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EAN : 9782710375616
72 pages
La Table ronde (12/03/2015)
3.83/5   21 notes
Résumé :
Un enfant est fasciné par les cinq chiffres tatoués à l'encre verte que son grand-père, né à Lódz, en Pologne, porte sur son avant-bras gauche. Le veillard explique qu'il s'agit de son numéro de téléphone... reproduit là pour ne pas l'oublier. Le mystère, jamais abordé en famille, reste entier jusqu'à un après-midi pluvieux, quand le grand-père raconte à son petit-fils comment il a survécu dans le camp d'Auschwitz. Maus faut-il croire à ce récit ? Est-il unique ? Et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le boxeur polonais est un recueil de deux nouvelles : le boxeur polonais et Allocation de Povoa.

Plus que des nouvelles, ce sont presque des chroniques.

La première raconte les souvenirs qu'a l'auteur de son grand-père polonais, déporté pendant la Seconde Guerre mondiale. Et surtout, le motif entêtant de cette nouvelle (comme dans Monastère) , c'est le tatouage. Tatouage qu'il a longtemps prétendu être son numéro de téléphone.
Quant à la seconde nouvelle/chronique, Eduardo Halfon parle d'une conférence qu'il a dû préparer sur un thème qui l'a complètement désemparé : le lien entre la littérature et le réel. Tout un programme...

Après la lecture de Monastère qui m'avait fortement intriguée, j'étais très pressée de lire le boxeur polonais, livre que l'auteur qualifie lui-même de "clé" dans son oeuvre qui permet de comprendre ses autres récits.
Sans être déçue, j'avoue que je m'attendais à autre chose. La première nouvelle n'est qu'un exemple du fait que la vie au camp d'Auschwitz tenait à bien peu de choses. Pas une nouveauté en soi. La pudeur et l'effroi du grand-père concernant cette période de sa vie ne sont pas percées à jour.
La seconde nouvelle complète, d'une certaine manière, la première avec un constat plus "scientifique" que la littérature ne peut être en aucun cas le reflet du réel, car elle ne peut refléter que la subjectivité (ou la "réalité" perçue) de son auteur. Mais finalement est-ce le but recherché ? Non. La littérature est un témoin qui nous permet de nous souvenir (et ce constat vaut pour l'auteur comme pour le lecteur) , et c'est déjà bien.

Un recueil ni passionnant ni vraiment indispensable.
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La nouvelle « le boxeur polonais » c'est une partie de l'histoire de la vie du grand-père d'Eduardo.
Eduardo se souvient des cinq chiffres 69752 tatoué sur l'avant-bras de son grand-père celui-ci prétend que c'est son numéro de téléphone, facile de « tromper « un enfant mais à l'âge adulte son grand-père finit par lui raconter la vraie histoire, l'origine de son tatouage.
S'ensuit la seconde nouvelle « l'allocution de Povoa » l'auteur doit faire une allocution lors d'une conférence sur le thème la Littérature écorche la réalité, cela lui permet de revenir sur l'histoire de son grand-père et de faire une pirouette sur le thème de la conférence, que je ne dévoilerais pas.
Dans une écriture simple, concrète, il manie bien l'art de la litote, un très beau texte, la découverte pour moi d'un auteur.
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Né au Guatemala en 1971, Halfon écrit en espagnol mais maîtrise parfaitement l'anglais. Il est venu aux États-Unis à l'âge de 10 ans et a fréquenté l'université de Caroline du Nord. Son retour au Guatemala pour enseigner la littérature l'a reconnecté à sa langue maternelle, mais il n'a pas guéri cette fracture linguistique fondamentale, ni effacé le sentiment de contingence qu'une telle fracture peut produire. "Il m'est alors venu à l'esprit", dit le narrateur du Boxeur Polonais, "alors qu'une limousine transportant un Guatémaltèque et un Mormon grondaient devant des carcasses de cerfs vers une conférence universitaire sur Mark Twain, que j'étais au mauvais endroit. Parfois, juste brièvement, j'oublie qui je suis.
Cet oubli est à bien des égards délibéré : le protagoniste de Halfon est et n'est pas Halfon. Il y a cependant quelques points communs. le narrateur, Eduardo, est professeur de littérature, comme Halfon l'a été pendant huit ans. Et tandis que le vrai Halfon ne s'est peut-être pas ennuyé par ses élèves, Eduardo s'ennuie avec eux . Alors qu'il essaie de leur enseigner Joyce, Maupassant et Hemingway, il ne cesse de leur dire qu'ils doivent "apprendre à lire au-delà des mots". C'est une leçon qu'il dispense avec une certaine suffisance, mais c'est aussi une leçon à laquelle même le professeur semble résister. Lors d'un voyage dans les hautes terres du Guatemala, Eduardo devient hypnotisé par le son du mot Cakchikel pour la poésie, incapable de dépasser "l'attrait délectable de sa prononciation". Il ne sait pas exactement ce que cela signifie, mais, conclut-il, "cela n'avait pas vraiment d'importance".
Si les premiers chapitres du Boxeur Polonais semblent être des histoires séparées plutôt que des parties d'un tout, au moment où Eduardo arrive à un festival culturel à Antigua, les fils narratifs commencent à se tisser. L'Eduardo qui accueille des poètes guatémaltèques ivres "racontant des blagues sur les pédés et sur Rigoberta Menchú", un baryton vénézuélien "gloussant sans cesse sur Chávez" et un quatuor autrichien dont les inséparables craignent "de devoir affronter seuls les dangers du tiers-monde" se délecte du globalisme risible de la vie contemporaine, mais il reconnaît aussi que ce que nous adoptons d'ailleurs fait qui nous sommes. Il est là, après tout, pour rencontrer sa petite amie, Lía, qui est revenue d'un voyage à Bahia "avec un surnom pour moi comme si j'étais un milieu de terrain de l'équipe de football brésilienne" - Dudú - ainsi que "avec son pubis bien rasé. ” Lorsque les deux sortent de leur chambre d'hôtel, c'est pour assister aux concerts de Milan Rakic, un pianiste classique serbe sous les interprétations duquel on peut entendre des accents de Thelonious Monk. Il s'agit moins d'harmonies improbables que de dissonances productives, celles-là mêmes que le roman met en jeu.
Il y a, par exemple, la question de la judéité d'Eduardo. le boxeur polonais du titre fait référence à l'homme dont les conseils ont sauvé le grand-père d'Eduardo de l'extermination à Auschwitz. Eduardo est captivé par l'histoire, mais porte autrement sa judéité mal à l'aise, informant un beau routard israélien qu'il rencontre dans un bar qu'il ne se sent pas juif.
"Certaines personnes fuient leurs ancêtres, tandis que d'autres les aspirent, presque viscéralement", note Eduardo lors d'un repas avec Milan. "Je ne pouvais pas m'éloigner assez du judaïsme, alors que Milan ne serait jamais assez proche des gitans." Mais c'est le Juif guatémaltèque qui se transforme en chercheur, poussé par une série de cartes postales de son ami à moitié tzigane, à retrouver les traces de Milan dans un Belgrade enneigé d'après-guerre. Milan avait « adopté, dans la mesure du possible, la vie d'un nomade, mais un nomade moderne, un nomade allégorique, un nomade carte postale, un nomade hurlant dans un monde où être un vrai nomade est désormais interdit ». La vie du quasi nomade est aussi, en définitive, celle de Halfon.
Au fur et à mesure que les frontières, physiques et mentales, sont franchies et redessinées, les histoires qu'Eduardo nous raconte et se raconte se révèlent non seulement partielles mais aussi fantastiques, fausses. le boxeur polonais ? Il n'y en a peut-être jamais eu. Pourtant, cela ne diminue en rien le plaisir que procurent les myriades d'histoires de Halfon. Au moment où nous écrivons, nous savons qu'il y a quelque chose de très important à dire sur la réalité, que nous avons ce quelque chose à portée de main, juste là, si près, sur le bout de la langue, et qu'il ne faut pas l'oublier. Mais toujours, sans faute, nous le faisons. Et puis on invente autre chose.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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N°974– Octobre 2015

LE BOXEUR POLONAIS – Eduardo Halfon- Quai Voltaire.

Ce sont deux nouvelles assez courtes qui composent ce recueil. De l'aveu même de l'auteur, c'est un genre littéraire dans lequel il s'exprime le mieux. Il me paraît important de commencer par la seconde au terme de laquelle cet écrivain guatémaltèque , juif polonais d’origine, ayant faut ses études aux États-Unis est invité à un colloque qui a pour thème « La littérature écorche la réalité ». C'est une formule assez sibylline qui, au milieu des insomnies qu'elle lui procure, lui fait penser à un film de Bergman. Il en vient à s'interroger sur l'interdépendance de la réalité et la littérature et conclue que cette dernière est, à ses yeux, synonyme de destruction puisque l'écrivain, même s'il souhaite en rendre compte avec précision, l'oublie. Cela l'amène à se remémorer une histoire que son grand-père lui racontait alors qu'il était petit. Le vieil homme lui révéla que le numéro tatoué sur son avant-bras était en réalité son numéro de téléphone qu'il ne parvenait pas à se rappeler. Plus tard, alors que son petit-fils a grandi et qu'il l'interviewe, le vieil homme lui parle du camps d’Auschwitz où il devait être exécuté. La veille, le hasard lui fait rencontrer un boxeur polonais qui, pendant toute la nuit, lui indique ce qu'il doit dire et ne pas dire aux Allemands qui le lendemain seront chargés de le juger et qui décideront de sa vie ou de sa mort. Le fait est qu'il a effectivement la vie sauve grâce à ses conseils. L'auteur décide donc, quelques années après, de raconter cette histoire qui fait l'objet de la première des deux nouvelles de ce recueil et qui apparemment lui convient parfaitement. Ce faisant, la littérature lui a donc permis de rendre compte de la réalité et non pas de l'écorcher.
Le hasard, toujours lui, fait que, longtemps après, l'auteur lit, publiée dans un journal guatémaltèque, l'interview de ce même grand-père sur sa détention et sa survie dans les camps de la mort. Le vieil homme révèle qu'il la doit simplement à ses talents de menuisier, les SS privilégiant effectivement les artisans qui leur rendaient des services et qu'ainsi ils sauvaient provisoirement de l'extermination. Il n'est donc plus question de ce proverbial boxeur polonais qui, tel Shéhérazade, a passé sa nuit à lui prodiguer des conseils. Dès lors, il a, en quelque sorte, la réponse à son questionnement sur la réalité et la littérature. Pourquoi son grand-père a-t-il déguisé la vérité derrière une histoire inventée ? L'auteur en conclue que la littérature est « comme le tour d'un prestidigitateur ou d’un sorcier, qui donne corps à la réalité et fait croire qu'il n'y en a qu'une. A moins que la littérature ne nécessite de détruire une réalité pour en construire une autre  » Il y ajoute même une réflexion personnelle prétextant que la littérature devrait effectivement rendre compte de la réalité, que cela est à la portée de l'auteur mais qu'il est, peut-être malgré lui, sujet à l'oubli.

Derrière l'histoire relatée dans ces deux nouvelles, le thème de réflexion me paraît pertinent. Je note que, certes l'auteur, a rendu compte d'un souvenir personnel de son grand-père, mais que ce dernier l'a délibérément déguisé, peut-être parce qu'il ne voulait pas évoquer la triste réalité et qu'il préférait la travestir ainsi. D'ailleurs la supercherie de son numéro de téléphone procède de cette même démarche et rares sont les déportés qui ont accepté d'emblée de parler de leur détention dans les camps. On se souvient de la démarche de Jorge Semprun dans « L'écriture ou la vie ». C'est là un oubli volontaire et, quand un auteur choisit de relater ses souvenirs, et au cas particulier ceux de sa famille ce qui est, comme souvent un thème récurrent chez un écrivain, il fait effectivement un tri parmi eux. C'est un parti-pris parfaitement respectable qui ne fait que mettre en lumière sa liberté de création. L'oublie-t-il volontairement pour autant ? Ce n'est pas sûr et il se réserve peut-être le droit d'y revenir plus tard, lors de la rédaction d'une autre œuvre. La mémoire qu'un créateur veut faire revivre avec des mots subit effectivement une forme de choix inconscient du à sa sensibilité ou à sa volonté de prouver quelque chose, étant entendu que c'est lui qui a la main unique du scribe. D'autre part nous savons tous que l'écriture est le domaine de la création et que la fiction vise justement à créer quelque chose qui n'existe pas, pourquoi pas sur les cendres d'autre chose, comme une sorte de phénix .

Je n'ai abordé l’œuvre d'Eduardo Halfon que très récemment (La Feuille Volante n°966 pour Signor Hoffman). J'en ai goûté le style et l'ambiance un peu particulière, à la fois nostalgique et lente qui sourd de ses textes autant que l’invitation à la réflexion sur le rôle de la littérature.

Hervé GAUTIER – Octobre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Deux nouvelles qui se répondent.

La première raconte cet enfant admiratif d'un grand-père qui a 5 chiffres tatoués sur sa main et cultive le secret ...pour mieux le révéler.

La seconde ou la suite raconte cet écrivain qui se frotte à la "vérité" quelle est-elle , que dit-elle ...

Une jolie ...mais trop courte lecture qui donne envie de découvrir cet auteur à l'écriture fine et sensible.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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critiques presse (1)
Liberation
09 juin 2015
Toutes ces histoires ont un ton très particulier où cohabitent sensibilité et détachement, attention et désengagement.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Certains pleuraient et d'autres récitaient le kaddish.
[...]
Qu'est-ce que tu veux faire d'autre quand tu sais que le lendemain on va te fusiller, hein ? Rien. Ou tu te mets à pleurer ou tu te mets à réciter le kaddish.


(dans "Le boxeur polonais")
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La littérature n'est qu'un bon tour, comme le tour d'un prestidigitateur ou d'un sorcier, qui donne corps à la réalité. A moins que la littérature ne nécessite de détruire une réalité pour en construite une autre, chose que, de façon très intuitive mon grand-père avait comprise, de se détruire pour se reconstruire à partir de ses propres décombres.
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La littérature n'est qu'un bon tour, comme le tour d'un prestidigitateur ou d'un sorcier, qui donne corps à la réalité, et fait croire qu'il n'y en a qu'une.
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Videos de Eduardo Halfon (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eduardo Halfon
Eduardo Halfon - "Signor Hoffman" et "Le boxeur polonais" .Eduardo Halfon vous présente son ouvrage "Signor Hoffman" et "Le boxeur polonais" parus aux éditions Quai Voltaire. Retrouvez les livres : http://www.mollat.com/livres/halfon-eduardo-boxeur-polonais-9782710375616.html http://www.mollat.com/livres/halfon-eduardo-signor-hoffman-9782710376163.html http://www.mollat.com/livres/halfon-eduardo-pirouette-9782710369745.html http://www.mollat.com/livres/halfon-eduardo-monastere-9782710370833.html Notes de Musique : "Dream Culture" par Kevin MacLeod (http://incompetech.com) https://www.facebook.com/Librairie.mollat/ https://twitter.com/LibrairieMollat http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/ https://vimeo.com/mollat https://instagram.com/librairie_mollat/ https://www.pinterest.com/librairiemollat/ http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ https://soundcloud.com/librairie-mollat http://blogs.mollat.com/
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