la loi pour eux. Comme quand c'Blanc m'a cassé la main pasque j'en avais assez d'violoner. La loi, elle dit que çui qui t'rattrape il peut te tuer, et il s'ra pas puni. Cette loi-là, tous les six mois on la lit dans les églises des Blancs. Moi, quand j'commence sur la loi des Blancs, j'arrête plus. Z'ont qu'à s'installer quèq'part, pour faire encore plus de lois; et après ça c'est l'temple, pour prouver quc'est des chrétiens. Pour moi, cette Chambre des Bourgeois de Virginie, elle fait rien d'autre que d'passer encore plus de lois contre les négros. La loi, elle dit que l'négro il doit pas porter un fusil, il doit même pas porter un gourdin. La loi, pour toi, c'est vingt coups d'fouet s'ils t'attrapent sans papiers de route, dix coups si t'as r'gardé un Blanc dans les yeux, trente si t'as l'vé la main sur un chrétien blanc. La loi, elle dit que l'négro il peut prêcher que si un Blanc est là pour l'écouter; qu'ils prennent seulement l'enterrement d'un négro pour un rassemblement, et l'négro il ira en terre tout seul - c'est la loi. La loi, elle te coupe une oreille si un Blanc jure que t'as menti; les deux oreilles s'il jure que t'as fait deux mensonges. Tu tues un Blanc, et tu t'balances au bout d'une corde; mais va tuer un négro et tu s'ras fouetté, rien de plus. La loi, elle donne à l'Indien qu'a rattrapé un négro qui s'ensauve tout l'tabac que c't Indien-là peut emporter. La loi,elle défend d'apprendre à lire et à écrire aux négros et aussi d'leur donner des livres. Y a même une loi qui défend aux négros d'frapper des tambours - tout c'qu'est africain, quoi.
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