Francis Hallé, biologiste, professeur et botaniste reconnu, est un passionné des arbres. Auteur de plusieurs ouvrages, Francis Hallé s'attaque ici à l'arbre sous l'aspect structurel, mais aussi comme héritage de l'humanité, avec un véritable talent de conteur. L'arbre est à la fois partenaire au quotidien de l'homme (papier, bois de chauffage…) et aussi dans ses besoins (lumière, eau, espace, chaleur…). L'arbre et les liens que nous entretenons avec lui sont ainsi développés dans les pages de ce livre sans tomber dans l'anthropomorphisme.
La présence de l'arbre est fragile face à l'homme et à sa civilisation. Cette cohabitation peut et doit s'améliorer. Pour en convaincre le lecteur, l'auteur mène une réflexion de fond sur l'arbre, cohabitant avec l'homme sur une même planète. Basé et développé sur des découvertes scientifiques, le discours de Francis Hallé revient sur l'arborescence, les arbres pionniers, les records de surface, vitesse et longueur. Les nombreux exemples se basent sur la croissance, l'architecture ou l'utilisation d'arbres tels que l'okoumé ou les faux de Verzy. Ces explications concernent tous les arbres de la planète mais surtout ceux des forêts tropicales. Le discours est étayé par des portraits représentatifs (arbre à caoutchouc, eucalyptus…) mais également par des photographies en couleurs d'arbres étonnants comme des figuiers, un palétuvier, des baobabs.
Ce plaidoyer pour l'arbre se découvre au fil de la lecture également comme un plaidoyer pour l'homme car l'auteur conduit le lecteur à réfléchir sur son propre comportement. Présenté de manière scientifique, ce livre n'en demeure pas moins agréable à lire, notamment grâce à de nombreuses illustrations.
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Un ouvrage magnifique, où la tendresse profonde de l'auteur pour les arbres sourd sous une réflexion dense, humaine et consciente.
Altérité et familiarité : voilà les deux racines qui nous lient à ces géants végétaux. Familiarité, parce que les arbres nous entourent, peuplent nos paysages et nos imaginaires, sont présents derrières les objets les plus inattendus du quotidien, et ont façonné l'Homme depuis qu'il a quitté leur feuillage protecteur. Altérité, et même étrangeté, car les arbres sont singulièrement différents de l'Homme, ils le dépassent, sous tous les points de vue : leur longue histoire leur a permis de développer une richesse adaptative surprenante et merveilleuse à découvrir ici.
Francis Hallé, comme à son habitude, nous livre ici des pages très rigoureuses, méthodiques, illustrées de schémas techniques de sa main, complétées de photographies émouvantes, constellées de citations poétiques, historiques ou philosophiques. Les chapitres concernant les pratiques humaines en rapport avec les arbres témoignent de liens étonnants, extrêmement intéressants, qui prouvent s'il le fallait encore que l'auteur se projette bien dans une histoire commune aux arbres et à l'humanité, sans s'enfermer dans une connaissance isolée et détachée de préoccupations sociétales. Un propos qui sait se mettre à la portée de toutes et tous, sans céder à l'authenticité scientifique, comme un fruit coloré, plein, à portée de main.
Ce Plaidoyer pour l'arbre est émouvant et nécessaire.
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magnifique ouvrage ! Un éloge de cette grande figure de l'altérité : l'arbre
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Lorsqu'elles commencèrent à se répandre, à partir de 1859, les idées de Darwin sur l'évolution biologique devinrent immédiatement un sujet de scandale dans l'Angleterre de l'époque victorienne : le grand public, les scientifiques, le clergé, tout le monde était furieux à l'idée de participer d'une quelconque nature animale. La Bible étant considérée comme l'expression de la vérité, il convenait d'en prendre le texte au pied de la lettre, notamment sur ce point essentiel : Dieu avait créé l'Homme à Son image et il n'y avait pas à revenir là-dessus.
Pour ma part, le plus précieux des caractères de l'arbre est sa totale "altérité", ce mot étant pris dans le sens de "différent de l'Homme et ne lui devant rien". L'altérité des arbres me rassure, dans un monde profondément marqué par les activités humaines au point qu'il en devient inquiétant.[...] C'est là, à cette échelle quotidienne, que les arbres sont garants d'une altérité dont j'ai besoin comme d'oxygène et que je considère comme une ressource très précieuse, menacée et de plus en plus rare.
Je sais que mon entreprise de vous parler des arbres sera moins convaincante que la moindre promenade dans un bosquet de Niaoulis ou de Tilleuls, laquelle vous dévoilerait des aspects de ces arbres que je suis bien en peine d'évoquer, étant à la fois trahi par les dimensions et à court de mots.
La modestie devant les arbres s'impose dans tous les domaines. Ne nous y trompons pas : à notre époque où triomphent les techno-sciences, nous sommes tout à fait incapables de construire un édifice qui aurait les mêmes propriétés technologiques qu'un arbre.
03.05.18 - INTEGRALE - Zep, F. Hallé, D. Kennedy, J. Tassin, S. Avallone et G. Clément.