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EAN : 9782268106724
232 pages
Les Editions du Rocher (24/08/2022)
4.36/5   36 notes
Résumé :
Dans la famille de Maya, originaire du Mali et vivant dans une HLM de banlieue parisienne, les filles sont élevées dans la tradition patriarcale, les coups pleuvent souvent et les interdictions sont nombreuses. À 6 ans, lors de ses premières vacances à Bamako, elle subit une excision. Rapidement, elle comprend que cette mutilation est voulue par ses parents, qu'elle doit taire sa douleur, prendre sur elle. Seule la voix de Céline Dion lui donne un peu de courage.>Voir plus
Que lire après À l'ombre de la cité RimbaudVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Un coup de coeur pour ce livre d'Halimata Fofana, À l'ombre de la cité Rimbaud. L'autrice a quelque chose à dire, à défendre et elle le fait parfaitement, écriture fluide, narratrice attachante et pas de haine. Lisez ce livre indispensable.

Maya vit avec sa famille dans un HLM. Son père et sa mère, qui viennent du Mali, entendent respecter les traditions. Une femme est faite pour servir les hommes et il n'y a pas à discuter. le cas échéant, les coups pleuvent.

Lorsqu'une enseignante explique à la mère de Maya qu'on ne bat pas ses enfants, la narratrice voit du désarroi sur le visage de sa mère : comment se faire obéir ?

Malgré les coups et les mauvais traitements, Maya a appris à aimer ses parents, elle est consciente de leur impuissance à sortir de la tradition ; la pression venant du reste de la famille n'arrange rien. La tradition, c'est leur identité. Ils ne seraient plus rien sans elle.

À l'ombre de la cité Rimbaud démontre que l'on peut dénoncer des situations insoutenables sans haine et sans rendre le lecteur voyeur malgré lui. J'ai beaucoup apprécié ce livre, aussi pour ça.

L'auteur veut que sa voix porte un message et il respecte les critères d'un bon livre : l'écriture est fluide, le livre se lit facilement et je me suis prise d'affection pour Maya.

Merci aux éditions du Rocher pour cette lecture.

Lien : https://dequoilire.com/a-lom..
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Maya est l'ainée de sept enfants, nous la suivons de ses six ans à l'âge adulte. Elle vit dans la banlieue parisienne dans un petit appartement toujours animé et bruyant. Ses parents sont d'origine malienne, analphabètes et très attaché à leurs racines. le père est plongeur et la mère femme au foyer. Les enfants se succèdent, la mère est épuisée et peu disponible. Mais surtout les parents sont très attachés au modèle éducatif du Mali et pour eux il est essentiel de faire des filles de bonnes épouses et de bonnes mères, qui serviront leur mari. Les coups pleuvent, les interdictions sont très nombreuses, même à l'âge de la maternelle, il n'est pas question que les petites filles jouent avec les garçons. Si Maya est très attachée à Machèle, sa cadette de deux ans, elle a peu de lien avec ses autres frères et soeurs. Les filles et les garçons sont élevés de manière différente, les filles n'ont que des devoirs et doivent participer très activement aux soins du ménage et des plus petits, alors que les garçons ont déjà dès leur plus jeune âge beaucoup de droits. Les filles sont quantité négligeable et doivent intégrer au plus vite la soumission obligatoire à la loi des hommes. Si ce modèle d'un autre temps lui est imposé à la maison, Maya découvre grâce à l'école une autre vision, les parents ne peuvent pas empêcher leurs enfants d'aller à l'école vu que c'est obligatoire, mais ils craignent que cela ne les pervertisse et en fasse des petites Françaises. Maya aime l'école, elle est bonne élève et découvrira la littérature grâce à une professeur du lycée, avant de céder pour un temps aux pressions familiales.

Maya est prise en étau entre ces deux modèles, elle devra apprendre à ruser et à mentir pour avoir un peu de répit. Elle ne rejette pas ses parents et comprend rapidement qu'ils ne peuvent faire autrement, ils ne connaissent pas d'autres modèles et n'ont pas profité des apprentissages des enfants pour évoluer. La cité est peuplée de nombreux immigrés africains qui perpétuent leurs traditions alors que leurs enfants essaient de conjuguer leurs racines avec la culture occidentale.

A l'âge de six ans, Maya vit son plus grand traumatisme, lors de vacances au Mali, elle est excisée. Elle comprend vite que c'est la volonté de ses parents et qu'elle doit taire sa douleur. D'ailleurs la meilleure amie de sa mère, qui habite dans la même cité pratiquera cette mutilation sur ses deux petites soeurs. Pour les parents, il ne s'agit pas de maltraitance, mais dans la croyance populaire, une femme non excisée est impure et ne saurait trouver un mari convenable. Près de vingt ans plus tard, elle subira une opération pour restaurer ce qui peut l'être comme de nombreuses victimes de ces pratiques.

L'histoire de Maya est tirée de la vie de l'auteure devenue un militante très active contre l'excision. L'abandon de ces pratiques passe par l'éducation des femmes, en particulier des mères, qui même si elles en souffrent beaucoup perpétuent la tradition, car il est difficile pour elles d'y voir une mutilation et non une nécessité pour le bonheur futur de leurs filles, même si en tant qu'Occidentale cette notion du bonheur me paraît relever du cauchemar, qui a envie d'être soumise à un mari violent qui a tous les droits ?

Maya m'a beaucoup touchée, en particulier sa façon de conjuguer sa culture d'origine et la nôtre, on imagine sans peine ses difficultés et aussi son bonheur avec la découverte de la littérature française. Les instituteurs ferment les yeux sur les maltraitances dont sont victimes les enfants, non par indifférence mais plutôt par culpabilité. Ils n'osent pas imposer nos normes et se mêler de la culture des parents, pensant que la colonisation a déjà fait assez de dégâts. Une institutrice dit à la mère de Maya qu'il ne faut pas battre les enfants, mais celle-ci ne comprend pas comment se faire obéir sans les frapper. La culture est totalement patriarcale et les femmes sont à peine plus que des animaux domestiques, j'ai évidemment trouvé cela très choquant, on peine à croire que tant de gens dans nos sociétés puissent connaître un tel décalage culturel. Je trouve indispensable de lire ce témoignage, un très grand merci à Netgalley et aux Editions du Rocher pour cette magnifique découverte.

#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance !
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Halimata Fofana milite dans l'association "Excision, parlons-en !" qui mène une campagne de sensibilisation dans les quartiers. En effet, on estime que 125 000 jeunes femmes sont encore excisees chaque année en France. Les chiffres sont même à la hausse, avec des estimations qui ont doublé en dix ans, notamment en raison de la féminisation de la population migrante.

Ce roman est donc un acte militant qui lui permet d'évoquer sa propre expérience.
"La manière abrupte dont les choses sont faites, c'est quelque chose que j'ai vécu et que je voulais montrer pour que les gens comprennent ce qu'est l'excision, sans pour autant être dans le trash".
Cet acte barbare, qu'elle considère à la fois comme un viol et comme une amputation, doit absolument être dénoncé et combattu.

Dans son roman, elle raconte la vie de ces fillettes et adolescentes vivant dans des HLM de banlieue et qui sont tiraillées entre deux cultures.
Maya, aînée d'une famille de 7 enfants sera elle aussi victime de cette torture lors de vacances au Mali. Les souffrances endurées et la violence de l'acte sont décrites avec réalisme et sidérent le lecteur. Mais Maya vit en France, elle aime l'école et elle réfléchit. Comme tous ces enfants qui vivent en France, ceux que les familles appellent les enfants difficiles, elle tente de se révolter contre les traditions.
Ce n'est pas chose facile et il y a parfois de l'anorexie, de l'auto-mutilation, de la dépression et de la résignation.
Mais le parcours de Maya, accompagnée de professeurs bienveillants, permet de garder espoir.
Dans la catégorie roman-témoignage, ce récit au style parlé très contemporain, a des choses importantes à dire.
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Maya est une petite fille qui vit en banlieue parisienne, dans la Cité Rimbaud. Originaire du Mali, son père et sa mère préservent les traditions, tout en laissant tout de même leurs enfants aller à l'école. Une fratrie de 7 enfants et Maya va nous raconter son enfance, adolescence et sa vie de jeune femme. Maya va essayer de concilier ses racines africaines et l'ouverture à d'autres idées, sentiments qu'elle découvre à l'école et à l'extérieur de la maison. "Et moi, j'ai appris à mentir très jeune. C'était une question de survie. Mentir pour s'octroyer des moments de liberté. Au fils des années, je suis devenue experte en mensonge pour échapper à la vigilance de mes parents" (p32).
L'auteure est très proche de son personnage et nous raconte, à travers les mots, les sentiments de Maya, la difficulté d'être ainsi ballottée entre deux cultures. Au fils des ans et des rencontres que fait Maya et sa soeur, elle va prendre conscience de la difficulté de trouver son chemin et sa liberté de choix. "Je sens que la liberté a un prix. Je ne pourrai l'acquérir que dans l'opposition, qu'en enfreignant les règles, qu'en me battant, qu'en acceptant finalement de me mettre en danger." (p 85).
L'auteure parle très bien de cette difficile situation d'être obligé de choisir entre des traditions et des espoirs d'émancipation. Elle dénonce certaines pratiques qui perdurent car traditionnelles, et en particulier, l'excision des petites filles. Maya va subir l'excision lors de vacances d'été au Mali. Halimata Fofana est membre de l'association "excision, parlons en", qui mène des campagnes de sensibilisation dans les quartiers. "Seules les femmes peuvent mettre fin à cette coutume mais pour cela il faudrait qu'elles prennent conscience de la barbarie de l'acte." (p129). "Je ne comprends toujours pas pourquoi nos mères, qui ont été victimes à un moment donnée répètent ce supplice, et en ce sens s'en prennent à leur propre progéniture. Nos mères savent ce qu'elles font. Elles nous envoient à l'échafaud pour couper l'organe consacré au plaisir. le plaisir pour une femme est banni. Il 'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux. Ils sont interchangeables. (p207)
Elle fait aussi l'éloge méritée du rôle de l'école et le portrait d'une vaillante professeure de français. "- Alors, maintenant on va choisir les textes non pas sur la qualité des textes mais sur la couleur de peau de l'écrivain. On touche le fond. Vous avez raison, Construisez les barreaux de votre propre prison. " (p 196).
Elle décrit très bien la difficulté de ses enfants qui sont déchirés entre leur milieu familial et les choix que la société "extérieure" leur offre. "D'un côté, je me déploie, je m'instruis, de l'autre, je me sens redevable vis à vis de mes parents et cette loyauté est une prison. Il faudrait choisir entre ces deux vies, mais la rupture serait totale et le retour en arrière impossible. En suis je capable ?" (p179)
Ce roman est un bel hommage au courage des filles, des femmes africaines qui essaient de trouver leur voie mais sans pour autant rompre avec leur origine.
"Je crois qu'être femme est une grande injustice. Il n'y a rien de pire dans ce monde que d'être une femme . Hors d'Occident, la femme est utilisée comme appât, comme bouclier ou comme arme de guerre. (p185)
Comment être soi et non celle qui joue le rôle que d'autres ont écrit pour elle ? C'est un combat sans fin. Je suis une femme et de couleur noire. Pour l'homme blanc, elle est une curiosité exotique tandis que l'homme noir l'étouffe avec son protectionnisme exacerbé. Je dois sans cesse prouver que je suis plus qu'une enveloppe corporelle. Les regards des autres m'enferment. Est ce ma couleur de peau qui définit mon identité. Est ce mon sexe qui définit mon identité ? (p183)
#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance
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Maya vit dans la cité Rimbaud en région parisienne. Aînée d'une grande fratrie d'origine africaine, elle se doit d'obéir à ses parents et de respecter les traditions de leur culture. Maya est aime lire, écrire, s'instruire, c'est une petite fille pleine d'espoir et d'envie de vivre. Jusqu'au jour où ses parents la ramènent pour des vacances au pays et lui font subir l'excision. Et Maya ne sera plus jamais la même.
C'est une lecture bouleversante et effarante.
Le style est franc, incisif, certains passages sont crus et durs à lire. Je ne savais pas que de telles pratiques étaient encore possibles en France.
Maya nous décrit sans concession et ton critique le milieu dans lequel elle vit, que ça soit le milieu familial remplit de violence envers les enfants et sa mère, et sa culture en total décalage avec la culture française, mais aussi la banlieue et ses codes particuliers. Les mots sont sans détour. le lecteur ne peut qu'avoir de l'empathie envers Maya et ses soeurs, qui se débattent entre leur culture, les règles de leur famille et l'indépendance qui pourrait être à leur portée en France. Maya souffre de voir comment les femmes sont traitées. Pourquoi sa mère veut qu'elle ait la même vie qu'elle, alors qu'elle a souffert et souffre encore autant ? Pourquoi les filles de sa banlieue suivent le même chemin que leurs mères alors qu'elles pourraient avoir une meilleure vie. le seul espoir de Maya ? L'éducation.
C'est un livre qui marque, un récit qui prend aux tripes. Impossible de rester de marbre en lisant ces lignes.
Un livre nécessaire.
J
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critiques presse (2)
LeParisienPresse
29 août 2022
«À l’ombre de la cité Rimbaud» dépeint le destin d’une fillette qui refuse de plier sous le poids des traditions.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Culturebox
25 août 2022
Victime d'une excision dans son enfance, Halimata Fofana publie, mercredi 24 août, son deuxième livre sur le sujet pour briser le silence et faire bouger les lignes, à l'heure où la lutte contre cette pratique a été mise à mal par la pandémie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je refuse de les condamner trop sévèrement. Quand mes parents cognent, ils sortent d’eux-mêmes. Tout comme Médée, mère aimante qui finit par tuer ses enfants. Elle est tombée dans un état de furor. L’un de nous a déjà eu le bras cassé par mon père. Sinon, il jette une chaussure, un verre, un stylo… Tout ce qui lui tombe sous la main. À nous d’esquiver.
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Ils n’ont pas eu cette curiosité, ce courage aussi d’aller voir une association peut-être, de confier leur honte et leur désir de sortir de l’analphabétisme, désir qu’ils n’avaient d’ailleurs pas. Ils m’ont laissée me débrouiller et j’ai fait comme j’ai pu. J’aurais tellement aimé qu’ils regardent mes devoirs, m’expliquent ce que j’ignorais, me fassent réciter, s’intéressent…
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"Je ne comprends toujours pas pourquoi nos mères, qui ont été victimes à un moment donnée répètent ce supplice, et en ce sens s'en prennent à leur propre progéniture. Nos mères savent ce qu'elles font. Elles nous envoient à l'échafaud pour couper l'organe consacré au plaisir. le plaisir pour une femme est banni. Il 'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux. Ils sont interchangeables.
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"D'un côté, je me déploie, je m'instruis, de l'autre, je me sens redevable vis à vis de mes parents et cette loyauté est une prison. Il faudrait choisir entre ces deux vies, mais la rupture serait totale et le retour en arrière impossible. En suis je capable ?"
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Désormais je le sais : mon père est et a toujours été préoccupé par son quotidien. Je devrais plutôt dire par notre quotidien. Nous nourrir et faire en sorte qu’on ne manque de rien matériellement, ne pas perdre son emploi. Aujourd’hui, moi, Maya, devenue une femme, j’ai compris les raisons qui ont poussé mes parents à nous « élever » ainsi. Avec le temps, j’ai appris à aimer cet homme qui est mon père.
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Videos de Fofana Halimata (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fofana Halimata
Dans la famille de Maya, originaire du Mali et vivant dans un HLM de banlieue parisienne, les filles sont élevées dans la tradition patriarcale, les coups pleuvent souvent et les interdictions sont nombreuses. A six ans, lors de ses premières vacances à Bamako, elle subit une excision, et comprend vite que cette mutilation a été orchestrée, qu'elle devra taire sa douleur. La voix de Céline Dion vient panser ses plaies, et l'école la sauve : un professeur de français l'ouvre à d'autres cultures, d'autres mondes, hors de la cité Rimbaud où elle étouffe, hors de ce foyer où l'on veut la préparer à devenir une femme exemplaire : c'est-à-dire mariée, mère de famille, et gardienne des coutumes. "La liberté s'acquiert par la connaissance" devient sa maxime. Face au poids des rites et des croyances, Maya oppose sa force, sa rage, refusant de se résigner à son sort, sans pour autant renier ses deux identités. Un récit inspiré de la vie de l'auteur et de ses rencontres. Bouleversant.
Halimata Fofana, née en France de parents sénégalais, a été journaliste, attachée de presse, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse. Elle a également occupé un poste de chargée des affaires culturelles au Canada, avant de rentrer en France pour enseigner les lettres et mener des conférences sur les mutilations sexuelles faites aux femmes – ayant elle-même été excisée à l'âge de cinq ans. Aujourd'hui, Halimata se consacre à l'écriture et à la réalisation.
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