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Citations sur Le chamanisme : Fondements et pratiques d'une forme r.. (41)

"Chamane" est le nom que les peuples toungouses de Sibérie orientale donnent à leur principal rituel. Le même type de personnage se rencontre, sous d'autres noms, chez les peuples voisins.
p. 15
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Le lien souple de l'âme à sa lignée
Selon cette conception, l'âme individuelle ne peut, à l'issue de son recyclage posthume, passer d'une espèce à l'autre pour en “animer” un membre : ce serait contredire la notion même d'espèce et contrevenir à l'établissement de relations stables entre espèces. Cependant, lors de cette phase de recyclage où elle est libre d'attache corporelle, l'âme est censée pouvoir emprunter d'autres corps que ceux de son espèce pour y loger ou pour se déplacer. Ainsi les Mongols imaginent les âmes des morts voyageant accrochées aux poils ou aux plumes d'animaux sauvages. Il n'y a pas pour autant “transformation” ou “métamorphose”.
La force vitale logée dans la chair nourrit l'âme du vivant
Être en vie implique de se nourrir. La chair du gibier qui nourrit le corps des humains est le support concret de la « force vitale » qui nourrit leur âme. Il y a interdépendance entre chair et force vitale comme entre corps et âme durant le temps de la vie. Les peuples samoyèdes de Sibérie occidentale nomment le renne sauvage « ce dont on vit ». En français, “viande” vient du verbe latin vivere, « vivre ». La notion de force vitale est souvent confondue, mais à tort, avec celle d'âme individuelle, parce que de nombreuses langues emploient le terme “d'âme” dans les deux cas (ainsi le français parle aussi bien « d' âme sœur » que de « force d'âme » ou de « manque d'âme »). À la différence de l'âme, la force vitale n'est pas une entité fixe et autonome ; elle peut varier en qualité et en quantité chez un même individu selon les circonstances.
p. 75/76
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Les derviches tourneurs
Les danses des derviches tourneurs (membres de certaines confréries soufies) ont été considérées comme provoquant des états de “transe” et “d'extase”, alimentant ainsi les rapprochements avec le chamanisme selon la définition qu'en donne Mircea Eliade.
Les médiums du bouddhisme tibétain
Le bouddhisme tibétain comporte une pratique oraculaire qui repose sur l'instauration d'un « contact direct » entre une divinité et un médium par l'intermédiaire duquel elle délivre ses oracles. Selon les contextes, c'est la parole du médium qui constitue l'oracle, dans d'autres où il reste muet, c'est sa gestuelle (souvent aux allures de danse).
Cette pratique était naguère investie d'un rôle important dans la vie religieuse et politique : le Tibet avait autrefois plusieurs oracles d’État ...
p.144
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« Le Chamanisme » - “Fondements et pratiques d'une forme religieuse d'hier et aujourd'hui”, Roberte Hamayon, Éditeur : EYROLLES © 07/05/2015
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Les relations verticales
Cela explique pourquoi le christianisme orthodoxe et le bouddhisme ont pénétré chez les peuples pasteurs de Sibérie, alors qu'ils n'ont pu le faire chez leurs voisins chasseurs. Partout, la présence d'un mode de vie reposant sur la transmission de biens matériels au fil des générations et par conséquent l'importance des âmes de morts dont on hérite constitue un terrain favorable à l'intégration d'entités spirituelles supérieures à celles issues de défunts humains.
Intégration parmi les ancêtres ou au-dessus d'eux
Les ancêtres sont par définition considérés comme des instances spirituelles situées au-dessus de leurs descendants vivants. Ils concrétisent une vision hiérarchique qui permet de concevoir d'autres instances spirituelles situées au-dessus des ancêtres. Et si les ancêtres d'un clan, fondus dans une collectivité anonyme, ont autorité sur leurs descendants membres vivants de ce clan, les instances spirituelles posées comme supérieures à eux auront autorité sur un ensemble de clans, voire sur toute la société.
Intégration d'individus délaissés, tels les saints
Quant aux âmes de morts qui n'ont pu recevoir le statut d'ancêtre, elles se voient adresser individuellement un culte qui vise à leur donner une place et un rôle dans le monde des instances spirituelles, comme certains saints, sanctifiés en raison de leur vie tragique ou de leur mort précoce. Elles sont donc, à la différence des ancêtres, identifiées par un nom qui leur est personnel, comme le sont les saints. Elles sont censées être transformées par le culte qu'elles reçoivent en protectrices des humains qui le leur rendent, comme certains saints.
p. 140
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Un rôle médiateur dans la propagation de la religion
Ces défunts humains “sanctifiés”ou “divinisés” jouent en outre un rôle fondamental dans la pénétration des religions universalistes chez des peuples habitués à donner le statut d'esprit à des âmes de morts humains. Ces peuples, en effet, intègrent aisément ces défunts exaltés dans des catégories conçues à partir de celles où ils classent les âmes de leurs morts, soit à partir de celle des ancêtres, soit à partir de celle des morts qui n'ont pu recevoir le statut d'ancêtre.
p. 139
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« Épouses » du Christ
Dans de nombreux ordres catholiques, les religieuses sont traitées individuellement comme “épouses” du Christ lors de leur « prise de voile ». Et certaines grandes mystiques chrétiennes font état dans leurs écrits du caractère charnel de leur relation avec le Christ.
p. 138
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La fusion du religieux et du politique
L'autorité absolue accordée aux instances spirituelles supérieures se répercute sur tout pouvoir politique qui se réclame d'elles pour établir sa légitimité. D'une manière générale, le politique et le religieux fusionnent dans les cultes publics qui leur sont rendus. Ce sont des cultes périodiques de caractère liturgique, perçus comme essentiels au maintien de l'ordre.
p. 136
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Dans le discours populaire, il est question d'accès au “paradis” en cas de bonne observance, de chute en “enfer” en cas de transgression. Les notions de paradis et d'enfer, situées dans le prolongement des principes de Bien et de Mal, ont comme eux un caractère absolu qui heurte les peuples chamanistes habitués à penser la vie et la mort en termes relationnels.
Le discours savant parle de “salut” ; le bouddhisme le présente sous le nom de libération du « cycle des renaissances ». L'appellation « religions de salut » longtemps utilisée pour parler des religions universalistes souligne que le sort posthume de l'âme doit être l'objectif essentiel de la pratique. Elle témoigne de leur soin à accaparer la gestion de la mort. L'Église bouddhique semble s'être particulièrement hâtée de s'approprier les rites funéraires partout où elle s'est implantée.
p. 134
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Facteurs idéologiques
La domestication du monde naturel
Toutes les religions universalistes vont de pair avec des modes de vie organisés et avec l'imposition d'un ordre humain au monde naturel. Toutes ont pris grand soin de marquer de leur sceau l'espace naturel (y installant monastères, temples, sanctuaires de type divers) et le temps (en établissant un calendrier et la tenue de fêtes religieuses à certaines dates).
Toutes ont relégué les figures spirituelles à composante animale des systèmes chamaniques au rang de diables, de monstres ou de démons, en les déclarant par principe à combattre et éliminer. Corrélativement, toutes ont interdit ou limité la pratique de la chasse, interdisant du même coup toute perspective de relation avec des figures spirituelles animales.
p. 133
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Le contraste est fort avec les systèmes chamaniques, caractérisés par les rivalités perpétuelles entre chamanes. La rivalité est tout autant inhérente à leur fonction que la solidarité l'est à celle des clercs appartenant à un même corps.
Des lieux de culte bien identifiés
Les religions universalistes ont également en commun d'avoir des lieux de culte bien identifiés où accueillir les fidèles. Et l'histoire montre que ces lieux de culte — églises, temples, monastères, mosquées, tombeaux et autres sanctuaires — ont été des éléments décisifs dans les processus d'urbanisation et de contrôle social et politique.
À cet égard aussi, le contraste est fort avec les systèmes chamaniques qui, d'une manière générale, privilégient les cadres naturels pour les grands rituels collectifs et les habitations des demandeurs pour les rituels privés.
La présence de ces facteurs institutionnels fait la force des religions universalistes, elle les aide à s'implanter, — leur absence fait celle des systèmes chamaniques — elle les rend insaisissables et difficiles à déraciner.
p. 132
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