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Critique de Fifibrinda


Tout le monde connaît Marguerite Yourcenar, « grandécrivain », première femme élue à l'Académie Française, première femme « pléiadisée » de son vivant, écrivain classique, helléniste, orientaliste, traductrice de Negro Spirituals …
Beaucoup connaissent ses livres – « Les mémoires d'Hadrien », chef d'oeuvre du roman historique -, ses traductions – « La couronne et la lyre », du même souffle poétique que les textes originaux -, ou sa magistrale autobiographie familiale, « le labyrinthe du monde ».
Mais qui connaît la femme, la fillette, la jeune fille, l'amoureuse, la voyageuse, la maitresse de maison, la boulangère, l'amie des animaux … ?
Pour avoir déjà lu trois ou quatre biographies de Marguerite Yourcenar, je connais les aspects factuels de sa vie. J'ai lu à peu près tous ses romans et quelques traductions, et je la considère comme l'un de mes auteurs favoris. Mais, à la différence des autres études consacrées à Yourcenar, ce très bel album vient « donner corps » à un personnage que l'on admire de loin et dans les livres, la rend plus proche que jamais. La très belle iconographie, idéalement mise en valeur par un format mi-cahier, mi-livre d'art se parcourt comme un album de famille, avec ses photos usées, ses personnages dont on a oublié le nom, ses animaux familiers, ses paysages disparus.
On pénètre dans sa cuisine, on fait la connaissance d'une Marguerite jeune et joyeuse fréquentant hôtels de luxe et salons littéraires, voyageuse cosmopolite chez elle à Londres ou en Grèce, à Paris ou en Italie. On soupire d'amour pour un beau poète grec ou un éditeur parisien, on fait ses humanités sur les grands sites archéologiques, on passe ses mercredis au Louvres, on s'essaie à la poésie à l'âge des poupées et des dînettes, on tente de faire les célèbres gaufres « Marguerite Yourcenar » créées par Meert, illustre maison lilloise, ou les « popovers de Grâce » …
Car le très beau texte d'Achmy Halley, spécialiste de Yourcenar et directeur de la Villa du Mont-Noir à Saint-Jans-Cappel, ne suit pas l'ordonnancement classique d'une biographie. Il dresse plusieurs portraits, facettes d'un kaléidoscope où tantôt Marguerite apparaît, tantôt Yourcenar, tantôt Madame : la grande dame de la littérature, la jeune femme passionnée d'amour et de littérature, la fillette un peu sauvage, la globe-trotteuse … Il procède par petites touches, anecdotes, extraits en lien avec les illustrations, mais ce faisant nous donne à connaître la personne avant l'illustre écrivain, fait de nous ses familiers. Son écriture est élégante, limpide, avec des clins d'oeil humoristiques où l'on sent l'affection pour son personnage, comme dans ses titres secondaires : « Yourcenar superstar », « pauvre petite fille riche » ou bien « "Les mémoires d'Hadrien" ? Nom de Dieu ! » emprunté à Colette.
Une mention toute spéciale à la maquette de ce livre, délicieusement surannée et très anglo-saxonne, avec sa couronne de fruits et de feuilles façon planche botanique sur fond rose buvard un peu passé, alliée à une typographie évoquant les vieux livres américains pour la couverture, et quelques chapitres imprimés sur ce même rose passé pour le texte.
Un grand bonheur de lecture donc, grâce à Masse critique et, surtout, aux éditions Flammarion à qui nous devons ce merveilleux album.




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